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Les relations commerciales entre la Slovénie et le Canada : vers de nouveaux sommets avec l’AECG

Allocution présentée devant le Club des dirigeants d’entreprise de la Chambre de commerce américaine en Slovénie
Ljubljana, Slovénie
20 mars 2018

Stéphane Dion
Ambassadeur du Canada en Allemagne et
Envoyé spécial auprès de l’Union européenne et de l’Europe

Bonjour, good afternoon, Dober večer,

À titre d’envoyé spécial du premier ministre Justin Trudeau auprès de l’Union européenne et de l’Europe, et en présence de notre remarquable ambassadrice en Slovénie, Son Excellence Isabelle Poupart, j’expliquerai au cours des prochaines minutes pourquoi je suis si heureux de m’adresser au Club des dirigeants d’entreprise de la Chambre de commerce américaine. Je profiterai de l’occasion qui m’est offerte de souligner que la Slovénie et le Canada ont, grâce à l’AECG – l’accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne –, une occasion en or d’accroître leurs relations commerciales.

Mais regardons d’abord les chiffres. Notre bilan en matière de commerce bilatéral révèle une base solide, mais aussi des possibilités de croissance. Le commerce bilatéral de marchandises entre le Canada et la Slovénie a atteint environ 155 millions d’euros en 2017, soit une augmentation de près de 11 % par rapport à 2016. Selon Eurostat, les échanges bilatéraux de services entre la Slovénie et le Canada se sont élevés à 17,8 millions d’euros en 2016. La vente récente de deux bateaux de patrouille par l’entreprise Titan Boats de Sidney, en Colombie-Britannique, au ministère de l’Intérieur de la Slovénie, ainsi que la présence d’investisseurs canadiens en Slovénie comme Halcom, dans les TIC, et Magna Corporation, dans le secteur automobile, sont des exemples éloquents de nos liens profitables. Magna est en train de construire près de Maribor une usine de fabrication de peinture qui emploiera 400 Slovènes; il s’agit du plus important investissement canadien en Slovénie! Il y a également des investisseurs slovènes au Canada, comme la société Litostroj Power, une entreprise qui fabrique des turbines hydrauliques pour les centrales hydroélectriques et les stations de pompage. Cette société a son siège à Ljubljana, mais a des installations à Bromont, au Québec. Et il ne faudrait pas oublier que de nombreux Canadiens pratiquent leur sport d’hiver préféré sur des skis Elan fabriqués près de Bled.

Comme je l’ai dit, nos relations commerciales sont bonnes, mais encore modestes pour nos deux nations commerçantes. Il y a d’énormes possibilités d’amélioration et d’importantes occasions à saisir.

Et pour nous aider à cet égard, nous avons maintenant l’AECG, un accord commercial qui est entré en application provisoire le 21 septembre 2017. Il y a moins de sept mois, les droits de douane applicables aux mélanges préparés et en conserve de légumes exportés de la Slovénie vers le Canada pouvaient atteindre 14,5 %! Aujourd’hui, 98 % des droits tarifaires de l’UE et du Canada sont réduits à zéro.

L’AECG facilite également la tâche aux investisseurs qui souhaitent utiliser les services de professionnels de l’UE au Canada et de professionnels canadiens dans l’UE, y compris ici, en Slovénie. L’AECG établit un cadre facilitant l’établissement d’accords de reconnaissance mutuelle (ARM) des titres professionnels et fixe les conditions générales et les lignes directrices qui s’appliquent à la négociation d’accords pour chaque profession.

De même, grâce aux dispositions sur l’entrée temporaire de l’AECG, il est plus facile pour les professionnels hautement qualifiés et les gens d’affaires, comme les ingénieurs et les cadres supérieurs, de travailler dans les pays de l’UE et au Canada. Ces dispositions élargissent les règles d’accès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en établissant un cadre qui facilite les déplacements temporaires ou la réinstallation de certaines catégories de gens d’affaires, y compris ceux qui effectuent un court séjour, les investisseurs, les personnes mutées à l’intérieur d’une entreprise, les professionnels et les technologues. Comme vous pouvez le constater, le Canada et l’UE se sont engagés, dans le cadre de l’AECG, à mettre en œuvre une série de mesures visant à faciliter les déplacements transfrontaliers de nos gens d’affaires.

Enfin, vous pourriez être intéressés par l’accès accru au marché d’approvisionnement public du Canada, lequel était estimé en 2015 à 116,7 milliards d’euros, en particulier aux niveaux sous-fédéraux. Les engagements que le Canada a pris relativement aux marchés publics dans le cadre de l’AECG sont les plus ambitieux que l’UE a jamais obtenus d’un partenaire commercial.

L’AECG est un outil qui permet de créer des emplois, de renforcer les relations économiques et de promouvoir de nouvelles possibilités économiques pour les entreprises canadiennes et slovènes. Il est dans l’intérêt de nos deux pays que cet accord soit ratifié par tous les membres de l’UE, y compris la Slovénie.

Le Canada souhaite particulièrement saisir l’occasion qu’offre l’AECG de nouer des relations commerciales mutuellement fructueuses avec la Slovénie. Votre économie n’a pas la taille de celle de l’Allemagne ou de la France, mais elle est développée, ouverte et axée sur l’exportation, en plus de faire partie de la zone euro et de l’OCDE. Votre économie a été durement touchée il y a quelques années par la crise de la zone euro, mais elle est en train de se redresser et de croître.

