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La déclaration nationale du Canada lors du Débat général - Ouverture de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies

L'honorable Mélanie Joly
Septembre 2022

Le texte prononcé fait foi

Monsieur le Président, chers collègues distingués,

Je m'adresse à vous pour la première fois en tant que ministre des Affaires étrangères du Canada alors que nous sommes réunis dans cette Assemblée sur le territoire traditionnel du peuple Lenape.

Le Secrétaire général a déclaré que nous traversons une mer agitée. Qu'un hiver de mécontentement mondial se profile à l'horizon. Que nous avons le devoir d'agir. Je suis d'accord avec lui.

Qu'il s'agisse de la guerre d'agression menée par la Russie en Ukraine et de ses répercussions dans le monde entier, de la pandémie de COVID, du changement climatique, des graves conflits et des difficultés qui touchent aujourd'hui des milliards de personnes. Les défis auxquels nous sommes confrontés sont immenses.

Ces crises, et la manière dont nous choisissons d'y répondre, mettent à l'épreuve notre engagement commun envers les Nations unies.

C'est pourquoi nos décisions sont plus importantes que jamais. Nous avons le choix : soit nous respectons et défendons les règles que nous avons élaborées collectivement depuis des générations et qui nous ont donné la plus longue période de paix de l'histoire moderne

OU nous acceptons que les règles puissent être enfreintes par les puissants, ce qui nous ramène à des temps plus sombres de tensions et de conflits constants, avec des déplacements massifs, des souffrances et des pertes de vies humaines.

Pour le Canada, le choix est clair. Nous sommes convaincus que nous avons besoin de plus de multilatéralisme, et non de moins. Nous avons besoin de plus d'ONU, pas de moins. Et nous avons besoin d'une ONU qui soit efficace, efficiente, pertinente et responsable.

Tout au long de son histoire, le Canada s'est efforcé d'agir comme un honnête courtier, prêt à jeter des ponts entre les nations et les points de vue divergents.

Nous avons travaillé sans relâche au fil des ans pour concevoir, développer et renforcer le système international que nous connaissons maintenant.

Nous continuerons à le faire, et nous continuerons à le faire avec vous tous.

La semaine dernière, la délégation canadienne dirigée par le Premier ministre Justin Trudeau a rencontré des dirigeants et des membres de la société civile du monde entier.

Le Canada est à l'écoute. Et nous vous entendons.

Beaucoup ont décrit et condamné la nouvelle invasion de l'Ukraine par la Russie comme étant brutale, illégale et injustifiée. Comme une violation de la Charte des Nations Unies. Nous sommes d'accord avec vous.

Beaucoup ont décrit le redressement inégal de la pandémie mondiale de COVID-19 comme incompatible avec la simple équité, mais aussi comme un danger pour la santé publique. Là encore, nous sommes d'accord avec vous.

Vous avez partagé une profonde inquiétude quant au fait que la réalisation des objectifs de développement durable est menacée. Et nous sommes d'accord pour dire que nous devons nous attaquer à ce problème de front.

Des gens de tous les coins du monde ont clairement dit : le changement climatique n'est plus à l'horizon. Il est là. Et il frappe le plus durement les plus vulnérables. C'est indéniable.

Tous les Canadiens sont de tout cœur avec les personnes touchées par les inondations dévastatrices au Pakistan, ainsi qu'avec nos concitoyens qui se sont retrouvés sur la trajectoire destructrice de l'ouragan Fiona.

Cette semaine, de nombreuses conversations ont porté sur la dure réalité : il y a plus de personnes déplacées par les conflits et la violence aujourd'hui qu'à n'importe quel moment de l'histoire de l'humanité. J'ai entendu des appels sans équivoque à la responsabilité - y compris pour les victimes du vol PS752.

Des femmes et des jeunes filles ont décrit leur besoin d'avoir le contrôle sur leur propre avenir, sur leur propre corps, ce qui est leur droit.

Des personnes courageuses ont partagé des témoignages très personnels sur leurs expériences douloureuses de la violence sexuelle dans les conflits. Nous les croyons.

