Déclaration sur la visite diplomatique dans le nord de l’état de Rakhine le 2 octobre 2017

Le 2 octobre 2017 - Yangon, Myanmar

Sur invitation du gouvernement du Myanmar, nous avons visité le Nord de l’État de Rakhine aujourd’hui. Nous nous sommes rendus dans plusieurs villages dans les districts de Maungdaw et de Rathedaung et nous avons rencontré diverses collectivités locales.

Cette initiative du gouvernement du Myanmar nous a permis de montrer notre soutien envers les nombreuses personnes de toutes les collectivités dans le Nord de l’État de Rakhine qui ont souffert et qui ressentent encore une grande insécurité.

Nous condamnons, une fois de plus, les attaques perpétrées par l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan, le 25 août, et nous réitérons notre profonde préoccupation à l’égard de la violence et des déplacements massifs survenus depuis ces attaques. Cette visite ne constituait pas une mission d’enquête et n’aurait pas pu l’être dans les circonstances. L’enquête sur les allégations de violations des droits de la personne doit être menée par des experts. Nous voyons d’un bon œil l’engagement de la Conseillère spéciale à se pencher sur les violations des droits de la personne conformément à des normes strictes de justice et nous exhortons, une fois de plus, les autorités du Myanmar à mener une enquête exhaustive sur les allégations de violations des droits de la personne et à entamer des poursuites contre les responsables. Nous les pressons également de permettre à la Mission d’enquête des Nations Unies de visiter l’État de Rakhine.

Nous avons vu des villages réduits en cendres et vidés de leurs habitants. La violence doit cesser. Les forces de sécurité ont l’obligation de protéger tous les habitants de l’État de Rakhine, et ce, sans discrimination, et de prendre des mesures pour empêcher les incendies criminels. Nous saluons la déclaration de la Conseillère d’État qui indiquait qu’on avait demandé aux forces de sécurité de respecter scrupuleusement un code de conduite, de faire preuve de retenue et de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de causer des dommages collatéraux et d’infliger des souffrances aux civils innocents. Nous encourageons le gouvernement du Myanmar à agir rapidement pour permettre aux centaines de milliers de réfugiés qui ont fui vers le Bangladesh de retourner dans leurs lieux d’origine de manière volontaire, dans la dignité et en toute sécurité.

Nous avons constaté, durant notre visite, le besoin humanitaire urgent. Nous réclamons, une fois de plus, l’accès humanitaire sans entrave dans le Nord de l’État de Rakhine et le rétablissement des services vitaux sans discrimination dans l’ensemble de l’État. Nous nous réjouissons de l’accès déjà accordé aux médias, mais nous demandons, encore une fois, que les journalistes aient un accès complet et sans entrave à toutes les parties de l’État de Rakhine.

Nous avons insisté auprès du gouvernement d’État et d’Union et des autorités locales dans l’État de Rakhine sur le fait que les personnes que nous avons vues durant cette visite ne doivent pas être victimes de représailles, telles des attaques physiques ou des arrestations arbitraires, et qu’elles doivent être protégées contre de tels actes.

En tant qu’amis du Myanmar, nous demeurons prêts à travailler avec le gouvernement du Myanmar pour aider l’État de Rakhine à réaliser son potentiel. La Commission consultative sur l’État de Rakhine a formulé des recommandations visant à assurer un avenir stable, pacifique et prospère à toutes les collectivités au sein de l’État, sans égard à leur origine ethnique, à leur religion ou à leur statut de citoyenneté. Nous appuyons la mise en œuvre complète du rapport.

Nous espérons sincèrement que notre visite n’est qu’une première étape vers l’ouverture pressante de l’accès pour tous, y compris aux médias, à toutes les parties du Nord de l’État de Rakhine.

La présente déclaration est faite par les diplomates suivants au Myanmar qui ont tous pris part à une visite gouvernementale organisée dans le Nord de l’État de Rakhine, le 2 octobre 2017 :

Ambassadeur Nicholas Coppel, Australie;
Ambassadrice Karen MacArthur, Canada;
Ambassadeur Jaroslav Doleček, République tchèque;
Ambassadeur Peter Lysholt Hansen, Danemark;
Ambassadeur Olivier Richard, France;
Ambassadeur Ito Sumardi, Indonésie;
Ambassadeur Giorgio Aliberti, Italie;
Ambassadeur Wouters Jurgens, Pays-Bas;
Ambassadeur Steve Marchall, Nouvelle-Zélande;
Ambassadrice Tone Tinnes, Norvège;
Ambassadeur Miodrag Nikolin, Serbie;
Ambassadeur Paul Seger, Suisse;
Ambassadeur Kerem Divanlioglu, Turquie;
Ambassadeur Scot Marciel, États-Unis;
Ambassadeur désigné Kristian Schmidt, Union européenne;
Ambassadrice désignée Dorothee Janetzke-Wenzel, Allemagne;
M. Bibian Zamora Giménez, chargée d’affaires a.i., Espagne;
M. Johan Hallenborg, chef du bureau de la section suédoise;
M. David Hall, chef de mission adjoint, Royaume-Uni;
Mme Silja Rajander, chef de mission adjointe, Finlande.