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La pandémie met en lumière les défis et les opportunités liés à l’eau dans les pays en développement


Une dizaine de personnes sont rassemblées autour d’une pompe à main.

Les améliorations en matière d'eau et d'assainissement au Soudan du Sud comprennent l'installation ou la réparation de puits de forage et de pompes à main dans les écoles primaires. Photo : Croix-Rouge canadienne

Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé en mars 2020, les gens de partout dans le monde ont vite fait d’apprendre comment se laver les mains et à quelle fréquence le faire pour éviter et contenir la propagation du virus.

Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé en mars 2020, les gens de partout dans le monde ont vite fait d’apprendre comment se laver les mains et à quelle fréquence le faire pour éviter et contenir la propagation du virus.

Cet apprentissage a été particulièrement difficile pour les habitants du Gogrial occidental, au Soudan du Sud, où l’accès à l’eau et au savon est limité et où la population est peu sensibilisée aux bonnes pratiques de lavage des mains.

Comme les choses ont changé dans la dernière année! Grâce à un projet appuyé par Affaires mondiales Canada et mis en œuvre par la Croix-Rouge canadienne, les écoles, les collectivités et certains foyers ont peu à peu été dotés de nouvelles pompes à main, et celles qui étaient défectueuses ont été réparées. La population a aussi reçu de la formation pour l’aider à améliorer ses pratiques d’hygiène.

« Ce sont des endroits où il n’y avait pas de lieu réservé au lavage des mains ni d’accès continu à de l’eau et à du savon », explique Medoline Lema, représentante de la Croix-Rouge canadienne au Soudan du Sud. Medoline est au fait de ces difficultés, elle qui a grandi dans un village isolé de Tanzanie et qui travaille dans le domaine du développement international depuis 30 ans.

L’eau, un facteur de changement générationnel

Mme Lema, qui a immigré au Canada en 2011, constate l’importance que ses voisins de Mississauga accordent à l’hygiène, lesquels ont des normes de propreté bien différentes qu’ailleurs. « Ils disent : " Vous ne pouvez pas entrer chez moi, la maison n’est pas propre ", dit-elle, alors qu’au Soudan du Sud, les latrines des écoles sont dans un état déplorable. » En effet, la moitié de la population du pays n’a même pas accès à des latrines, et la défécation en plein air est chose courante. « Ce n’est tout simplement pas une priorité », explique-t-elle, étant donné les conflits incessants dans ce pays, sans parler des récentes périodes d’inondations et de sécheresse, des infestations de cultures, des épidémies comme celle du choléra ainsi que des tensions tribales, autant de problèmes qui sont maintenant exacerbés par la pandémie de COVID-19. « Plusieurs crises font rage en même temps. »

Plusieurs enfants sont assis sur des pupitres, à l’extérieur. Ils portent des masques. Une femme, portant elle aussi un masque, est en train de leur parler.

Medoline Lema, représentante de la Croix-Rouge canadienne au Soudan du Sud, parle aux élèves de l'importance de l'hygiène des mains, à l'école primaire Emmy Robin de Kuajok. Photo : Croix-Rouge canadienne

L’initiative de la Croix-Rouge « Corps sains, esprits sains » vise à lever les obstacles à la scolarisation des filles en fournissant aux écoles des installations d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène. Déployée en mars 2020, cette initiative a rapidement été adaptée pour y inclure des activités dans les collectivités desservies par les écoles, notamment en ce qui concerne la prévention de la COVID-19, comme l’explique Mme Lema. Les améliorations en matière d’eau et d’assainissement comprennent l’installation ou la réparation de puits, de pompes à main et de postes de lavage des mains qui sont en fait de grands seaux munis de robinets. Ces postes sont supervisés par un comité formé de membres de la collectivité qui veille à ce qu’ils soient alimentés en eau et en savon.

Mme Lema estime que l’amélioration de l’accès à l’eau au Gogrial occidental peut particulièrement accroître la qualité de vie et les moyens de subsistance des femmes et des filles, car ce sont elles qui doivent transporter sur de longues distances l’eau nécessaire à leur famille, et elles sont exposées à la violence sexiste lorsque les puits et les installations sanitaires se trouvent dans des endroits peu sûrs. Souvent, les adolescentes restent à la maison pendant leurs menstruations parce que les écoles n’ont pas d’installations sanitaires adéquates ou permettant l’intimité. Leur absentéisme fréquent ainsi que leur obligation de transporter l’eau les obligent souvent à abandonner complètement l’école.

Il est essentiel de sensibiliser la population pour l’amener à changer ses pratiques culturelles entourant l’eau potable, selon Mme Lema. Cela implique d’organiser des célébrations spéciales telles que la Journée mondiale du lavage des mains en octobre, de même que la Journée mondiale des toilettes en novembre. Elle trouve particulièrement encourageant de voir qu’à l’occasion de ces événements, les enfants « parlent de manière très convaincante de l’importance » d’une meilleure hygiène. « Il s’agira peut-être d’un changement générationnel, mais les choses changeront », dit-elle.

Tout se tient

A Un homme utilise la pédale d’une station de lavage des mains.