Ces violences sont inacceptables et doivent changer. Nous devons donner aux survivants les moyens de mener le chemin de leur guérison et les soutenir dans leur quête d'une justice digne de ce nom.

La liberté d'expression. La désinformation et la mésinformation. La protection des minorités. L'état de droit. Le respect de la science, des faits et des preuves.

Des déclarations percutantes ont été faites sur ces questions cette semaine. Elles témoignent d'une érosion de l'espace civique et du dialogue démocratique.

Le Canada vous entend.  Nous ne nous présentons pas à ces discussions avec des solutions faciles.

Nous sommes venus pour écouter, pour participer et pour partager nos engagements à répondre à ce moment de façon positive, avec un objectif et dans un esprit de solidarité mondiale.

M. le Président,

Le monde a entendu les terribles histoires des Ukrainiens qui ont perdu des êtres chers à cause de la guerre insensée de la Russie.

Cette Assemblée s'est exprimée clairement et avec conviction : L'agression de la Russie contre l'Ukraine viole la Charte des Nations Unies.

Elle frappe au cœur de l'engagement que nous avons tous pris en construisant cette organisation à partir de la sombre tragédie de la Seconde Guerre mondiale.

Plutôt que de suivre les décisions de cette Assemblée et un ordre juridiquement contraignant de la Cour internationale de justice, la Russie a redoublé d'efforts.

Y compris dans un effort désespéré pour justifier l'injustifiable.

Alors que le monde s'est réuni ici à New York pour trouver des solutions aux plus grands défis de notre époque, le président Poutine a annoncé qu'il allait enrôler davantage de jeunes dans la guerre qu'il a choisie.

Il a menacé notre sécurité collective par une rhétorique nucléaire imprudente et dangereuse.

Pour Poutine, c'est une guerre à mort. Pour l'Ukraine, c'est "une guerre pour la vie".

La machine de guerre de la Russie a causé d'énormes souffrances et destructions civiles en Ukraine. Les fosses communes découvertes à Izyum sont la dernière démonstration du mépris de Poutine pour la vie humaine.

Les conséquences de cette guerre illégale sont profondément ressenties dans le monde entier.

Nous devons faire face à la crise mondiale de la sécurité alimentaire, et aux autres conséquences de cette invasion illégale, avec imagination et détermination.

Et ceux qui enfreignent la loi doivent être punis par la force de la loi. Un siège permanent au Conseil de sécurité n'est pas un permis de tuer, ni de faire taire qui que ce soit, et il ne devrait jamais garantir l'impunité.

Monsieur le Président,

Nous sommes confrontés à des crises majeures. La pandémie de la COVID-19, les changements climatiques, les conflits. Les crises qui étaient autrefois exception sont aujourd'hui la règle.

Ces crises mettent à rude épreuve notre capacité d'atteindre les cibles du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Il nous faut donner un solide coup de barre afin de changer le cours des choses. Un effort de sauvetage urgent et mondial s'impose.

Nous devons nous rallier et travailler ensemble pour le bien commun. La seule voie possible pour le Canada et pour le monde est celle de la mise en oeuvre de nos objectifs de développement durable.

Du point de vue économique, nous avons encore beaucoup à faire pour atteindre une véritable égalité entre États membres.

Nous avons bien écouté ce que nos partenaires, nos amis, des pays du Sud nous ont dit.

Nous entendons leur message de façon très claire: les institutions financières internationales doivent être réformées. Elles doivent être capable de s'adapter aux crises d'aujourd'hui.

Et le Canada répond présent. Aucun pays ne doit être laissé pour compte. Nous travaillerons d'arrache-pied avec nos partenaires pour une réforme juste et équitable du système financier mondial.

Il en va de l'équité, mais aussi, il en va de la paix et de la stabilité mondiale.

Monsieur le Président,

La pandémie de la COVID-19 a fauché la vie de près de 6,5 millions de personne à travers le monde.

