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Déclaration nationale du Canada, Conseil de sécurité des Nations Unies visioconférence publique sur Opérations de paix et les droits humains

7 juillet 2020

Madame la Présidente,

Je remercie la Mission permanente de l’Allemagne d’avoir organisé aujourd’hui ce débat public de haut niveau sur les opérations de paix et les droits de la personne. Le Canada se réjouit de cette importante discussion sur le rôle central des droits de la personne dans les opérations de paix. Il s’avère impossible de mettre fin à un conflit et d’établir les conditions d’une paix durable et inclusive si nous ne mettons pas au cœur de nos efforts les droits, la dignité et les libertés des personnes.

C’est pourquoi le Canada appuiera toujours les mandats robustes en matière de droits de la personne dans les opérations de paix de l’ONU, ainsi que les efforts de toutes les missions sur le terrain pour s’acquitter de ces mandats. Éviter un retour en arrière exige une vigilance constante, plus particulièrement lorsque nous nous efforçons d’affecter des ressources limitées à des priorités concurrentes. Rappelant l’Appel à l’action du Secrétaire général en faveur des droits de la personne, publié en février, et les défis énoncés sur le plan de l’amélioration de l’analyse des droits de la personne, afin que les opérations de paix contribuent plus efficacement à la promotion et à la protection des droits de la personne, le Canada aimerait souligner les cinq domaines suivants dans lesquels nous tentons de placer les droits de la personne au cœur des opérations de paix :

