Sélection de la langue

Recherche

Amplifier Les Voix, Protéger Des Vies : Combattre Le Racisme Systémique Dans Les Médias

Brian Daly, Dexter Brown, Julie Sobowale et Nadia Stewart, Association des journalistes noirs du Canada

Avis : Les vues et les positions exprimées dans le présent rapport n’engagent que les auteurs et ne représentent pas nécessairement celles du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement ou du gouvernement du Canada. Ce document est la traduction de la version originale anglaise.

Résumé

La voix des journalistes de couleur, dans les médias traditionnels et en tant que journalistes citoyens, doit se faire entendre plus que jamais. La volonté d’un gouvernement de protéger les journalistes et leurs droits montre à quel point il accorde de l’importance à la démocratie. Partout dans le monde entier, il faut assurer l’application de politiques efficaces qui protègent la vie des journalistes racialisés, ainsi que l’affectation des ressources voulues pour donner une plus grande portée à leurs voix et à leurs histoires.

Confiance du public et journalisme citoyen

Les personnes qui ont enregistré la rencontre malheureuse de George Floyd avec la police de Minneapolis ont fait du journalisme citoyen. On définit souvent cette forme de signalement comme une situation où « une personne ordinaire participe activement à l’enregistrement, à la production et à la diffusion d’événements dignes d’intérêtNote de bas de page 1 ». Cela permet aux citoyens « d’affronter des problèmes d’injustice sociale et de responsabilité policière en utilisant des technologies telles que les téléphones intelligentsNote de bas de page 2. » À Halifax, en Nouvelle-Écosse, 2 policiers ont été affectés à des tâches administratives, et l’équipe d’intervention en cas d’incidents graves de la province a été appelée, après qu’un adolescent noir eut été blessé lors d’une arrestation filmée sur son téléphone cellulaireNote de bas de page 3. Cinq mois plus tard, dans la même ville, une vidéo filmée sur un téléphone cellulaire montrant une femme noire en train d’être malmenée par des policiers dans un Walmart a mené à l’abandon des poursuites contre la victimeNote de bas de page 4. Au sud de la frontière, les vidéos des témoins oculaires des fusillades de Jacob Blake, d’Oscar Grant et d’Eric Garner ont joué un rôle essentiel dans les enquêtes qui ont suivi.

Alors que la confiance de la communauté noire envers les forces de l’ordre se détériore en Amérique du Nord et dans le monde entier, des témoins oculaires devenus journalistes citoyens considèrent que leurs enregistrements sont la seule façon de remettre en question le statu quoNote de bas de page 5. Real STL News, une agence de journalisme citoyen née en 2014 à la suite du soulèvement de Ferguson, au Missouri, n’a pas d’employés à temps plein et est gérée par des bénévoles, mais les citoyens comptent sur elle pour les dernières nouvelles, les exclusivités et la diffusion en direct. En s’adressant à la radio publique de St. Louis, Tony Rice, journaliste et activiste noir, a déclaré qu’un manque de confiance poussait les gens à se tourner vers ses reportages et vers la plateforme Real STL News. « [Mes abonnés] ne font pas confiance aux médias traditionnels. Ils pensent qu’ils ont un certain penchant ou adoptent un certain angle… Et ils comptent sur des gens comme moi. … La plupart du temps, je ne rends de comptes à personneNote de bas de page 6. »