Moosa Lashari, ingénieur pour WaterAid Pakistan, fait la démonstration d'une nouvelle station de lavage des mains à l'extérieur de l'hôtel Café Kamran à Garo. Photo : Sehar Taimoor/WaterAid Pakistan

Au Pakistan, le projet HerWASH, soutenu par le Canada, vise à améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des adolescentes grâce à une meilleure hygiène menstruelle. Sarah Schattmann, chef de projet pour WaterAid Canada – l’organisme chargé de la mise en œuvre de HerWASH au Pakistan, au Burkina Faso, au Liberia et en Sierra Leone –, estime qu’un aspect important de ce projet est l’amélioration des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène. Cela passe avant tout par la remise en état des latrines dans les écoles et les centres de soins pour les rendre accessibles, adaptées aux genres, et équipées pour répondre aux besoins des femmes et des filles en matière d’hygiène menstruelle.

Les efforts accrus déployés depuis le début de la pandémie incluent des mesures de « changement de comportement en matière d’hygiène en situation d’urgence », mesures qui visent à préserver la sécurité de la population. « WaterAid se concentre sur l’hygiène depuis 40 ans, mais la COVID-19 a mis le lavage des mains et l’hygiène au premier plan, en plus de faire ressortir l’importance vitale d’une bonne hygiène pour le contrôle et la prévention des maladies », ajoute Mme Schattmann.

L’organisme et son partenaire de mise en œuvre au Pakistan, le Programme national de soutien rural (PNSR), installent des stations de lavage des mains dans des collectivités clés comme Garo, une ville rurale de la périphérie de Karachi. Située à l’extérieur d’un hôtel populaire appelé le Café Kamran, cette station de lavage des mains est équipée d’une pédale pour éviter que les utilisateurs la touchent et transmettent ainsi la COVID-19.

Samina Kanwal, qui travaille pour le PNSR, explique que cette initiative est assortie d’une campagne de sensibilisation de masse à l’hygiène afin que « les populations acquièrent de meilleures connaissances et prennent soin d’elles-mêmes ». Elle organise des séances d’information mensuelles et effectue des suivis dans les familles pour renforcer des pratiques comme le lavage des mains au savon. « Habituellement, les gens se lavent les mains seulement à l’eau », explique Mme Kanwal.

Selon Mme Schattmann, ces simples leçons peuvent avoir une réelle incidence aussi bien sur la santé que sur l’égalité des genres.

« Tout se tient », dit-elle, en faisant remarquer que WaterAid collabore avec les gouvernements et d’autres acteurs pour que les bienfaits de telles interventions en matière d’eau et d’assainissement se fassent sentir bien au-delà de la crise sanitaire mondiale actuelle. « Il est possible de tirer parti de la dynamique en matière d’hygiène et d’établir des liens entre la COVID-19 et d’autres maladies diarrhéiques et maladies tropicales négligées, dit-elle. Et il s’agit de la meilleure ligne de défense contre les futures pandémies. »

Des changements de comportement qui améliorent la vie des gens

L’amélioration de l’hygiène en toute sécurité et à prix abordable est un volet important d’un projet de l’UNICEF appuyé par le Canada et destiné à faire progresser l’éducation des filles au Mozambique. L’initiative déployée dans la province rurale de Tete, dans la partie centrale du pays, comprend la construction dans les écoles de blocs sanitaires « sensibles au genre ». Les filles ont ainsi accès à des installations distinctes munies de portes pour l’intimité, d’armoires pour ranger les produits sanitaires et d’eau pour se laver.

Alberto Cumbana, spécialiste de l’eau et de l’assainissement pour l’UNICEF au Mozambique, affirme que ces « latrines sèches », faites de blocs de béton souterrains peuvent servir à composter les déchets humains afin d’en faire de précieux amendements pour le sol. Elles sont de loin supérieures aux traditionnelles latrines à fosse, qui sont à ciel ouvert et qui ont tendance à s’effondrer pendant la saison des pluies. Auparavant, certaines écoles n’avaient pas du tout d’eau ni d’installations sanitaires.

Une fillette remplit une tasse d’eau à l’aide d’un distributeur. Plusieurs enfants la regardent faire.

Les nouveaux points d'eau installés dans les écoles de Tete, une province rurale du centre du Mozambique, permettent de se laver les mains et de boire de l'eau. Photo : UNICEF/2020

Les « clubs d’assainissement » scolaires veillent à ce que l’utilisation et le nettoyage des toilettes se fassent correctement, et ils enseignent les techniques de lavage des mains, comme l’explique M. Cumbana. Les nouveaux points d’eau sont supervisés par des comités composés d’enseignants et de membres de la collectivité, dont au moins la moitié sont des femmes.

« Le décrochage scolaire chez les filles a diminué grâce aux nouvelles installations sanitaires. De même, les enfants qui reçoivent des leçons d’hygiène rapportent le message à la maison, ce qui entraîne une modification durable des comportements, explique M. Cumbana. Cela change vraiment les choses parmi la population. »

Selon M. Cumbana, l’amélioration de l’approvisionnement en eau fait en sorte que les filles « ont plus de temps pour aller à l’école et pour faire leurs devoirs à la maison ». Et les femmes peuvent participer à des activités plus épanouissantes que le transport de l’eau. « C’est une grande amélioration dans leur vie. »

Il aimerait que le Canada et la technologie canadienne puissent contribuer à d’autres améliorations au Mozambique, comme des systèmes d’énergie solaire qui permettent d’avoir l’eau courante et même des toilettes à chasse d’eau, ce qui serait particulièrement utile dans les grandes écoles secondaires. Il espère que de telles améliorations verront le jour, mais tout commence par une meilleure prise de conscience et par l’engagement des autorités à faire de l’eau et de l’assainissement une priorité. « Le changement est lent, mais nous sommes convaincus que les choses vont s’améliorer », ajoute M. Cumbana.

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