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La technologie apporte des solutions aux pandémies dans les pays en développement

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Toute une gamme de technologies est utilisée dans différentes parties du monde pour éduquer et informer les populations sur les mesures d’hygiène à prendre pour lutter contre la COVID-19.


Lorsqu’elle rend visite à des patients dans la localité rurale de Sacbichol, au centre du Guatemala, l’infirmière auxiliaire Jeanny Caren Zapeta Rén a accès à l’information numérique la plus récente en matière de santé. Son téléphone Android l’aide à fournir des services de santé de première ligne, qu’il s’agisse de communiquer les résultats d’examens prénataux ou de faire le suivi des enfants à risque de malnutrition.

Un jeune garçon se renseigne sur la COVID-19 en consultant des vidéos d’information sur son téléphone intelligent. Photo: Tula Foundation
Un jeune garçon se renseigne sur la COVID-19 en consultant des vidéos d’information sur son téléphone intelligent. Photo: Tula Foundation

De nos jours, les populations rurales recherchent surtout de l’information sur la COVID-19, et à cet égard, la technologie est vraiment au rendez-vous. Grâce à ce simple appareil fourni par la Tula Foundation du Canada dans le cadre de son projet « Scaling up Maternal, Newborn, and Child Health in Guatemala » (disponible en anglais seulement), Rén a appris à connaître le virus au moyen de vidéos de « microformation » et d’autres documents du ministère de la Santé du Guatemala, accessibles via WhatsApp.

« Dans un premier temps, tout le monde a eu peur. Tout le monde disait : “Nous allons tous attraper le virus!” », se souvient Rén. Après avoir suivi au téléphone de courtes séances axées sur la prévention de la COVID-19 et sur les soins prénataux dans un tel contexte, elle est en mesure de donner des conseils à ses patients. « Maintenant, la population est plus calme, et il y a moins de panique », dit-elle.

Le système de formation par téléphone intelligent fait partie du large éventail de moyens technologiques soutenus par le Canada pour aider les populations des pays en développement à faire face à la maladie et à ses diverses répercussions sociales.

« La technologie peut grandement changer les choses »

« Accroître les connaissances des gens par des moyens technologiques peut grandement changer les choses », affirme Christy Gombay, coordonnateur en santé mondiale de la Tula Foundation, une organisation philanthropique basée à Campbell River, en Colombie-Britannique, et directeur adjoint du programme de santé mondiale à l’Université McMaster de Hamilton, en Ontario.

Grâce à la Tula Foundation et à l’appui du Canada, des Guatémaltèques ont accès à des appareils électroniques et à des formations en ligne pour s’informer sur la COVID-19.
Grâce à la Tula Foundation et à l’appui du Canada, des Guatémaltèques ont accès à des appareils électroniques et à des formations en ligne pour s’informer sur la COVID-19.

Tula a commencé en 2004 à utiliser des téléphones pour offrir une formation à distance à des médecins et à des infirmières dans les régions les plus reculées du Guatemala, en commençant par quatre centres de santé et 28 téléphones. Le financement qu’Affaires mondiales Canada (AMC) a accordé à la fondation en 2016 lui a permis d’étendre son programme axé sur la santé maternelle et infantile.

Aujourd’hui, quelque 4 800 appareils sont utilisés dans 4 des 24 départements du pays, explique Christy Gombay. Le thème de la COVID-19 est devenu un complément essentiel de la microformation et de l’ensemble du système de santé en ligne, étant donné la nécessité de diffuser de l’information sur le virus en espagnol et en quiché auprès du personnel de première ligne.

Le partage d’information et la dissipation des mythes sur la COVID-19 sont également des éléments majeurs de la plateforme de santé mobile qu’utilise Amref Health Africa pour combler le fossé entre le système de santé officiel et les localités mal desservies au Kenya, en Éthiopie, au Malawi et en Tanzanie. Amref, dont le siège est à Nairobi au Kenya, s’associe au Canada pour offrir des programmes numériques axés sur la santé maternelle, néonatale et infantile ainsi que sur la santé et les droits reproductifs. La portée de ces programmes s’étend maintenant à l’information sur la COVID-19, qu’il s’agisse des signes et symptômes de la maladie aussi bien que des explications sur la distanciation physique.

« Cette crise a mis en évidence l’importance et la pertinence des solutions technologiques que nous avons développées », affirme Graham Atkinson, directeur des programmes d’Amref au Canada, basé à Toronto. Le système d’Amref, appelé Leap (disponible en anglais seulement), utilise des téléphones portables de base, qui ne nécessitent pas de connexion Internet, pour envoyer des messages textes, des enregistrements sonores, des jeux-questionnaires et des exercices, et pour tenir des séances de clavardage regroupant des professionnels de la santé et des agents de santé communautaire entre eux et avec des spécialistes du domaine, dit-il. « C’est un outil incroyablement économique qui apporte un soutien pratique aux gens, quels que soient le moment et l’endroit, dans le contexte de la crise mondiale actuelle. »

Grâce au système Leap, quelque 70 000 agents de santé communautaires au Kenya ont appris à repérer, isoler et orienter les cas suspects de COVID-19, et à mettre en œuvre dans leurs collectivités des mesures préventives comme l’installation de stations de lavage des mains. Winfred Luyeku, agente de santé communautaire à Kakamega, dans l’ouest du Kenya, se rend dans des foyers isolés pour former les gens au lavage des mains. « Les enfants sont enthousiastes à l’idée de s’exercer et de partager avec leurs amis ce qu’ils ont appris », dit-elle.