Le Canada est déterminé à mettre fin à cette pandémie et à en prévenir d'autres.

Ensemble, nous allons poursuivre le combat contre le VIH, la tuberculose et la malaria. La semaine dernière, le Premier ministre Trudeau s’est engagé à investir 1,2 milliards $ pour soutenir ces efforts.

Parlons maintenant de changements climatiques. Nous devons agir avec le même sentiment d'urgence que celui que nous avons démontré durant la pandémie de la COVID. La science nous le dit: nous devons en faire plus et plus rapidement.

L'ouragan FIONA qui a frappé plusieurs îles des Antilles et l'Est du Canada n'en est que le dernier exemple. De l'Arctique aux petits États insulaires, les dérèglements climatiques constituent une menace existentielle et nous en subissons les effets à chaque jour.

Le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45% d'ici 2030, puis d'atteindre la carbo-neutralité d'ici 2050. Et nous nous sommes dotés d'un plan crédible pour y arriver.

Le Canada participera à la COP27 en Égypte, et nous avons bien hâte d'accueillir le monde entier chez moi, à Montréal, pour la COP15 sur la biodiversité, sous la présidence de la Chine.

Notre priorité est d'assurer le succès de cette conférence, où nous travaillerons ensemble pour renverser la perte alarmante d'espèces animales et végétales. Il en va de notre propre survie.

Monsieur le président,

Il n’y a pas de solutions simples aux défis auxquels nous sommes confrontés. Mais il est évident que de s’isoler, de mépriser la règle de droit, et de réduire les gens au silence est contraire au progrès.

Et pourtant, certains pays restreignent les libertés civiles, violent les droits de la personne et surveillent massivement leur population. Cette tendance vers l’autoritarisme est des plus inquiétantes.

Ce phénomène est particulièrement visible dans la région du Xinjiang, en Chine. A cet effet, la publication du rapport des Nations unies sur les droits la personne constitue une étape essentielle. Ses conclusions reflètent d’ailleurs des récits crédibles d’abus constituant des crimes contre l’humanité.

Le Canada s’inquiète de la répression des droits humains que nous observons dans plusieurs pays. L’universalité des droits de la personne est bien connue. On le sait, ces droits humains sont universels par nature. On ne peut donc se cacher derrière des prétextes de souveraineté nationale pour les violer. Il y a des limites à défendre l’indéfendable.

Nous sommes d’avis que la démocratie, bien qu’imparfaite, reste le meilleur système pour protéger les droits de la personne et pour progresser en matière de développement durable.

Toutes nos démocraties font face à des défis. Chez nous comme ailleurs, nous devons composer avec l’apathie, l’anxiété et la méfiance envers nos institutions.

Monsieur le Président,

Le Canada est également déterminé à combattre le racisme systémique et nous continuons à prendre des mesures concrètes pour poursuivre la voie de la réconciliation avec les peuples autochtones.

En 2017, le Premier ministre Trudeau a prononcé ici en, cette chambre, un discours devant cette Assemblée et a parlé de notre propre héritage du colonialisme au Canada.

Nous travaillons sans relâche pour remédier à ce chapitre sombre de notre histoire. Et nous savons que la pleine participation des peuples autochtones est fondamentale au développement d’un monde plus juste.

Monsieur le Président,

L’égalité des femmes et des filles, dans toute leur diversité, est primordiale à la paix, à la justice, et à la prosperité.

Comme c’est le cas pour plusieurs pays, le Canada est fier d'avoir une politique étrangère féministe.

Ensemble, nous bâtissons une coalition mondiale en appui à l'égalité. C'est ainsi que nous allons repousser les attaques croissantes contre les droits et libertés des femmes.

En Afghanistan, les Talibans empêchent les femmes et les filles d'aller à l'école.

Au Myanmar, les femmes courageuses qui réclament haut et fort le retour du système démocratique, sont emprisonnées par la junte militaire, torturées et sujettes à d’affreux actes de violence sexuelle.

Monsieur le Président,

En Iran, les femmes qui protestent contre la mort de Mahsa Amini sont confrontées aux arrestations et aux balles.

