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La restauration des terrains marécageux crée de nouvelles possibilités pour les régions rurales de l’Ouganda


Shildah Nabimanya est bien consciente de la dévastation écologique et sociale qui peut se produire lorsque le développement rural se heurte à la protection de la nature.

Quand elle était jeune, le terrain marécageux de Nyakambu où vit Mme Nabimanya, dans le district de Sheema (dans l’ouest de l’Ouganda), était asséché pour cultiver les terres et faire paître le bétail. Mais en raison de l’épuisement de la source naturelle d’eau, les champs se sont asséchés et les vaches ont souffert de malnutrition, laissant les familles face à des pénuries de nourriture et d’eau.

Shildah Nabimanya se lave les mains à l’aide d’un robinet à l’extérieur.

Shildah Nabimanya utilise une source d’eau naturelle à des fins d’hygiène et de consommation. Source : gouvernement ougandais/FVC/PNUD.

« Les mères devaient aller chercher de l’eau très loin lors des journées chaudes et ensoleillées », se souvient Mme Nabimanya, aujourd’hui âgée de 21 ans. « Les enfants n’allaient plus à l’école, ils étaient obligés d’aller chercher de l’eau eux aussi. »

Devant un avenir incertain, la population locale s’est défendue. Elle a formé une coopérative agricole dans le cadre d’un projet soutenu par Affaires mondiales Canada par l’entremise du Fonds vert pour le climat (FVC) et mis en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Cette coopérative restaure les terrains marécageux ougandais et leur offre de nouvelles possibilités économiques.

Aujourd’hui, Mme Nabimanya fait partie de l’Association des cadres du Comité de suivi des catastrophes du terrain marécageux restauré de Masheruka, un groupe de 100 personnes qui soutient les initiatives de conservation à Sheema. Parmi les activités de l’association, citons la production de miel à partir des 25 ruches fournies par le programme du FVC. Les profits générés par l’apiculture sont versés dans une facilité de crédit que les membres de la communauté peuvent utiliser pour devenir plus résilients aux répercussions des changements climatiques.

Fournir une solution de rechange aux écosystèmes en dégradation

Shildah Nabimanya en combinaison d’apiculture, marchant dans un champ d’herbes hautes pour récolter du miel.

L’apiculture permet de lutter contre les effets négatifs des changements climatiques tout en renforçant les communautés. Source : GoU/GCF/UNDP.

« L’idée est de fournir une solution de rechange aux écosystèmes en dégradation », explique Benjamin Larroquette, conseiller technique du projet pour le PNUD, qui aide le gouvernement ougandais à gérer les terrains marécageux du pays.

Selon M. Larroquette, ces terrains marécageux s’assèchent en raison des changements climatiques et sont également drainés pour l’agriculture. Ils sont à risque, car ils deviennent souvent trop secs et peuvent aussi être inondés lorsqu’il pleut. Le projet du PNUD aide les gens à rétablir les niveaux d’eau, à régénérer la végétation naturelle et à trouver d’autres sources de revenus comme l’apiculture, l’élevage de volailles et la pisciculture.

Un rapport de l’ONU publié en 2019 révèle que, parmi les habitats naturels dévastés par l’homme, ce sont les terrains marécageux qui ont le plus souffert. En effet, 85 % de tous les terrains marécageux dans le monde ont été asséchés entre 1700 et 2000.

Les zones humides couvrent environ 13 % de la superficie terrestre du Canada. Autrefois abondamment réparties dans tout le pays, elles sont en déclin dans des régions comme le sud de l'Ontario, où 68 % des zones humides d'origine ont été converties de leur état naturel pour soutenir des utilisations comme l'agriculture et le logement.

Rien qu’au cours des 15 dernières années, l’Ouganda a perdu 30 % de ses terrains marécageux. Entretemps, quelque 4 millions de personnes, soit environ un dixième de la population du pays, continuent de vivre à l’intérieur et aux environs des terres marécageuses et en dépendent pour leur sécurité alimentaire. Les terrains marécageux agissent comme de vastes réservoirs : ils régularisent les flux d’eau pendant les inondations et reconstituent les réserves d’eau en période de sécheresse. Les changements climatiques, ainsi que d’autres contraintes environnementales, accentuent le déclin de ces écosystèmes. Ils réduisent leur capacité à capturer le carbone de l’atmosphère et rendent les terres moins productives.

