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75e Session de l'Assemblée générale des Nations Unies - Première commission -Déclaration du Canada - Débat général

Déclaration du Canada - Débat général

Prononcée par S.E. Leslie Norton
Ambassadrice et Représentante permanente du Canada auprès des Nations Unies à Genève et de la Conférence du désarmement

New York, le 14 octobre 2020 

M. le Président,

Je vous félicite de la compétence avec laquelle vous présidez cette commission en ces temps inhabituels et je vous assure du plein soutien de ma délégation.

Cette réunion de la Première Commission ne ressemble à nulle autre.

La pandémie nous a montré que même une crise prévisible peut progresser rapidement et avoir des effets inattendus. Nous devons prendre conscience de cette réalité dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale, afin d’apprécier la fragilité de tout système conçu par des humains, en particulier lorsqu’il est soumis à des pressions sans précédent ou à des événements en cascade. Cela nous rappelle combien il serait désastreux de laisser la paix et la sécurité internationales nous échapper faute d’efforts honnêtes, de compromis et de sens du bien commun. Dans un tel scénario, il n’y aura pas de « vaccin » pour aider à restaurer notre monde.

Les armes nucléaires restent une réalité, 75 ans après leur unique utilisation lors d’une guerre, à Hiroshima et Nagasaki. L’inhibition contre leur utilisation semble plus fragile aujourd’hui qu’elle ne l’a été depuis des décennies. Pour le Canada et tant d’autres, il s’agit d’une tendance alarmante. 

Le Canada soutient et comprend la nécessité de la dissuasion nucléaire, mais cela ne nous empêche pas de plaider inlassablement en faveur de politiques et de pratiques visant à éliminer les armes nucléaires. Nous continuerons à travailler de manière positive et constructive pour que la prochaine conférence d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire aboutisse à un résultat significatif.

Cette approche sous-tend notre plaidoyer en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de l’extension du Traité New START. Nous souhaitons voir de nouvelles avancées dans les mesures de réduction du risque et dans la vérification du désarmement nucléaire, ainsi que le lancement tant attendu de négociations sur un traité d’arrêt de la production de matières fissiles. Le Canada estime que tous les États possédant des armes nucléaires doivent prendre des mesures concrètes pour faire progresser le désarmement. Ces États ont vu l’avantage de posséder des armes nucléaires; maintenant, ils doivent également démontrer qu’ils sont prêts à s’en débarrasser. 

L’impact sans précédent de la COVID-19 a renforcé la nécessité d’atténuer les menaces biologiques. La conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines (CABT) de 2021 nous donnera l’occasion de renforcer sa mise en œuvre. Le Canada fait sa part pour limiter les menaces biologiques mondiales. En tant que partisan de l’action 10 (« Disposition à enquêter sur les allégations d’utilisation d’armes biologiques ») et champion de l’action 11 (« Élaborer un cadre pour répondre à toute utilisation d’armes biologiques ») de l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général, nous nous efforçons de renforcer à la fois la CABT et le mécanisme d’enquête du Secrétaire général. Le Canada collabore également avec plus de vingt pays pour renforcer la biosécurité et la sûreté biologique des agents pathogènes qui suscitent des préoccupations en matière de sécurité, améliorer les capacités de surveillance et de diagnostic, et renforcer les capacités d’atténuation des menaces biologiques.

En ce qui concerne les armes chimiques, malgré certaines avancées positives, de sérieux défis persistent en ce qui concerne la Convention sur les armes chimiques (CAC). Le Canada a soutenu l’ajout de nouveaux agents de guerre chimique, notamment l’arme de type Novichok utilisée à Salisbury en 2018, à l’annexe sur les produits chimiques de la CAC. Deux ans plus tard, nous avons été choqués d’apprendre l’utilisation odieuse d’un agent Novichok dans la tentative d’assassinat d’Alexei Navalny. Nous déplorons l’utilisation d’armes chimiques par la République arabe syrienne et le fait qu’elle n’ait pas encore terminé de déclarer ou de détruire ses armes. C’est pourquoi nous approuvons la décision du Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) qui condamne trois attaques de ce type et cherche à amener la Syrie à respecter ses obligations en vertu de la Convention. Nous continuerons à travailler avec la grande majorité des États pour faire respecter la norme mondiale contre l’utilisation des armes chimiques. 

Le Canada encourage l’utilisation durable de l’espace pour tous les États. Les infrastructures spatiales sont vulnérables à toute une série de menaces, tant dans l’espace que depuis la Terre. Les essais d’armes antisatellites (ASAT) peuvent créer des débris de longue durée qui constituent un danger pour tous les utilisateurs de l’espace. Nous pensons qu’il est utile d’étudier un accord possible pour mettre fin aux essais antisatellites susceptibles de provoquer des débris spatiaux.   

Le Canada estime que la coopération entre tous les États membres est essentielle pour garantir une utilisation sûre, sécurisée et durable de l’espace extra-atmosphérique tout en maintenant la sécurité internationale. La transparence et une communication précoce nous permettent d’expliquer nos intentions. De telles mesures renforcent la confiance et améliorent la sécurité et la stabilité. Par conséquent, nous soutenons la poursuite de l’élaboration de normes internationales de comportement responsable comme moyen pragmatique de réduire les malentendus, les mauvaises interprétations ou les calculs erronés entre les États. Dans ce contexte, nous nous félicitons de la résolution britannique sur la « Réduction des menaces spatiales par des comportements responsables ». À long terme, nous restons ouverts à la possibilité d’un instrument juridiquement contraignant lié à la sécurité spatiale, une fois que nous aurons renforcé la confiance entre les États.

Le Canada est désormais un État partie au Traité sur le commerce des armes (TCA) et nous encourageons tous les grands exportateurs et importateurs d’armes à adhérer au traité. Nous reconnaissons que le détournement d’armes conventionnelles a des conséquences dévastatrices sur les droits de la personne et la sécurité internationale. Nous continuerons de renforcer notre système national de contrôle des exportations pour lutter contre les détournements, notamment par le biais de la coopération internationale avec les États parties. Le Canada soutient les discussions au sein du TCA sur la vérification après livraison et d’autres mesures d’atténuation pour prévenir le détournement.

Nous accueillons avec intérêt l’accent accru mis sur l’égalité entre les sexes dans le plan d’action d’Oslo de 2019 pour la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. Pour mesurer les progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan d’action, il est important que tous les États parties soumettent leurs rapports annuels de transparence.

Le Canada s’est réjoui des progrès du Groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) en matière de cybersécurité, malgré les retards causés par la COVID-19. Nous pensons qu’une plus grande reconnaissance de l’applicabilité du droit international, ainsi que l’adoption et la mise en œuvre de normes volontaires de comportement des États et de mesures de confiance sont nécessaires pour renforcer la stabilité dans l’espace cybernétique. De même, nous attendons avec intérêt les contributions du groupe d’experts gouvernementaux des Nations Unies sur la cybersécurité pour faire progresser la paix et la sécurité internationales dans l’espace cybernétique.

En cherchant à renforcer le comportement responsable des États dans l’espace cybernétique, nous avons commandé une recherche sur la dimension du genre dans l’espace cybernétique, disponible sur le portail du GTCNL du Bureau des affaires du désarmement. Cette recherche a exploré les moyens d’accroître la participation significative des femmes aux discussions, négociations, stratégies et programmes de renforcement des capacités internationaux et nationaux relatifs à l’utilisation des TIC dans le contexte de la sécurité internationale. Nous avons également soutenu le programme de bourses « Femmes dans le domaine de la cybersécurité », en collaboration avec d’autres donateurs comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Ce programme a permis à 30 femmes diplomates de participer aux négociations du GTCNL.

Le Canada soutient la participation égale et les possibilités de leadership pour les femmes et les hommes dans les tribunes sur le désarmement, c’est pourquoi nous sommes un champion de l’action 36 (« Participation pleine et égale des femmes aux processus de prise de décision ») de l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général. Nous croyons également en l’importance d’évaluer les éventuelles répercussions des armes sur les femmes et les hommes. 

En conclusion, si la pandémie n’a pas toujours montré nos sociétés sous leur meilleur jour, elle a prouvé que les institutions multilatérales peuvent relever des défis extrêmes et que les États peuvent s’engager collectivement, sinon toujours parfaitement, à l’appui du bien mondial au sens large. Nous espérons que cet exemple pourra influencer nos échanges et nos décisions au cours de cette Première Commission, dans l’intérêt d’une plus grande paix et sécurité pour tous les États. 

Merci.

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