Le Canada a pris connaissance d’un récent rapport sur la situation dans le pays dans lequel la Commission européenne « félicite la Slovénie pour son économie plus forte et plus stable. 1 ». La Commission européenne souligne que la Slovénie s’efforce d’établir une trajectoire de croissance équilibrée, que son marché du travail et son secteur bancaire se renforcent, et que sa dette publique diminue. « L’inégalité des revenus a continué à diminuer et demeure parmi les plus faibles de l’UE. » Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire. Rien ne devrait être tenu pour acquis, et la Commission européenne met en garde contre les importants problèmes à long terme liés au vieillissement rapide de la population, puisque la Slovénie est l’un des pays d’Europe les plus touchés par cette problématique qui aura notamment une incidence sur la main-d’œuvre, en plus d’exercer des pressions financières sur les régimes publics de pension et de soins de santé.

Les effets négatifs des changements climatiques sur votre magnifique environnement naturel constituent un autre fardeau pour l’économie slovène. Selon l’Agence slovène de l’environnement, la température de l’air en Slovénie a augmenté de 2 °C au cours des 50 dernières années, provoquant davantage de vagues de chaleur et de fortes pluies. 2.

Mais ces défis sont mondiaux : le Canada a aussi une population vieillissante, et son environnement naturel et son économie sont également touchés par les changements climatiques. Il faut travailler ensemble pour faire face à ces défis. Le commerce ouvert et progressiste fait partie des outils essentiels dont disposent nos deux pays. Au-delà des relations commerciales, l’AECG et son pendant politique, le nouvel Accord de partenariat stratégique entre l’UE et le Canada, offrent l’occasion de développer nos liens sociaux, culturels et scientifiques afin d’apprendre les uns des autres, de partager nos meilleures pratiques et technologies visant à améliorer nos systèmes de santé, d’accroître notre capacité à répondre aux besoins sociaux de nos populations vieillissantes – ce qui comprend l’adoption de politiques d’immigration qui feront partie de la solution –, de protéger notre environnement et de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

La libéralisation du commerce peut faciliter l’exportation de technologies environnementales, ainsi que l’échange de services et d’expertise visant à réduire les gaz à effet de serre. L’AECG comporte un chapitre sur le commerce et l’environnement ainsi qu’un chapitre sur le commerce et le développement durable, lesquels prévoient des engagements à maintenir des niveaux élevés de protection de l’environnement et contiennent des dispositions visant à garantir que les lois environnementales nationales sont effectivement appliquées et ne sont pas affaiblies pour favoriser le commerce et l’investissement.

L’AECG est plus qu’un outil de croissance économique. Il s’agit également d’une occasion de montrer à nos populations et au monde entier que le commerce et le progrès sociétal peuvent aller de pair, qu’il n’est pas nécessaire de choisir entre les deux. Il s’agit d’une manière de consolider notre capacité à diffuser les pratiques exemplaires en ce qui a trait à la justice sociale, à la durabilité de l’environnement, aux droits du travail, à la salubrité des aliments, etc. Nous qui nous trouvons dans cette salle savons que le fait de céder aux sentiments protectionnistes constituerait une grave erreur. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre les avantages associés à un commerce ouvert et fondé sur des règles – et à la capacité de s’approvisionner en biens et services produits efficacement dans le monde entier, y compris en Slovénie et au Canada. Ces processus renforcent la concurrence, élargissent l’utilisation de nouvelles technologies utiles et stimulent la productivité, ce qui peut améliorer les choix des consommateurs et accroître notre richesse collective.

Tous les grands problèmes auxquels nous devons faire face sont d’envergure mondiale : la dégradation de l’environnement, la pression exercée sur les réserves d’eau douce, les changements climatiques induits par l’homme, les flux migratoires – la résolution de ces problèmes passe par une forte coopération mondiale, et le commerce joue un rôle crucial dans cette coopération. Nous ne devons pas entraver la circulation de plus en plus rapide des idées et des communications.

Je suis convaincu que dans 20 ou 30 ans, les pays qui auront le mieux réussi à subvenir aux besoins de leurs citoyens ne seront pas ceux qui se sont repliés sur eux‑mêmes, fermant leurs portes au commerce international. Les pays qui auront le mieux réussi seront ceux qui auront appris à négocier et à mettre en œuvre des accords bilatéraux ou multinationaux mûrement réfléchis qui combinent commerce ouvert et progrès social.

Il y a une autre raison pour laquelle le Canada veut développer ses liens économiques, sociaux et scientifiques avec la Slovénie : vous êtes une démocratie. Votre système politique assure la stabilité économique et la sécurité des investissements étrangers, mais garantit surtout des valeurs et des objectifs communs, ce qui est fort apprécié à une époque où l’ordre mondial et les démocraties libérales sont en proie à des difficultés.

Nous traversons une période difficile à l’échelle mondiale. Les démocraties sont confrontées à une vague d’autoritarisme, de populisme, d’isolationnisme et de xénophobie. La démocratie, les droits de la personne, la liberté, la justice, l’égalité des sexes, la durabilité de l’environnement et le commerce progressiste sont les valeurs et les objectifs universels que nos deux nations partagent et embrassent. Veillons donc à ce que la Slovénie et le Canada travaillent ensemble afin de renforcer leurs relations économiques, culturelles et scientifiques pour progresser, pas à pas et côte à côte, vers la démocratie et la prospérité pour tous.


Notes de bas de page

1 Document de travail des services de la Commission : Rapport 2018 pour la Slovénie comprenant un bilan approfondi des mesures de prévention et de correction des déséquilibres macroéconomiques, Commission européenne, 7 mars 2018, https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/2018-european-semester-country-report-slovenia-en.pdf (en anglais seulement).

2 Total Slovenia News, Slovenia’s Changing Climate: Warmer, with More Heatwaves [Évolution du climat en Slovénie : augmentation de la température et de la fréquence des vagues de chaleur], 5 mars 2018, http://www.total-slovenia-news.com/news/777-slovenia-s-changing-climate-warmer-with-more-heatwaves (en anglais seulement).

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