Impact économique de l’éducation internationale au Canada – Mise à jour 2017

2. Sources de données et méthodes

Les méthodes retenues par RKA pour étudier l’impact économique du secteur de l’éducation internationale au Canada incluaient des recherches secondaires approfondies (recension documentaire, collecte des données et informations statistiques existantes) et des consultations auprès de représentants provinciaux et territoriaux du secteur de l’éducation et auprès de représentants d’organisations qui sont vouées à la promotion de l’éducation internationale et qui en analysent les tendances, à l’échelle nationale ou provinciale.

Dans la présente section, nous décrivons les différentes sources de données disponibles, celles que nous avons utilisées aux fins du projet et toutes limites caractérisant les ensembles de données. Nous allons également mettre en relief les différences qui opposent les sources de données et méthodes qui ont servi à obtenir nos estimations et celles qui ont été adoptées par Statistique Canada dans ses estimations des échanges du Canada dans le secteur des services de voyages personnels liés à l’éducation.

Sources de données

Inscription

L’un des principaux objectifs de l’étude consiste à déterminer les impacts économiques globaux des dépenses des étudiants internationaux, ce qui exige de connaître le nombre d’étudiants internationaux dans chaque province et territoire, et à chaque niveau d’étude — étudiants des établissements publics et privés, de la maternelle à la 12e année, du niveau collégial ainsi que ceux du premier cycle universitaire et des cycles universitaires supérieurs. Il faut aussi déterminer le nombre d’étudiants internationaux inscrits dans des programmes de formation professionnelle et de formation linguistique.

Nous n’avons pas trouvé d’ensemble de données complet répondant à notre définition d’étudiant international ni de données portant sur tous les étudiants. Dans son Système d’information sur les étudiants postsecondaires, Statistique Canada compile des données sur les inscriptions d’étudiants internationaux aux niveaux collégial et universitaire (y compris une ventilation pour le premier cycle universitaire et pour les cycles supérieurs), par champ d’études ou niveau de programme. Toutefois, les collèges et les universités qui sont couverts par l’enquête de Statistique Canada sont essentiellement tous dans le système public, de sorte que les données n’ont pas permis de dégager d’information sur les étudiants internationaux qui étudient dans le système d’études postsecondaires privé.

Quant au nombre d’étudiants internationaux dans le système d’enseignement de la maternelle à la 12e année, aucune donnée n’est aisément accessible auprès de Statistique Canada au niveau des provinces et des territoires, ou des ministères de l’Éducation à l’échelle provinciale ou territoriale.

Comme il est décrit dans l’introduction, lorsqu’aucune donnée tangible sur les étudiants internationaux n’était disponible, la solution de rechange a été d’utiliser les données sur les étudiants internationaux pouvant être obtenues auprès d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Étant donné que les étudiants étrangers qui souhaitent suivre des études ou une formation au Canada durant plus de six mois doivent préalablement obtenir un permis d’études, les données d’IRCC nous permettent de déterminer le nombre de titulaires de permis d’études dans chacune des provinces et dans chacun des territoires, à un moment donné.

IRCC définit les étudiants étrangers de la façon suivante :

« Résidents temporaires entrés au Canada principalement afin d’y étudier et ayant obtenu un permis d’études (avec ou non d’autres types de permis). Le permis d’études est le document officiel délivré par un agent et qui autorise une personne qui n’est pas citoyen canadien ou résident permanent d’étudier au Canada. En général, la personne inscrite à un programme d’études d’une durée égale ou inférieure à six mois n’a pas besoin de permis d’études. À des fins statistiques, un résident temporaire est considéré comme un étudiant étranger s’il est jugé tel selon notre appréciation de son « statut annuel » (c’est-à-dire la principale raison pour laquelle il a été autorisé à entrer au pays et à y séjourner temporairement pendant l’année d’observation). Sont exclus du groupe des étudiants étrangers les résidents temporaires dont la venue au Canada s’explique principalement par des motifs autres que les études, mais qui pourraient avoir aussi obtenu un permis d’études. »

Les étudiants étrangers sont répartis en trois niveaux d’études généraux.