De la souplesse en vue de « la nouvelle normalité »

« Les messages au sujet du virus proviennent directement des autorités sanitaires de chaque pays, et ils peuvent au besoin être traduits et adaptés, » explique Graham Atkinson. Les restrictions de circulation et de rassemblement rendues nécessaires par la pandémie — ainsi que la perspective que cela puisse devenir “la nouvelle norme” dans les années à venir — mettent en évidence l’utilité de technologies souples, ajoute-t-il. « L’information peut rapidement être diffusée au fur et à mesure des changements. »

Les populations rurales ont accès à de l’information sur la COVID-19 grâce à des applications téléphoniques comme WhatsApp. Photo: AMREF Health Africa
Les populations rurales ont accès à de l’information sur la COVID-19 grâce à des applications téléphoniques comme WhatsApp. Photo: AMREF Health Africa

L’adaptation de la technologie pour faire face à la crise de la COVID-19 est au cœur des activités de WelTel Inc., qui utilise les téléphones portables de base des patients pour un monitorage et un soutien directs. Le docteur Richard Lester, infectiologue à Vancouver, est une des personnes qui sont à l’origine de cette technologie créée en 2005 pour améliorer l’observance du traitement chez des patients kenyans séropositifs, auxquels sont envoyés des messages textes automatisés leur demandant comment ils vont.

« Si vous demandez à quelqu’un “Comment allez-vous”, cette personne en viendra à vous dire ce qui compte pour elle, et vous découvrirez des choses », explique le docteur Richard Lester, directeur scientifique de WelTel. Les réponses sont classées et analysées par intelligence artificielle, et toute préoccupation ou question est traitée lors d’un appel téléphonique de suivi ou d’un vidéoclavardage avec les prestataires de soins.

Une occasion parfaite

WelTel, qui reçoit une subvention de Grand Challenges Canada grâce à un financement d’AMC, a étendu son système de messages textes automatisés au domaine de la santé maternelle et infantile. Le docteur Richard Lester a jugé très opportun de l’utiliser aussi pour la COVID-19, et une plateforme a rapidement été mise en place à l’intention des personnes qui ont contracté le virus ou qui sont en quarantaine.

Ce système est bien implanté au Rwanda, où on estime qu’il a permis de maintenir à un niveau relativement bas le nombre de cas de COVID-19, selon M. Lester. Il a aussi été étendu au Kenya et même dans des pays développés, comme en témoigne un projet pilote qui est en cours au Royaume-Uni. Il est également utilisé dans certains programmes au Canada et aux États-Unis, comme moyen de distanciation pour pouvoir interagir en toute sécurité avec les patients atteints de COVID-19.

« Si nous demandons aux gens de s’isoler chez eux, nous devons être en mesure de leur fournir le suivi et le soutien nécessaires, en utilisant une technologie qui permet de communiquer avec les personnes les plus à risque, commente le docteur Lester. Cela permet de garder le contact et de gérer les problèmes qui peuvent surgir. »

La technologie permet également de faire face aux impacts économiques et sociaux de la COVID-19. La radio est utilisée en République démocratique du Congo (RDC) pour éduquer les enfants qui manquent l’école à cause de la pandémie. Le programme Making Waves de War Child Canada, qui était destiné aux filles ayant peu accès à l’éducation formelle, s’est réorienté et a pris de l’ampleur en raison du confinement rendu nécessaire par la COVID-19. En partenariat avec Education Cannot Wait et AMC, Making Waves est maintenant offert à quelque 870 000 enfants de 12 à 17 ans à travers le pays.

Asha Gervan, directrice de War Child Canada en RDC, affirme que ce modèle d’instruction radiophonique interactive (IRI) accélère l’apprentissage. Les matières enseignées vont des mathématiques et de l’histoire jusqu’aux langues et aux compétences de la vie courante, et la sensibilité au genre est intégrée dans ce programme scolaire. Asha Gervan explique que des cours de 90 minutes sont présentés chaque jour à la radio par des aides-enseignants, lesquels demeurent ensuite à l’antenne pour répondre gratuitement aux parents et aux enfants qui souhaitent un suivi.

Accessible, intéressant et amusant

« C’est très accessible, très intéressant et amusant à écouter pour les jeunes élèves », dit Mme Gervan. Making Waves produit également des messages radio sur la COVID-19 et des messages au sujet de la violence sexiste.