Nous saluons leur courage et nous nous joignons à elles pour envoyer un message fort : les droits des femmes sont des droits humains.

Aujourd'hui, le premier ministre Trudeau a annoncé que le Canada sanctionnera les responsables, y compris la soi-disant " police de la moralité " de l'Iran et ses dirigeants.

Du Soudan à Haïti en passant par le Canada, les femmes qui construisent la paix, les défenseurs des droits de la personne et les activistes sont pris pour cible.

Nous devons continuer à défendre les droits des femmes et des filles, et à soutenir, protéger, reconnaître et inclure les femmes qui construisent la paix.

Nous devons également poursuivre sans relâche l'établissement des responsabilités en matière de violences sexuelles. Nous continuerons à faire pression pour que justice soit rendue aux femmes rohingyas. Et nous n'aurons de cesse que les responsables des violences sexuelles commises en Ukraine n'aient à rendre des comptes.

La charte des Nations unies consacre "la foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes".

Et pourtant, nous assistons à une montée de la violence, à une répression croissante des droits et des libertés, à l'exclusion des femmes et des filles de la table des négociations, de la salle de réunion, de la salle de classe.

Les droits des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et génésique sont réduits ou refusés dans de trop nombreux pays.

Rien de tout cela n'est le fruit du hasard. Il s'agit de choix délibérés.

À toutes les femmes dans cette salle et dans le monde entier : Nous vous entendons et le Canada défendra toujours votre droit de choisir.

Nous nous battrons pour votre participation pleine, égale et significative dans tous les domaines de la vie.

Nous défendrons vos droits et votre dignité.

Aucun gouvernement, aucun politicien, aucun juge, personne ne peut vous enlever cela.

M. le Président,

Comme je l'ai dit, le monde a besoin de plus de multilatéralisme. Plus d'ONU, pas moins. Pour ce faire, nous devons rétablir la confiance entre nous.

Les crises auxquelles nous sommes confrontés ont montré à la fois les forces et les faiblesses des structures que nous avons construites il y a près de 80 ans.

Nous avons été capables de répondre aux difficultés les plus graves avec compassion et efficacité. Mais nous pouvons faire mieux.

La paralysie politique et l'abus du droit de veto minent le Conseil de sécurité.

Nous encourageons les efforts visant à réduire le pouvoir de veto, à augmenter le nombre de membres et à garantir que les voix de tous soient entendues et prises en compte dans l'ensemble du système des Nations unies.

Les opérations de paix des Nations unies exigent également nos efforts. Aujourd'hui, le maintien de la paix est confronté à d'immenses défis. Le Canada contribue depuis longtemps aux efforts de l'ONU pour réduire les conflits. Et nous continuerons à le faire.

L'engagement auprès des Nations Unies est un engagement fondamental des Canadiens.  Nous étions là lors de la création de l'ONU, et aujourd'hui nous sommes plus engagés que jamais.

Nous nous engagerons toujours avec franchise et sans détour. Parce que nous n'assimilons pas la diplomatie à la tromperie, ni la politique mondiale à des platitudes globales.

La Charte des Nations unies commence par les mots "nous, peuples du monde...".

Nous devons nous rappeler que le destin de milliards de personnes vivant aujourd'hui, et de celles qui ne sont pas encore nées, est en jeu dans tout le travail que nous accomplissons.

Nous leur devons nos meilleurs efforts, de cœur, d'esprit et d'âme.

Nous pouvons faire face à l'épreuve.... que le temps et les circonstances... ont placée devant nous. Avec de l'espoir. Avec courage. Et avec un engagement à agir pour nos citoyens d'aujourd'hui et pour les générations futures à suivre.

Merci, Monsieur le Président.

Personnes-ressources

Adrien Blanchard
Attaché de presse
Cabinet de la ministre des Affaires étrangères
Adrien.Blanchard@international.gc.ca

Service des relations avec les médias
Affaires mondiales Canada
media@international.gc.ca
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