  1. Niveau secondaire ou inférieur – école secondaire et école primaire
  2. Niveau postsecondaire – subdivisé de la façon suivante :
    • cégep
    • études collégiales
    • études universitaires
    • autres
  3. Autres études

Les données d’IRCC nous permettent donc d’utiliser le nombre de titulaires de permis d’études comme valeur de substitution du nombre d’étudiants internationaux à un moment donné au cours d’une année. Elles permettent également d’établir une distinction entre les niveaux d’études généraux. Pour ces raisons, les données d’IRCC ont servi de fondement à nos analyses.

L’une des limites rattachées à l’utilisation de l’ensemble de données d’IRCC pour représenter le nombre d’étudiants internationaux est que le nombre réel de titulaires de permis inscrits dans un établissement canadien peut être inférieur au nombre de permis délivrés, car il est possible que certains titulaires de permis ne soient pas inscrits à un programme d’enseignement ou aient été incapables de le faire. Une autre limite associée à l’utilisation de ces données tient au fait que le terme « étudiant étranger » est défini selon la citoyenneté, et donc qu’il inclut également les titulaires de permis qui sont les enfants ou conjoints des étudiants inscrits et qui ne sont pas considérés comme des étudiants internationaux qui paient des frais d’étude aux fins de notre analyse [5].

Enfin, une autre source importante d’étudiants internationaux non couverte entièrement par les données d’IRCC est celle des étudiants qui viennent étudier au Canada pour moins de six mois, et qui ne sont donc pas tenus d’obtenir un permis d’études pour entrer au pays. Nous avons communiqué avec les organisations dont les membres offrent au public de la formation professionnelle de courte durée. Il convient toutefois de mentionner que seule l’organisation Langues Canada compile des données complètes utiles pour nos besoins.

Langues Canada est la principale organisation du secteur langagier du Canada représentant les deux langues officielles (français et anglais). L’adhésion est réservée aux écoles qui respectent les normes rigoureuses de l’association et qui s’engagent à s’y conformer. Actuellement, il y a plus de 165 programmes membres à l’échelle du pays, y compris des universités, des collèges et des établissements privés. Il s’agit d’une association sectorielle sans but lucratif. L’assurance de la qualité constitue un élément essentiel de Langues Canada et tous les établissements membres doivent être accrédités en vertu d’un programme complet et reconnus à l’échelle internationale.

Dans le reste du rapport, nous définissons les étudiants internationaux comme étant les étudiants faisant partie de ces deux ensembles de données auxquels nous avions accès, et auxquels nous avons apporté des modifications. Les étudiants en séjour d’études de longue durée sont les étudiants couverts par les données d’IRCC, alors que les étudiants en séjour d’études de courte durée sont les étudiants qui suivent des programmes de formation linguistique d’une durée inférieure à six mois dans les établissements membres de Langues Canada.

L’annexe 1 fournit des détails sur les modifications apportées aux données d’IRCC et aux données de Langues Canada.

Dépenses des étudiants

Pour les étudiants de chaque niveau d’études, nous avons estimé les dépenses dans les catégories suivantes :

  • Frais de scolarité
  • Frais supplémentaires obligatoires
  • Livres et autres matériels/outils d’études
  • Frais de subsistance
  • Frais de transport
  • Dépenses discrétionnaires

Afin de calculer les retombées économiques nettes rattachées aux étudiants internationaux dans le pays d’accueil, nous avons tenu compte de toutes les aides financières versées aux étudiants internationaux par les différents ordres de gouvernement canadien ainsi que par les universités ou autres établissements.

De nouveau, l’annexe 1 présente la description détaillée de ces modifications.

Activités « touristiques » des membres de la famille et des amis en visite

La littérature existante sur l’éducation internationale cerne un autre domaine d’activité universitaire qui concerne le rôle important que peuvent jouer les établissements pour attirer des visiteurs dans le pays d’accueil [6].

Dans la présente étude, nous estimons le nombre de membres de la famille et d’amis des étudiants internationaux qui visitent le Canada, en nous fondant sur les hypothèses retenues dans l’étude australienne de 2013 réalisée par l’ACPET concernant les retombées économiques générées par les étudiants internationaux dans le pays d’accueil.

Cadre d’analyse

Afin de mesurer l’impact global des dépenses totales des étudiants internationaux sur l’économie canadienne, les dépenses des étudiants internationaux ainsi que des membres de leur famille et de leurs amis sont appliquées aux simulations du modèle interprovincial des entrées–sorties [7]. Le modèle fournit une estimation de l’effet global sur la production, sur le produit intérieur brut (PIB) et sur l’emploi dans chaque économie provinciale et territoriale.

Une courte description du modèle des entrées-sorties est présentée ici.

Une structure des entrées–sorties de l’économie

Lorsqu’une personne dépense pour se procurer un produit (biens ou services), le montant de cette dépense crée une exigence directe pour la production de ce produit. Toutefois l’impact économique ne s’arrête pas là. La production accrue de ce produit entraîne une production accrue de tous les biens et services intermédiaires qui sont utilisés pour produire le produit, et la production accrue générera, réciproquement, une plus grande demande d’autres produits et services utilisés pour produire ces produits intermédiaires. Les travailleurs sont donc à même de toucher des salaires supérieurs à mesure que la demande augmente, et ils décident parfois de dépenser une partie de leurs gains supplémentaires pour se procurer plus de biens et de services.

Ainsi, la demande initiale d’un produit crée un effet d’entraînement descendant dans le processus de production.

L’analyse d’impact économique vise à étudier les interrelations entre les industries afin de déterminer comment un changement dans une demande initiale de biens ou de services contribue à des changements dans les niveaux de production et d’activités économiques globales d’autres industries au sein d’une région.

Le modèle des entrées–sorties est fondé sur la structure des entrées–sorties de l’économie canadienne [8]; il s’agit essentiellement d’un ensemble de tableaux décrivant l’afflux de biens et de services entre les divers secteurs de l’économie. Ce type de modèle est utile pour déterminer quelle proportion d’une production supplémentaire est générée par un changement dans la demande d’un ou de plusieurs produits, ou par un changement dans la production d’une industrie.

Outre les dépenses directes, les modèles des entrées-sorties peuvent servir à analyser les retombées supplémentaires pour l’économie. Ils couvrent notamment les entreprises qui fournissent des biens et des services aux entités bénéficiaires des dépenses directes. Par ailleurs, compte tenu du revenu accru des ménages à l’échelle locale, on peut observer d’autres augmentations des dépenses globales. Cette dernière variable est considérée comme un effet dérivé (ou induit), lequel est parfois reflété dans les études d’impact économique.

Actuellement, Statistique Canada utilise le modèle interprovincial des entrées-sorties de 2010 pour estimer l’impact économique, et les résultats sont utilisés à des fins d’analyse comparative. Il convient de mentionner que les estimations relatives à l’impact sur l’emploi dégagées au moyen de ce modèle sont fondées sur la rémunération totale par emploi en 2010 [9]. Ainsi, il a fallu rajuster le montant des dépenses nettes des étudiants engagées en 2015 et en 2016 pour les exprimer en dollars de 2010 et ainsi obtenir une estimation plus précise de l’effet sur l’emploi.


[5] En raison d’un manque de données, les modifications apportées ne tiennent pas entièrement compte de certains étudiants qui ne paient pas de frais. Par exemple, aucune modification n’a été apportée dans les cas où le Québec a conclu un accord relatif aux étudiants internationaux de citoyenneté française (au Québec, un étudiant international peut même payer les droits de scolarité nationaux s’il étudie la langue française, la littérature, la culture, entre autres, au niveau du premier cycle), ou aux étudiants qui participent à des programmes d’échange dans toutes les provinces (ceux-ci ne paient pas les frais exigés aux étudiants internationaux, étant donné qu’ils paient les droits de scolarité à leur établissement d’attache, dans leur propre pays).

[6] Certaines études incluent non seulement les visiteurs à des fins touristiques, comme les membres de la famille et les amis des étudiants internationaux qui visitent le pays d’accueil, mais aussi les visiteurs professionnels du milieu universitaire international prenant part à des congrès internationaux.

[7] Statistique Canada, no 15F0009X au catalogue – Simulation de modèles des entrées–sorties (Modèle interprovincial).

[8] Statistique Canada, no 15F0042X au catalogue – Tableaux des entrées–sorties provinciales.

[9] Les données proviennent du tableau CANSIM 383-0030 – statistiques du travail par industrie du secteur des entreprises et par activité non commerciale conformes aux comptes des industries, provinces et territoires.