Shildah Nabimanya assise, tressant un panier coloré.

Les zones humides fournissent également des matériaux qui peuvent être utilisés à des fins artistiques, offrant ainsi des possibilités infinies. Source : GoU/GCF/UNDP.

L’amélioration des terrains marécageux peut apporter de nombreux services et avantages à la communauté locale, explique M. Larroquette. Comme les terrains sont remplis d’eau en permanence, des pompes solaires peuvent être utilisées pour irriguer les terres agricoles voisines. Ces fermes ne sont pas de grandes activités commerciales, mais elles permettent aux gens de cultiver les sols pour se nourrir et vendre leurs produits à l’échelle locale. Le programme prévoit également de petites activités entrepreneuriales.

Par exemple, Shildah Nabimanya, mère de 2 enfants, est devenue couturière et artisane. Elle fabrique des paniers colorés à partir d’herbes et autres matériaux récoltés dans les terres marécageuses. Elle a appris la couture dans un cours payé par le programme de crédit mis en place avec les fonds de l’entreprise apicole.

« J’ai pu emprunter pour acheter du matériel pour mon entreprise de couture et répondre aux besoins de ma famille », explique-t-elle, soulignant que les femmes profitent particulièrement du projet, car il leur permet de subvenir aux besoins de leur foyer. Elles empruntent de l’argent pour acheter des produits de base comme du sel et du savon, ainsi que pour acheter et élever des cochons et des chèvres.

Tout le monde a la possibilité d’en tirer parti

Julius Tumusiime exprime l’importance de la restauration des écosystèmes pour les communautés. Source : gouvernement ougandais/FVC/PNUD.

Julius Tumusiime, président de la coopérative, affirme que tout le monde a la possibilité de tirer parti de l’écosystème restauré. Par exemple, les gens coupent l’herbe abondante près du terrain marécageux et la vendent à des communautés extérieures en tant que paillis pour les plantations de bananes, améliorant la productivité des plantations. La communauté récolte également des poissons-castors, qui vivent dans les zones marécageuses. Ceux-ci, qui sont fumés et vendus, constituent également une source de protéines pour la population locale.

Le programme renforce également la capacité de l’Ouganda à gérer les terres marécageuses, affirme M. Larroquette. Des équipements automatisés installés dans les terres marécageuses y enregistrent les conditions météorologiques et relaient l’information au moyen d’un réseau mobile à un serveur central dans la capitale, Kampala. Les autorités responsables de la météorologie et de la gestion des catastrophes du pays peuvent rassembler ces données et fournir des renseignements climatiques aux communautés locales, comme émettre des alertes rapides en cas de prévision de crue soudaine.

Selon M. Larroquette, si le projet ougandais est couronné de succès, il pourrait être reproduit dans d’autres terres marécageuses et écosystèmes dégradés dans le pays, ailleurs en Afrique et dans le monde, dans des pays comme le Canada. Le projet du PNUD est peut-être relativement petit, note-t-il, mais son incidence va bien au-delà de la région et du pays.

« S’il y a une déforestation à un endroit, ses effets sont ressentis à l’autre bout du monde, explique-t-il. Lorsque nous restaurons des écosystèmes, nous contribuons au bien-être de la planète. Tout est interrelié. »

Mme Nabimanya est optimiste quant à l’avenir, et elle espère que le projet de Nyakambu deviendra un modèle pour montrer que les gens et les terres marécageuses peuvent coexister.

« Je veux montrer aux autres jeunes qu’en tant que futurs leaders et responsables des ressources naturelles, nous pouvons faire mieux pour garantir leur utilisation durable », affirme Mme Nabimanya, qui souhaite élargir son entreprise de couture. « Je veux partager mes compétences avec d’autres jeunes de ma communauté. À notre tour, nous pouvons en dissuader plusieurs de dégrader l’environnement. »

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