Sélection de la langue

Recherche

Yasmin Ullah, qui a trouvé du réconfort dans la poésie dès son plus jeune âge, exprime ce que c’est que d’être une Rohingya.

Une réfugiée met sa passion et sa poésie au service de la cause des Rohingyas

Arrivée au Canada en tant que réfugiée rohingya à l’âge de 19 ans, Yasmin Ullah était déterminée à améliorer sa qualité de vie en optant pour des études supérieures. Sa famille avait fui les persécutions dans le nord de l’État de Rakhine au Myanmar lorsqu’elle avait 3 ans. Elle a ensuite vécu dans la Thaïlande voisine avant de s’installer à Surrey, en Colombie-Britannique, avec son père et son frère en 2011.

Une jeune fille portant une robe blanche tient la main d’une autre femme portant un foulard or, à côté d’une autre femme portant une robe rouge et un foulard blanc avec un bébé dans les bras.
Yasmin Ullah (à gauche) a vécu en Thaïlande après que sa famille a fui les persécutions au Myanmar lorsqu’elle avait trois ans. Sur cette photo de 1998, on la voit avec sa mère, qui tient dans ses bras son petit frère, ainsi qu’avec sa tante.
Photo fournie gracieusement par Yasmin Ullah

Mme Ullah est entrée à l’université 2 ans plus tard avec l’objectif de travailler dans le domaine médical. Mais ayant grandi en parlant le rohingya et le thaï, elle s’est aperçue qu’elle n’avait pas les compétences nécessaires pour penser de manière critique en anglais. En difficulté dans ses cours, elle quitte l’école et trouve un emploi de réceptionniste et d’assistante dentaire dans un cabinet de dentiste.

La pause dans ses études n’a pas seulement aidé Mme Ullah à surmonter ses « obstacles linguistiques », se souvient-elle, « j’ai pu jeter un regard plus profond sur moi-même pour voir ce que je voulais vraiment faire à l’avenir. » Cela s’est précisé à l’été 2017, lorsque des centaines de milliers de Rohingyas n’ont eu d’autre choix que de fuir les atrocités de masse commises au cours d’une répression militaire au Myanmar. Mme Ullah décide alors d’être la porte-parole de la crise humanitaire et de faire la promotion d’un site de financement participatif en ligne qui distribuait des dons aux personnes anéanties par les attaques.

 Une femme portant un foulard vert.
Yasmin Ullah est une étudiante, une poète et une militante pour la justice sociale.
Photo fournie gracieusement par Yasmin Ullah

De retour en classe l’année suivante, Mme Ullah change de sujet d’études de premier cycle pour se tourner vers les sciences politiques et la sociologie. Il s’agissait de disciplines qui « me feraient progresser dans la réalisation de mes objectifs », selon ses dires, d’une carrière dans le domaine des droits de la personne. « Elles m’ont également aidée à mieux comprendre l’état du monde et la façon dont je pouvais aider. »

Aujourd’hui, Mme Ullah, âgée de 30 ans, se définit comme militante pour la justice sociale. Elle fait partie du millier de réfugiés rohingyas qui vivent actuellement au Canada, selon l’Association des Rohingyas du Canada. Le groupe s’efforce de sensibiliser le public à la situation grave des Rohingyas au Myanmar et des personnes déplacées dans des camps de réfugiés au-delà de ses frontières.

En tant que consultante et militante, Mme Ullah parle avec passion des attaques de 2017 contre les Rohingyas, que le Canada a qualifiées de génocide à la suite d’une motion présentée à la Chambre des communes en septembre 2018. Elle fait passer le mot sur les difficultés éprouvées par les Rohingyas dans le cadre de conférences et communique son histoire aux médias.

 Une femme portant un foulard vert parle dans un microphone tenu par un homme, devant un groupe de personnes brandissant des pancartes.
Yasmin Ullah fait connaître les difficultés rencontrées par les Rohingyas lors de conférences et raconte son histoire aux médias.
Photo fournie gracieusement par Yasmin Ullah

Mme Ullah a contribué à créer un outil d’apprentissage appelé Nous contre Eux pour le Musée de l’Holocauste à Montréal, à l’usage des enseignants pour aider les élèves à s’informer sur les origines du génocide. Elle a également été conseillère pour une exposition organisée au Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, intitulée Il est temps d’agir : Témoignages de Rohingyas. En outre, elle raconte son histoire dans un article sur les femmes rohingyas réclamant la justice.

Elle est l’ancienne présidente du Réseau des droits de la personne des Rohingyas, un groupe sans but lucratif de militants rohingyas de partout au Canada. Elle fait partie du comité directeur d’un projet appelé Bridges MM, un « espace sûr » créé pour les jeunes militants et leaders du Myanmar afin qu’ils puissent échanger leurs points de vue sur des questions humanitaires.

 Deux enfants marchant vers une rivière; un pont et un camp de réfugiés sont en arrière-plan.
Yasmin Ullah affirme que si le Canada peut travailler avec ses alliés pour assurer la sécurité et la protection des Rohingyas et trouver des solutions durables pour eux, cela « changerait la vie de personnes comme moi qui sont toujours retenues dans des camps ou au Myanmar ».
UNICEF Bangladesh/2019/Modola

« Nous invitons également des experts dans différents domaines des droits de la personne à communiquer leurs points de vue et leur sagesse sur les luttes actuelles et les meilleures façons d’y faire face », explique Mme Ullah, qui estime qu’il est important de trouver des solutions à l’oppression ethnique au Myanmar de l’intérieur. « L’établissement de liens au niveau personnel nous aide à nous rapprocher de cet objectif. »

Mme Ullah est également poète, ayant trouvé du réconfort dans la poésie dès son plus jeune âge. « Cela m’a inspiré à essayer d’exprimer ce que c’est que d’être une Rohingya, ce que c’est que de traverser ce tourbillon de séparation et de violence, et comment en faire de l’art », explique-t-elle. Elle déclare : « Je ne suis qu’une simple amatrice, mais j’ai le sentiment que je peux, par la poésie, certainement en dire plus avec moins de mots. » Deux de ses œuvres ont été publiées dans I Am a Rohingya: Poetry from the Camps and Beyond [Je suis une Rohingya : Poésie des camps et d’ailleurs], une anthologie de poésie de 2019. Elle est également l’auteure d’un livre illustré pour enfants qui sortira à l’été. Intitulé Hafsa and the Magical Ring [Hafsa et l’anneau magique], il s’agit d’un livre qui examine le thème des personnes déplacées qui transforment des matériaux organiques en objets utiles.

Mme Ullah terminera bientôt son baccalauréat et espère poursuivre des études supérieures, dans le but de devenir une avocate internationale spécialisée dans les droits de la personne et ultérieurement professeure. Elle a obtenu la citoyenneté canadienne en 2016 et est reconnaissante que sa famille ait « enfin trouvé un foyer » ici. Elle est également reconnaissante de ce que ce pays a fait pour le peuple rohingya, tout en espérant qu’il puisse en faire davantage.

« Le Canada est bien positionné et fort respecté par la communauté internationale. Ce que nous disons a de l’importance, et ce que le gouvernement canadien propose comme solution ou comme orientation ou conseil a beaucoup de poids, soutient-elle. Travailler avec nos alliés pour assurer la sécurité, la protection et des solutions durables à l’intérieur des camps et au Myanmar changerait la vie de personnes comme moi qui sont toujours coincées dans les camps ou au Myanmar. »

 Une femme portant un foulard bourgogne et un veston noir avec une carte d’identité bleue se tient devant une cour.
Yasmin Ullah se tient devant la Cour internationale de justice à La Haye, au début 2020.
Photo fournie gracieusement par EFE

Elle estime que les Canadiens peuvent comprendre les difficultés des Rohingyas, la plus grande population apatride du monde. C’est parce que leur histoire en est une de lutte, « à laquelle tout le monde peut s’identifier », de commenter Mme Ullah.

« J’espère que les Canadiens peuvent constater que le peuple rohingya n’est pas très différent des Canadiens, ou de quiconque sur cette terre », souligne-t-elle, ajoutant que leurs épreuves jusqu’à présent devraient être considérées comme une preuve de leur force plutôt que de leur victimisation. « Nous sommes un peuple qui existe, qui prospère, qui survit, qui essaie. Au bout du compte, nous sommes juste tous des êtres humains, qui essaient de tirer le meilleur parti possible de l’existence. »

Signaler un problème sur cette page
Veuillez cocher toutes les réponses pertinentes :

Merci de votre aide!

Vous ne recevrez pas de réponse. Pour toute question, s’il vous plaît contactez-nous.

Date de modification: