Transcription – Épisode 37 : Entretien avec la sous-ministre des Affaires étrangères Marta Morgan

Bienvenue aux Dossiers d’AMC, un balado sur les gens, les enjeux et les idées qui animent Affaires mondiales Canada.

Voici votre animateur, John Hannaford, sous-ministre du Commerce international d’Affaires mondiales Canada.

Marta Morgan : Allô?

John Hannaford : Bonjour Marta, c’est John. Comment allez-vous?

Marta Morgan : Je vais bien, merci. Et vous, John?

John Hannaford : Je vais bien. Je vais bien. C’est donc, je pense, notre deuxième balado ensemble, mais celui-ci arrive à un moment un peu différent. Je parle avec Marta Morgan, qui est de retour parmi nous après être passée par une période d’auto-isolement en raison du virus de la COVID. Marta, c’est une bonne occasion d’avoir de vos nouvelles et d’en savoir plus sur l’expérience que vous avez vécue, ainsi que d’entendre vos réflexions alors que vous revenez dans le système. Donc, comment allez-vous?

Marta Morgan : Je m’en sors très bien. Merci, John. Et ça fait vraiment du bien d’être de l’autre côté de la COVID. Je dois dire que ce fut une expérience très étrange d’avoir été d’abord pleinement préoccupée par la réponse du Ministère et du gouvernement sur la COVID depuis la mi-janvier, pour ensuite me retrouver personnellement touchée par le virus. C’était, je dois l’admettre, un peu surréaliste. Mais je me sens bien maintenant et, vous savez, je comprends vraiment tous ceux qui vivent cette situation. Ce n’est pas simple. Pas seulement à cause de l’aspect physique, qui est évidemment différent pour chacun, mais aussi à cause de l’aspect logistique de la gestion d’une maladie aussi contagieuse à la maison. Et puis, il y a l’aspect psychologique de faire partie d’une pandémie et de lire tous les jours des histoires sur la façon dont elle affecte tout le monde, les individus, la ville et la société, et de faire partie intégrante de cette pandémie. C’est un peu étrange, je dois dire.

John Hannaford : Oui, je peux le croire. Et bien, il est évident que votre présence à la table de la direction nous a beaucoup manqué, du moins virtuellement puisque l’équipe se réunit par téléphone depuis un certain temps. Mais je peux imaginer que, vous savez, c’est une expérience d’isolement, même si c’est en même temps une sorte d’expérience mondiale. Cela a aussi été pour vous une occasion de réfléchir un peu, j’en suis sûr, quand vous ne lisiez pas sur le virus. Que retirez-vous de cette expérience? Quelle gratitude ressentez-vous? Ou avez-vous des réflexions sur l’expérience que vous avez vécue?

Marta Morgan : Et bien, vous savez, je suis vraiment très reconnaissante de m’être sortie de cette situation. Je veux dire, reconnaître la chance que j’ai eue, et la chance que ma famille a d’avoir, vous savez, une maison où nous pouvons assez facilement nous isoler et de ne pas avoir à nous soucier de notre prochain chèque de paie comme tant de gens au Canada doivent le faire en ce moment. Mais il y a aussi le soutien incroyable que j’ai reçu et que ma famille a reçu. Vous savez, le Ministère a été incroyable. J’ai été bien appuyée. Je savais que le Ministère était entre de bonnes mains, John, avec toi, Chris, Leslie et tous ceux qui travaillaient si fort. J’ai reçu beaucoup de vœux de rétablissement et même si, vous savez, je savais que les gens me les envoyaient, ils essayaient de ne pas me déranger non plus. Mais je le sentais, je sentais ce que les gens voulaient dire. Et, vous savez, vous devez vraiment dépendre, quand quelque chose comme ça arrive, de votre famille et de vos amis; vous appréciez vraiment cela. Mon frère a fait toutes mes courses pour moi pendant presque 3 semaines, et mes amis m’ont apporté de la nourriture. Tout le monde m’a contacté pour me demander ce dont j’avais besoin, vous comprenez? Et en fait, c’est vraiment de ça que j’avais besoin. Alors certains ont pris les devants et ont apporté des repas. À un moment donné, j’avais tellement de soupe dans le frigo que je pouvais à peine fermer la porte!

John Hannaford : (rires)

Marta Morgan : C’est vrai. C’était comme ça. Je disais : plus de soupe, les amis, d’accord? J’ai besoin de protéines. Donc, vous savez, les gens ont été incroyables. Vous savez, ce que j’essaie toujours de garder à l’esprit dans ce genre de situation, c’est que les gens veulent aider. Les gens veulent aider les gens qui ont besoin d’aide. Et donc, la seule chose que je dirais à chacun, si vous vous trouvez dans cette situation, c’est de ne pas hésiter à demander de l’aide. Demandez à vos amis. Demandez à votre famille. Demandez à vos collègues. Ils veulent tous se rendre utiles. Ils veulent juste que vous leur disiez comment. Et je suis vraiment reconnaissante pour toute l’aide et tout le soutien que nous avons reçus. Et je suis également très compatissante envers ceux qui luttent contre ce virus dans l’ensemble du pays et dans le monde entier. Ce n’est pas une chose facile à vivre. Je pense donc que nous devons chercher des occasions de nous entraider.

John Hannaford : Tout à fait vrai. Quelles sont vos autres réflexions concernant notre organisation, notre communauté, comme Ministère?

Marta Morgan : Bien, il faut dire que j’ai été très impressionnée par le Ministère et notre réponse à cette pandémie. Ça vaut la peine de rappeler que la chose la plus importante, à mon avis, c’est le bien-être de nos employés et membres des familles, des amis, des collègues.

John Hannaford : Absolument.

Marta Morgan : Ça doit être notre priorité comme organisation. Nous sommes tous humains, n’est-ce pas? Et nous vivons cette pandémie comme des personnes, et nous sommes tous dans une situation différente, à laquelle nous devons faire face. Et donc, vous savez, je pense que la première chose à faire pour l’organisation, c’est que nous devons prendre soin les uns des autres. C’est ce qui montrera que nous sommes une organisation formidable, et je crois que nous le sommes. L’autre chose, c’est ce que nous avons fait. Non, désolée, un dernier mot sur le bien-être : nous devons tous déterminer ce dont nous avons besoin pour notre propre bien-être, qu’il s’agisse de prendre soin de nos amis, de notre famille, de nos enfants ou de nos parents. Vous savez, prendre du temps pour sortir, pour bien manger, vous savez, pour faire tout ce que vous avez besoin de faire. Si vous avez besoin d’aide par le biais du programme d’aide aux employés… J’encourage simplement tout le monde à essayer de faire quelque chose chaque jour pour se sentir mieux et pour essayer de se maintenir en bonne santé, tant physiquement que mentalement. Et, vous savez, parlez avec votre patron et avec vos collègues de ce dont vous avez besoin. Je pense qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous devons mettre ça sur la table. Vous savez, c’est un peu comme vous et moi, John, il y a environ 6 semaines maintenant. Vous vous souvenez, vous et moi et Leslie et Chris nous nous sommes assis, et nous nous sommes dit : « D’accord, n’importe qui ici pourrait tomber malade, comment allons-nous nous organiser si ça arrivait? » Et nous avions des plans d’urgence pour que tout se passe bien, quand je suis tombée malade. Vous étiez là et vous étiez à mes côtés, heureusement, pas littéralement. Vous savez, nous avions parlé de tout pendant des semaines. Vous saviez donc ce qui se passait. Et je pense que chacun, sur son lieu de travail, doit le faire et être franc à ce sujet. Et, vous savez, c’est en quelque sorte une bonne occasion, vraiment, de bâtir une culture où nous sommes ouverts et francs à propos de ce genre de dynamique domicile-travail, de ce dont nous avons besoin pour réussir au travail et de ce dont nous avons besoin pour être un appui à la maison – et je pense, honnêtement, que plus nous serons transparents à ce sujet et plus nous en parlerons, mieux nous nous porterons. L’autre chose, c’est – oh, allez-y!

John Hannaford : Non, non, j’allais dire que je suis d’accord avec vous, mais j’attendrai que vous finissiez.

Marta Morgan : L’autre chose que je voudrais ajouter, sur le plan du travail, c’est que j’ai vraiment été impressionnée par le Ministère et sa façon de se reprendre dans une telle situation. Nous étions vraiment, au début, à la fine pointe de la réponse du gouvernement dans cette crise, et c’était un défi après un autre – toutes des situations nouvelles auxquelles on n’avait pas fait face auparavant. Et je viens d’être très impressionnée par l’esprit d’équipe qui règne au Ministère. Vous savez, les employés qui se portent volontaires pour apprendre de nouvelles règles pour aider les services consulaires ou pour se joindre au Centre d’intervention d’urgence; les employés dans les missions du monde entier, qui travaillent avec nous ici à l’administration centrale pour gérer toute la logistique du retour des personnes au pays. En fait, plus de 20 000 Canadiens ont été rapatriés jusqu’à présent à l’aide de près de 160 vols en provenance de 75 pays répartis dans le monde entier. Et je dois vous dire que quand nous avons commencé, nous étions, vous savez, en train de faire des calculs sur le dos d’une enveloppe en nous disant, et bien, qu’en pensez-vous : 10, 12 vols?

John Hannaford : (rires). Je pense que vous avez tout à fait raison. Vous savez, j’ai pensé, pendant que nous traversions cette épreuve, que ce n’est sûrement pas ce que nous avions espéré, pour nous-mêmes. Mais ce sont des occasions d’apprentissage, et vous pouvez voir comment l’organisation s’est incroyablement bien adaptée à un ensemble de circonstances vraiment éprouvantes, comment elle a appris et, en quelque sorte, intériorisé et s’est ajustée là où il le fallait. Et nous avons été capables de redéployer des personnes pour qu’elles s’occupent de priorités plus élevées quand il l’a fallu. Ça en dit beaucoup sur l’organisation. Sans parler de la dimension humaine. Et, vous savez, peut-être pour revenir à notre point de départ, quand vous êtes tombée malade, je peux vous dire que l’avalanche de vœux était authentique. Et beaucoup de gens étaient très, très préoccupés par votre état de santé tout au long de ce processus. Maintenant, nous sommes vraiment ravis que vous soyez pleinement de retour parmi nous. Mais c’est une communauté, et c’est une chose pour laquelle nous devrions vraiment être reconnaissants.

Marta Morgan : Oui, j’ai vraiment ressenti ça, John. Et vous savez, l’autre chose qui, je pense, fait partie de notre réalité, qui rend Affaires mondiales unique, c’est que notre communauté s’étend dans le monde entier. Et donc, l’autre chose que j’ai vue, c’est que nous avons des gens partout dans le monde. Nous sommes ici à Ottawa, nous sommes dans toutes les provinces, nous sommes dans tous les pays. Et tout le monde vit une situation un peu différente des autres, et il y a beaucoup de défis. Mais il y a beaucoup de jugement qu’on doit exercer dans les missions et dans les bureaux régionaux au Canada. Et donc, vous savez, une des choses qui, selon moi, ont été bien faites, c’est d’avoir essayé d’équiper les gens dans cette organisation dispersée pour qu’ils puissent prendre de bonnes décisions et avoir les outils dont ils ont besoin, que ce soit du côté des RH ou du côté de la TI, car nous avons changé notre façon de travailler. Mais pouvoir en quelque sorte porter des jugements et prendre des décisions de manière répartie – simplement parce que ça nous est tombé dessus rapidement, et que ça varie d’un endroit à l’autre, et que nous avons tous dû examiner la question et en discuter dans nos propres équipes de direction, et vous savez, nous demander quelles décisions il fallait prendre qui fassent du sens ici et qui soient applicables partout? Et, vous savez, comment allons-nous nous débrouiller dans tout ça? Mais je pense que ça a été, jusqu’à présent, un effort assez impressionnant et j’espère que nous pourrons continuer à soutenir tous nos employés dans l’ensemble de l’organisation tout au long de cette situation, parce que nous ne sommes pas encore au bout du tunnel.

John Hannaford : Non, c’est vrai. Mais c’était très agréable d’avoir la chance de vous parler aujourd’hui. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de venir ici. Et c’est fantastique de vous avoir de nouveau parmi nous.

Marta Morgan : C’est toujours amusant, John. Merci beaucoup pour tous ces balados que vous faites.

John Hannaford : (rires) Parfait. On se reparle bientôt.

Marta Morgan : D’accord. Au revoir!

John Hannaford : Prenez soin de vous.

Merci d’avoir écouté ce balado. Nous espérons que vous vous joindrez à nous pour les épisodes futurs des Dossiers d’AMC, un balado sur les gens, les enjeux et les idées qui animent Affaires mondiales Canada. N’oubliez pas de vous joindre à la conversation en ligne en utilisant le mot-clic #DossiersAMC.

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