Les médias établis devraient chercher à créer des partenariats avec des journalistes communautaires axés sur la formation et l’élargissement de la couverture. Des chercheurs en Turquie ont découvert que des journalistes professionnels qui ont quitté ou ont été forcés de quitter les médias traditionnels créent leurs propres « plateformes médiatiques alternatives hybrides » où ils travaillent aux côtés de journalistes citoyens dans un nouveau modèle de prestationNote de bas de page 7. Les programmes de bourses, tels que ceux mis à la disposition des journalistes autochtones dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation pour le journalisme canadien (FJC) et CBC/Radio-Canada, offrent aux journalistes citoyens issus de communautés racialisées la possibilité d’accéder aux ressources nécessaires à leur perfectionnement personnel et professionnel. Les lauréats des bourses en journalisme pour Autochtones de la FJC-CBC de 2020, Sean Vanderklis et Karl Dockstader, sont tous deux des journalistes communautaires qui ont lancé leur propre balado pour combler le fossé entre les communautés autochtones et non autochtones dans tout le sud de l’Ontario. En élargissant le programme conjoint de la FJC et de CBC/Radio-Canada, le radiodiffuseur public pourrait se pencher sur la manière de mieux servir les déserts d’information géographiques grâce à des partenariats avec des journalistes communautaires qui participent au programme de bourses.

Protéger les journalistes racialisés

Lorsque le reporteur de CNN Omar Jimenez et son équipe ont été arrêtés en direct alors qu’ils couvraient les manifestations à Minneapolis après le meurtre de George Floyd, la police a déclaré que c’était parce qu’on leur avait demandé de bouger, et qu’ils ne l’avaient pas fait. Josh Campbell, un autre journaliste de CNN, faisait également un reportage sur les manifestations de ce jour-là, mais, lorsque la police lui a posé des questions, elle lui a dit qu’il pouvait rester. « Je me suis identifié… ils m’ont dit, ’OK, vous êtes autorisé à être dans la zone’ », a dit Campbell. « J’ai été traité bien différemment de (Jimenez)Note de bas de page 8. » Campbell est blanc. Jimenez est noir et latino.

Les correspondantes de la Maison-Blanche Yamiche Alcindor et April Ryan sont devenues les cibles d’attaques répétées dans le cadre de leur couverture du président Donald Trump. Leur quête incessante de réponses de la part du « leader du monde libre » a été une source d’inspiration pour les femmes journalistes noires du monde entier, même si ces journalistes sont insultées, ridiculisées et même ignorées.

Nous ne pouvons que deviner dans quelle mesure ces journalistes noires ont été ciblées à cause de leur race. Cependant, il est clair que les entreprises médiatiques doivent s’assurer que les droits des journalistes sont respectés par le gouvernement et les forces de l’ordre. Dans le cas dont il est question ici, les droits garantis par le Premier Amendement aux journalistes aux États-Unis, soit leur droit d’accès aux espaces publics, le droit de protéger leurs sources, etc., doivent être protégés. Dans le monde entier, les journalistes accrédités doivent être libres d’accéder aux espaces et de poser des questions, sans crainte de représailles ou d’arrestation.

Partialité et vécu : deux poids, deux mesures dans le journalisme

Dans son livre paru en 2019, The Skin We’re In, le journaliste noir Desmond Cole brosse un tableau inquiétant. Il décrit une situation qu’il a vécue lors d’une réunion de la Commission des services policiers de Toronto tenue en mai 2017, où un débat sur la présence de policiers dans les écoles était à l’ordre du jour. Des menaces d’arrestation ont visé des personnes ayant pris la parole à cette occasion, malgré le fait que la police semblait avoir utilisé certaines tactiques pour limiter les voix s’opposant au projet dans la salle, un point souligné par M. Cole et d’autres personnes présentes. L’article révolutionnaire de Cole sur le profilage (pratique policière consistant à arrêter des individus, à les interroger et à recueillir des renseignements sur eux — souvent des Noirs et des Autochtones — bien qu’aucun crime n’ait été commis), paru dans le Toronto Life en 2015, a mis en lumière le débat entourant la surveillance policière des Noirs. Il a également soulevé l’argument de l’objectivité, un argument souvent utilisé pour faire taire les journalistes noirs lorsqu’ils tentent d’utiliser leur plateforme pour aborder le racisme anti-Noirs dont ils traitent régulièrement. Cole écrit : « La fausse prémisse de l’objectivité dans le journalisme renforce la suprématie blanche. Mon militantisme, c’est mon écriture, et dans la lutte pour la vie des Noirs, je suis, par nécessité, à la fois acteur et critique de ce mouvementNote de bas de page 9. »

Comme le fait remarquer Cole, la même norme ne s’applique pas aux journalistes blancs :

« Juste avant mon embauche [comme chroniqueur au Toronto Star], Catherine Porter, chroniqueuse au Star, avait écrit un article sur une manifestation environnementale à laquelle elle avait participé. Dans sa chronique, elle a déformé certains faits concernant sa manifestation. Le Star a reconnu les incohérences, mais a défendu Porter contre les affirmations selon lesquelles elle ne devrait pas manifester alors qu’elle travaille pour le journal. Le même rédacteur en chef qui m’a plus tard reproché d’être ‘devenu la nouvelle’ a écrit : ‘Porter a raison de penser qu’elle a la permission explicite — et l’appui — de prendre position publiquement et d’agir conformément à ses vues sur les questions de justice sociale.’ Le rédacteur en chef qui lui a demandé d’écrire sur le rassemblement sur la lutte contre les changements climatiques a certainement compris qu’elle participait à la manifestation pour faire connaître à sa fille le pouvoir de la protestationNote de bas de page 10. »

Ce n’est pas nouveau. Dans de tels cas, les Noirs, les Autochtones et les journalistes de couleur sont souvent étiquetés comme étant partiaux. La professeure Candis Callison de l’Université de la Colombie-Britannique explique que ce dont ils disposent en fait, c’est un type d’expertiseNote de bas de page 11. Par conséquent, l’objectivité est un avantage, un luxe, selon la journaliste noire Pacinthe MattarNote de bas de page 12. Tant que le vécu ne sera pas considéré comme une expertise, les voix des Noirs, des Autochtones et des journalistes de couleur continueront d’être étouffées sous le couvert de l’objectivité. Comme le note Cole, le journalisme est un militantisme pour ceux dont la voix a été marginalisée. Les organes médiatiques doivent veiller à ce que leurs codes de conduite et leurs normes et directives journalistiques ne puissent pas être utilisés comme des armes ou des outils par la direction pour réduire au silence les Noirs, les Autochtones et les journalistes de couleur qui parlent publiquement de leur vécu. Ces politiques existent généralement pour protéger les entreprises et doivent être réexaminées sous l’angle de la diversité et de l’inclusion.

Lors d’une présentation en 2016 à la Reporting Race Conference de l’Institute for the Advancement of Journalism, William Gumede a souligné la nécessité pour les organes médiatiques sud-africains d’évaluer la mesure dans laquelle le racisme institutionnel est présent dans leurs politiques et leurs pratiques. « Ces vérifications doivent porter sur les politiques, les pratiques et les cultures informelles des organisations. Il doit y avoir un suivi régulier, et l’incidence des politiques, des pratiques et des coutumes organisationnelles doit être mesurée. Les directeurs ne doivent pas exercer de représailles contre les personnes qui dénoncent le racisme dans les institutionsNote de bas de page 13. » Ces vérifications ne doivent pas être réalisées à l’interne : la surveillance par un tiers est nécessaire pour susciter la confiance. Pour les sociétés d’État et les radiodiffuseurs publics, le renouvellement des licences devrait être lié à la mise en œuvre des principales recommandations issues de ces vérifications effectuées par des tiers.