Chantal, 16 ans, qui vit à Uvira, une petite ville de l’est de la RDC, confie qu’avant cette émission de radio, elle pensait déjà au mariage parce qu’elle en avait assez de rester à la maison. Ces cours lui ont permis d’être plus à l’aise avec la technologie et de s’intéresser davantage à l’actualité. « Je ne pense plus à me marier, mais plutôt à étudier et à devenir quelqu’un dans la société », dit Chantal, qui espère faire carrière en médecine.

La radio offre aux jeunes élèves un moyen intéressant d’en apprendre davantage sur la santé et l’éducation. Photo : David Kalonji
La radio offre aux jeunes élèves un moyen intéressant d’en apprendre davantage sur la santé et l’éducation. Photo : David Kalonji

Il y a encore des familles qui n’ont pas les moyens d’acheter une simple radio, ce qu’admet Asha Gervan. Alors, War Child distribue des radios selon les besoins. « On a suggéré des technologies plus avancées, mais il n’est tout simplement pas possible de se mettre à distribuer des milliers et des milliers de tablettes. Le coût et la disponibilité de l’électricité et de l’accès à Internet posent aussi un problème », dit-elle. Elle est convaincue que le programme d’instruction radiophonique améliore la résilience à long terme dans les endroits où l’école peut être interrompue par des catastrophes naturelles, des crises sanitaires et des conflits.

Maude Olivier, responsable du développement international à la Direction générale des partenariats pour l’innovation dans le développement, à Affaires mondiales Canada, affirme que le Canada est « ouvert aux nouvelles idées » et s’engage à promouvoir des solutions innovantes aux défis du développement. Il peut s’agir de technologies, de mécanismes de financement et de modes différents de prestation de services, qui permettent d’obtenir de meilleurs résultats et d’avoir un impact plus important.

« En fin de compte, l’innovation consiste à résoudre des problèmes », commente-t-elle. « Il n’est pas nécessaire que ce soit complètement nouveau ou que ça désorganise tout… Les problèmes évoluent, ils sont complexes, et nous devons continuellement réfléchir à des solutions appropriées. »

Selon Maude Olivier, la crise de la COVID-19 a exacerbé les problèmes de développement et a suscité un certain nombre de solutions technologiques, qui sont soutenues par le Canada et d’autres pays et organisations donateurs par l’intermédiaire de l’International Development Innovation Alliance (Alliance internationale pour l’innovation en matière de développement). Le Global Innovation Exchange, une plateforme technologique mondiale de développement qui aide à trouver du financement pour étendre la portée d’innovations prometteuses, dispose d’un carrefour de soutien aux innovations axées sur la pandémie.

« Nous devons adapter, ajuster et étendre les solutions que nous avons déjà trouvées », dit Maude Olivier, par le biais de partenariats et d’alliances avec des universités, par exemple, « ce qui catalyse notre investissement et nous permet d’avoir plus d’impact. »

Une innovation locale et inclusive

L’innovation doit aussi avoir des assises locales, dit-elle, « car ceux qui sont les plus proches des problèmes savent comment les résoudre. Les bénéficiaires eux-mêmes peuvent être des innovateurs, en particulier les femmes et les filles, insiste-t-elle. Le processus doit être inclusif. »

Une innovation qui a plus d’impact et qui améliore l’efficacité valorise les investissements du Canada dans le développement, ajoute Maude Olivier. Et les technologies mises au point pour les pays du Sud peuvent être utilisées à plus grande échelle, partout dans le monde.

Les applications téléphoniques et les suivis médicaux par message texte sont des solutions que certains pays en développement ont déjà adaptées. Photo : WelTel/Richard Lester
Les applications téléphoniques et les suivis médicaux par message texte sont des solutions que certains pays en développement ont déjà adaptées. Photo : WelTel/Richard Lester

Le docteur Richard Lester de WelTel prévoit que les applications utilisées dans le monde en développement, comme les vérifications par messages textes de WelTel, pourront fonctionner ici, au Canada.

« Le paysage numérique évolue, et nous apprenons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, dit-il. Il est important de trouver ce qui touche le plus de gens, et surtout les personnes les plus vulnérables, partout. »

Christy Gombay de la Fondation Tula affirme que la technologie permet aux organisations d’aide d’« adapter l’information à ce qui est raisonnable » dans les contextes locaux. Tula prévoit de développer un programme de microformation sur la COVID-19 et la malnutrition, par exemple, et travaille à constituer un groupe de discussion sur les virus ainsi qu’une foire aux questions à l’intention des professionnels de la santé.

Le gouvernement guatémaltèque a contacté l’organisation pour savoir s’il lui était possible d’étendre son service de santé numérique COVID-19 à d’autres régions, voire à l’ensemble du pays. « En l’absence de tests systématiques, explique Christy Gombay, la technologie peut repérer les points chauds de la COVID-19 où les mesures de confinement devraient être maintenues ou renforcées. »

Le soutien du Canada au programme Tula a été vital, selon Christy Gombay. « Cette pandémie n’a pas fini de s’aggraver, et nous devons faire en sorte que les gens obtiennent l’information dont ils ont besoin, au moment et à l’endroit où ils en ont besoin ».

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