  1. Pour atteindre les objectifs de leur mandat, les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales ont besoin d’un financement et d’un soutien en ressources humaines appropriés et prévisibles. Les États membres ont la responsabilité collective de veiller à ce que les opérations de paix disposent des ressources humaines et financières nécessaires pour mener à bien leur mandat au sein des environnements complexes dans lesquels elles exercent leurs activités. Il est primordial de s’assurer que les sections des droits de la personne soient dotées du personnel et des ressources nécessaires. Le Canada est le neuvième contributeur en importance au budget du maintien de la paix de l’ONU et l’un des principaux fournisseurs de contributions volontaires au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). Nous sommes aussi fiers d’avoir versé un total de 10,5 millions de dollars américains au Fonds d’affectation spéciale de la MINUSMA qui finance une enquête menée à l’heure actuelle sur les violations des droits de la personne et qui vise à mieux protéger les femmes et les filles touchées par le conflit au Mali. Nous continuerons, à l’aide de nos partenaires, à montrer la voie à suivre pour assurer le financement adéquat de ces missions et des composantes inhérentes aux droits de la personne.
  2. La promotion et la protection des droits de la personne constituent une responsabilité mutuelle. Celle‑ci nécessite une coordination des efforts, non seulement avec le gouvernement hôte, mais également entre les États membres contributeurs et dans l’ensemble du système de l’ONU. Dans le cadre d’une mission, il est essentiel de garantir une approche « Unis dans l’Action » cohérente. Les missions de paix doivent travailler main dans la main avec les programmes, les fonds et les agences pour mettre résolument en œuvre les tâches essentielles en matière de droits de la personne, en travaillant en partenariat avec le gouvernement hôte, la société civile et d’autres partenaires. En Haïti, par exemple, le Canada a continuellement encouragé une plus proche coordination entre le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et l’Équipe-pays afin d’adresser les enjeux de droits de la personne. Alors que le pays fait présentement face à une crise sur le plan sanitaire, humanitaire et sécuritaire, nous reconnaissons que les droits de la personne ne peuvent être traités séparément ou seulement comme un enjeu sécuritaire.
  3. En outre, le Canada estime que l’application de cadres analytiques, comme l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), dans le domaine des droits de la personne renforcera la capacité des opérations de paix à améliorer leur contribution à la promotion et à la protection des droits de la personne. Il estime aussi que leur application se révèle essentielle pour traiter l’ensemble des violations et des abus. Les interventions, outils et mécanismes relatifs aux droits de la personne font partie intégrante de la boîte à outils collective du système de l’ONU et de la communauté internationale pour soutenir les États membres. Comme le Secrétaire général l’a clairement indiqué, le fait de veiller à ce que les représentants spéciaux disposent des capacités et des connaissances spécialisées nécessaires en matière de droits de la personne contribuera à mobiliser pleinement les diverses capacités de l’ONU, permettant aux missions d’entreprendre une analyse sur les risques et les possibilités en matière de droits de la personne, y compris une analyse sexospécifique. Grâce aux cadres analytiques comme l’ACS+, les missions pourront mieux évaluer leurs besoins et les résultats potentiels des activités dans le but de créer une plus grande diversité dans leurs approches en vue d’atteindre les objectifs prescrits en matière des droits de la personne.
  4. De surcroît, le Canada croit qu’il est plus important que jamais d’investir dans la participation significative des femmes en uniforme aux opérations de paix de l’ONU, notamment car les populations s’isolent en réponse à la COVID‑19 et que certaines violations des droits de la personne pourraient devenir de plus en plus difficiles à détecter. Nous ne pouvons pas garantir la protection des droits de la personne de tous si les opérations de paix ne représentent pas fidèlement les populations qu’elles servent et avec lesquelles elles interagissent. Le Canada est heureux d’avoir collaboré avec l’Uruguay en ce qui touche l’introduction de pelotons d’engagement fondés sur l’égalité entre les sexes dans la récente mise à jour du manuel destiné aux Bataillons d’infanterie des Nations Unies. Toutefois, ces types d’unités ne constituent qu’un moyen parmi d’autres pour qu’un nombre accru de femmes soit déployé et soutiennent les droits de la personne dans les opérations de paix. Le Fonds de l’Initiative Elsie des Nations Unies pour la participation des femmes en uniforme aux opérations de paix offre également une prime pour les pays contributeurs de forces militaires et policières qui déploient des unités à forte composante sexospécifique, laquelle comprend une représentation importante de femmes en général et de femmes dans les postes d’autorité, la fourniture d’une formation sur l’égalité des sexes et la garantie de la parité des conditions de déploiement pour tous les membres de l’unité. Nous encourageons les pays contributeurs de troupes et de police à appliquer pour cette modalité de financement novatrice dans le cadre du deuxième cycle des programmes du Fonds.
  5. En vue de promouvoir et de protéger efficacement les droits de la personne, l’ONU et ses opérations de paix ont l’obligation de montrer l’exemple. Les cas d’exploitation et d’abus sexuels mettant en cause du personnel de l’ONU compromettent l’ensemble de la mission et les efforts de celle‑ci. Ils rompent la promesse de l’ONU de protéger les plus vulnérables du monde entier. Il se révèle essentiel de lutter contre ce fléau tout en plaçant les droits et la dignité des victimes au premier plan des efforts collectifs. C’est pourquoi, le Canada préconise vivement la pleine application de la politique de tolérance zéro de l’ONU et exhorte les pays contributeurs de troupes et de police, ainsi que toutes les composantes de l’ONU, à respecter leurs obligations d’enquêter sur les allégations et de prendre des mesures. Nous sommes également fiers d’avoir apporté un soutien financier au Bureau du Coordinateur spécial des Nations Unies afin d’améliorer l’intervention de l’ONU à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels, ainsi qu’au Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de ces actes. Prêcher par l’exemple signifie aussi que le Secrétariat des Nations Unies et les opérations de paix assurent la mise en œuvre exhaustive et efficace de la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’Homme (PDVDH) pour ce qui est du soutien de l’ONU aux forces de sécurité non onusiennes. Cela est particulièrement important dans les contextes où les opérations de paix de l’ONU ont pour mandat de protéger les civils et de fournir un appui aux forces de sécurité nationales ou aux opérations régionales.

Il est primordial que le système de l’ONU tire pleinement parti du potentiel de ses instruments relatifs aux droits de la personne dans toutes ses activités, y compris dans le cadre de l’analyse conjointe, des objectifs mutuels inhérents aux programmes opérationnels communs, de la prise de décision et de la mise en œuvre. Il est également crucial que les considérations relatives aux droits de l'homme soient intégrées de manière adéquate dans la génération, la configuration opérationnelle et l'évaluation du personnel en uniforme des opérations de paix des Nations Unies.

Le Canada est convaincu que les opérations de paix et la promotion et la protection des droits de la personne sont inexorablement liées. Des solutions concrètes sont à notre disposition pour garantir la pleine mise en œuvre de ces initiatives dans le cadre des mandats des opérations de paix de l’ONU. La protection et la défense des droits de la personne sont un devoir commun. Le Canada continuera à collaborer étroitement avec les autres États membres et la société civile, y compris les défenseurs des droits de la personne, pour soutenir le travail des opérations de paix de l’ONU dans ce domaine.

Merci.

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