Visible et invisible : arguments en faveur des données sur la diversité

Il convient de se demander si l’expérience de Cole au Toronto Star aurait été différente si les dirigeants avaient été issus de milieux raciaux différents. Il y a trop peu de journalistes noirs dans les salles de rédaction canadiennes et l’absence de données sur la diversité de l’industrie est troublante. Une étude de 2010 a révélé que les personnes de couleur étaient nettement sous-représentées à tous les niveaux de personnel dans les organes médiatiques, y compris au niveau de la direction où seulement 4,8 % des membres des équipes de gestion et des conseils d’administration s’identifient comme des personnes de couleurNote de bas de page 14. Bien qu’il soit dépassé, ce rapport contient les données les plus récentes disponibles au Canada. En comparaison, les salles de rédaction américaines participent à des enquêtes régulières depuis 1978Note de bas de page 15. Au Canada, les journalistes se heurtent généralement à des résistances en réponse aux appels à la publication de ces donnéesNote de bas de page 16. Le résultat : être un journaliste noir dans les médias canadiens, c’est être à la fois visible et invisible.

Ce problème ne touche pas uniquement l’Amérique du Nord. En Allemagne, une étude réalisée en 2009 a révélé que 84 % des quotidiens ne comptaient pas de journalistes issus de l’immigration. Des efforts récentsNote de bas de page 17 visant à recueillir des données sur la diversité dans les salles de rédaction ont échoué, les responsables des salles de rédaction en Allemagne ayant fourni des réponses similaires à celles de leurs homologues canadiens : ils n’ont « pas l’habitude » de poser des questions aux employés sur leurs origines et ils estiment qu’il serait « juridiquement très problématique de recueillir, stocker et évaluer » des données sur la diversité.

Les entreprises mesurent ce qui compte pour elles. Si la diversité est importante, elle doit être mesurée. L’Association canadienne des journalistes ainsi que des chercheurs de l’Université Ryerson s’efforcent actuellement de mener une enquête sur la diversité dans les salles de rédaction. En tant qu’intervenante à ces conversations, la Canadian Association of Black Journalists (Association des journalistes noirs du Canada) est optimiste quant à la participation des entreprises médiatiques, qui seront plus enclines à participer qu’elles ne l’ont été dans les années passées. Nous pensons que les organes médiatiques devraient volontairement fournir des données plus solides sur la diversité, mais une intervention gouvernementale pourrait être nécessaire pour obliger les médias à être plus transparents.

Comment de nouveaux acteurs numériques et le journalisme financé et fondé par les citoyens peuvent changer la donne

Le journalisme d’information à but non lucratif, financé ou fondé par les citoyens, gagne du terrain aux États-Unis. En effet, au moins une nouvelle salle de nouvelles a été lancée chaque mois depuis près de 12 ans, selon un rapport de 2019Note de bas de page 18. L’enquête sur la diversité menée par la News Leaders Association en 2019 a révélé que les plateformes exclusivement numériques, qui comprennent les entreprises médiatiques numériques en démarrage de plusieurs villes, les médias traditionnels, les publications commerciales et les sites consacrés à des questions spécifiques, favorisent l’intégration des genres et des personnes racialisées dans les salles de rédactionNote de bas de page 19. Au Canada, le passage au modèle financé par le public a été plus lent. Un rapport de 2018 a conclu que des barrières systémiques empêchent les personnes de couleur de fonder des agences de presse, principalement parce qu’elles ne peuvent pas accéder aux capitaux. Les principales conclusions du rapport indiquent notamment que, si les organes d’information détenus et exploités par des femmes et des personnes de couleur ne peuvent accéder à un soutien pour démarrer et se développer, la prochaine génération de médias canadiens ne représentera pas les Canadiens dans toute leur diversitéNote de bas de page 20. Les pays dotés de démocraties saines soutiennent l’écosystème du journalisme. Cela consiste notamment à permettre aux agences de presse en démarrage de s’enregistrer plus facilement en tant qu’organismes de bienfaisance et d’offrir des subventions spécifiques aux agences de presse en démarrage fondées par des journalistes racialisés.

L’argument entourant le besoin de données sur la diversité dans le journalisme a été amplifié par la collecte et la publication de données sur la COVID-19 fondées sur la race. À Toronto, les Canadiens noirs ont été touchés de manière disproportionnée par la pandémieNote de bas de page 21. Les médias canadiens en ont fait la une, mais n’ont pas toujours fait de nuances quant à la signification d’être Noir pendant une pandémie. Cette situation est liée au problème de la sous-représentation, qui est au cœur de la vision centrée sur la population blanche des médias canadiens. En l’occurrence, les Canadiens noirs se sentent mis de côté et négligés du simple fait que leurs voix sont sous-représentées ou inexistantes dans le sillage de la pandémie de COVID-19, que ce soit dans la sphère de l’éducation postsecondaireNote de bas de page 22 ou dans celle de la santéNote de bas de page 23.

Le fait qu’il y ait trop peu de journalistes de couleur dans les salles de rédaction du monde occidental ainsi qu’un trop grand nombre de politiques contrôlant leurs voix signifie que ces histoires meurent souvent entre les mains des rédacteurs en chef, sans qu’ils aient pu se rendre compte de l’expérience vécue par les journalistes racialisés. Récemment, des employés et des anciens employés de Swedish Radio en Suède ont manifesté leur inquiétude quant au fait que leur environnement de travail était un lieu où les idées des journalistes de couleur étaient ignorées, créant ainsi les « conditions pour que les racistes » travaillent parmi euxNote de bas de page 24.

Les entreprises en démarrage du secteur des médias numériques créent une concurrence et donnent l’occasion à des voix diverses d’entrer dans un secteur dont elles auraient autrement pu être exclues. Les gouvernements du monde entier devraient s’efforcer de lever les obstacles qui entravent leur réussite, en trouvant des moyens d’encourager les investissements et de limiter le pouvoir des grands acteurs. Par exemple, en Inde, la survie d’entreprises journalistiques en démarrage est menacée par les mêmes défis que ceux auxquels sont confrontées les entreprises en démarrage du monde entier : des revenus publicitaires engloutis par Facebook et Google et un système qui favorise les médias traditionnelsNote de bas de page 25. Dans un rapport de 2017 sur l’état du journalisme canadien, les petites entreprises de presse numérique ont exprimé leur préoccupation quant au fait que les nouvelles mesures gouvernementales favorisent souvent les grandes organisations de médias en place. Selon ce rapport, les petits organes médiatiques sont incapables de faire ce que les grands médias peuvent faireNote de bas de page 26. D’une certaine manière, c’est vrai, mais la réalité pour de nombreuses collectivités, c’est qu’il est connu que les grands médias ignorent ou servent mal certains publics, comme l’explique le rapport susmentionné sur les entreprises en démarrage en Inde.

Ces dernières années, l’augmentation du nombre de petits acteurs numériques sur la scène journalistique canadienne a eu une incidence sur ce que les médias établis définissent comme des « nouvelles » et « pertinentes ». Prenons l’exemple de The Logic, une nouvelle petite entreprise numérique de Toronto. À l’été 2018, l’organe de presse s’est lancé avec 14 reportages de fond, répartis sur 3,5 mois, sur le projet Sidewalk Toronto. Le fondateur de The Logic, David Skok, pense que ces reportages ont incité le Globe and Mail et le Toronto Star à réaffecter des ressources pour couvrir ce que The Logic était en train de découvrir. « Je suis convaincu et d’avis que notre existence a réellement permis au Globe and Mail et au Toronto Star de s’améliorer sur ce dossier », a déclaré M. SkokNote de bas de page 27>. Les petites entreprises en démarrage pourraient avoir une incidence disproportionnée sur l’écosystème des médias au sens large, car elles s’attaquent à des questions et à des politiques que les grands médias n’ont peut-être pas les ressources ou la volonté d’explorer.

Signaler un problème sur cette page
Veuillez cocher toutes les réponses pertinentes :

Merci de votre aide!

Vous ne recevrez pas de réponse. Pour toute question, s’il vous plaît contactez-nous.

Date de modification: