Politique de champ d’action : La dignité humaine (Santé et nutrition, Éducation, Action humanitaire tenant compte des genres)
L’approche féministe du Canada à l’égard de la dignité humaine se concentrera sur trois domaines principaux : la santé et la nutrition, l’éducation et une action humanitaire tenant compte des genres.
Quel que soit le contexte, les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées font face à des obstacles pour accéder aux ressources, au soutien et aux services en matière de santé, de nutrition et d’éducation, et leur vulnérabilité s’accroît en période de crise. Trop souvent, ces personnes sont des femmes et des filles. Même lorsqu’elles ont accès aux services dont elles ont besoin, ces personnes peuvent être victimes de violence et de discrimination en raison de relations de pouvoir inégales profondément enracinées. En conséquence, elles sont incapables d’atteindre leur plein potentiel en tant qu’individus et de briser le cycle de la pauvreté. C’est la raison pour laquelle le Canada fait de la promotion de la dignité humaine l’un des champs d’action de sa Politique d’aide internationale féministe.
Santé et nutrition
Contexte
Au cours des dernières décennies, des progrès considérables ont été accomplis au chapitre des résultats en matière de santé et de nutrition dans les pays en voie de développement. Ces progrès ont toutefois été inégaux, laissant souvent de côté les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées dans les communautés moins bien desservies.
Les investissements dans la santé et la nutrition des personnes pauvres permettent de créer un effet d’entraînement qui se traduit par des avantages multiples. Lorsque les personnes sont en bonne santé et qu’elles sont en mesure d’atteindre leur plein potentiel, non seulement elles arrivent à survivre, mais elles prospèrent et peuvent se transformer et transformer leur communauté.
Cependant, l’atteinte de l’objectif en matière de santé et de bien-être pour les pauvres dans le monde représente un défi de taille.
Des systèmes de santé inadéquats, et les lacunes qui en découlent en matière de disponibilité, de qualité, d’acceptabilité et d’accessibilité des services limitent la capacité des pays à répondre aux besoins de leur population en matière de santé et de nutrition. Les systèmes de santé restent sous-financés, ce qui réduit la disponibilité et la couverture de services, produits et information complets. Cet état de fait s’aggrave en situation de crise, lorsque les faiblesses inhérentes réduisent la capacité des systèmes de santé à résister aux chocs. À cela s’ajoute la faiblesse des données et des systèmes de données, qui nuisent à une compréhension adéquate des enjeux touchant la population pauvre ainsi qu’à la possibilité de mettre en place des politiques et des programmes basés sur des données probantes.
L’accès aux services de santé reste inégal. Les femmes et les filles en particulier font face à des obstacles sexospécifiques, socioculturels et structurels, notamment les suivants : un pouvoir de décision et un contrôle limités à l’égard des ressources, des soins personnels et de la nutrition; des normes sociales néfastes; de la discrimination; de la violence sexuelle et fondée sur le genre; et des obstacles financiers à l’accès aux services et à l’information. Souvent, leur voix dans les processus décisionnels n’est pas entendue et leurs points de vue ne sont pas adéquatement reflétés dans les politiques et programmes nationaux, régionaux, communautaires et domestiques.
Il y a des lacunes cruciales en ce qui a trait à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, y compris des politiques qui restreignent l’accès des femmes et des filles à la planification familiale, à l’éducation sexuelle complète, aux soins de base en santé reproductive, à l’avortement sécuritaire et aux soins après avortement. Le caractère généralisé de la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris les mariages d’enfants, précoces et forcés, limite également la capacité des femmes et des filles de prendre des décisions libres et éclairées sur leur propre corps et leur sexualité. Les adolescents font face à des obstacles particuliers en ce qui a trait à l’accès aux services de santé, en raison du manque d’information précise et factuelle sur leurs besoins, des préjugés des fournisseurs de soins de santé, des politiques nationales restrictives et d’un pouvoir décisionnel limité.
Les femmes et les filles se nourrissent le moins et mangent les dernières, encore à l’heure actuelle. Les femmes doivent continuellement relever des obstacles à l’accès à une nutrition adéquate, pour elles-mêmes et pour leurs enfants. Cela augmente les risques de carences nutritionnelles et met en péril non seulement leur vie et leurs moyens de subsistance, mais ceux de leurs enfants. Les études ont montré que les 1 000 premiers jours de la vie – de la grossesse au second anniversaire de l’enfant – sont une période cruciale pour la nutrition de la mère et de l’enfant. L’adolescence est également une phase à haut risque de carence nutritionnelle, car il s’agit de la période de croissance la plus rapide après celle de la petite enfance. Une nutrition pauvre pendant l’adolescence affectera non seulement la taille et le poids du corps de l’adulte, mais également ceux des enfants nés de mères adolescentes, créant ainsi un cycle vicieux de malnutrition.
Tous ces facteurs mettent une part disproportionnée du fardeau des maladies et de la mortalité sur les personnes marginalisées. En conséquence, les maladies infectieuses, la malnutrition, les maladies hydriques, une mauvaise hygiène, l’incapacité à obtenir et demander des services en santé sexuelle et reproductive qui sont de haute qualité et appropriés selon l’âge, ainsi que des lacunes en matière de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants restent les principales causes de mortalité et de morbidité dans les pays à faibles revenus.
Les priorités du Canada
Le Canada concentre ses efforts sur les trois programmes d’action suivants :
- Améliorer la qualité et l’accessibilité aux services de santé pour les plus marginalisés
- Accroître l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs complets
- Amélioration de la nutrition tenant compte du genre pour les plus pauvres et les plus marginalisés
Le Canada soutient des approches fondées sur les droits de la personne qui placent les plus pauvres et les plus marginalisés au cœur de tous les efforts et favorise un dialogue constructif sur les questions de droits liées à la santé et à la nutrition. Le Canada préconise l’élimination des obstacles structurels, socioculturels et liés au genre et travaille en partenariat avec des organisations locales et nationales afin de poursuivre cet objectif.
Le Canada collabore avec un large éventail de parties prenantes, y compris les organisations de femmes, la société civile locale et les communautés, les défenseurs des droits de la personne, les leaders traditionnels, les hommes et les garçons, les partenaires multilatéraux et mondiaux, les autres donateurs et des partenaires non traditionnels comme le secteur privé afin d’encourager la coordination et la collaboration et démultiplier les efforts.
Le Canada travaille avec des adolescents et des organisations de jeunes préconisant l’intensification des actions en matière de santé et de nutrition des adolescents, et il soutient des initiatives qui amplifient la voix des femmes et des filles au sein du secteur de la santé et de la nutrition et en dehors de celui-ci, en mettant l’accent sur l’appropriation par les acteurs locaux et sur les approches favorisant les transformations sexospécifiques.
Le Canada adopte une approche multisectorielle fondée sur les déterminants sociaux de la santé et de la nutrition, en mettant l’accent sur les démarches innovantes. Le Canada s’inspire des pratiques exemplaires et envisage des solutions nouvelles et innovantes lorsque cela s’avère pertinent. L’innovation en matière de développement pourrait, le cas échéant, jouer un rôle dans l’offre de solutions nouvelles ou améliorées (modèles d’affaires, pratiques stratégiques, approches, partenariats, technologies, indications sur les comportements, modes de livraison) afin de transformer les méthodes existantes.
Le Canada appuie également des interventions en santé et nutrition tenant compte des genres dans les situations de crises et de conflits. Les composantes clés des interventions canadiennes sont les suivantes : fournir des services de santé et de nutrition aux plus vulnérables, y compris ceux liés à la santé et aux droits sexuels et reproductifs; renforcer la résilience; et soutenir des systèmes de santé durables.
1. Améliorer la qualité et l’accessibilité aux services de santé pour les plus marginalisés
Pour contribuer à améliorer l’accès inclusif et équitable à des services de santé de qualité qui sont adaptés à l’âge et qui tiennent compte des genres, il faut appuyer des initiatives fondées sur des données probantes et basées sur les droits de la personne, en cherchant avant tout à répondre aux besoins variés des plus pauvres et des plus marginalisés, en particulier les femmes et les filles. Cela suppose également le soutien de la résilience des systèmes de santé et l’amélioration des structures de gouvernance et de responsabilisation.
Pour faire progresser l’accès inclusif et équitable des personnes les plus marginalisées à des services de santé, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il travaille avec les ministères de la Santé et d’autres parties prenantes pour contribuer à une couverture universelle en matière de santé grâce au renforcement des systèmes de santé. De cette façon, le Canada pourrait contribuer à améliorer la capacité des établissements de santé et des prestataires de services de santé de tenir compte des genres et de fournir des services et des renseignements adaptés aux adolescents, y compris dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive.
- Le Canada met en œuvre une approche axée sur les droits de la personne au chapitre de la santé et de la nutrition afin de contribuer à l’élimination des obstacles à l’accès aux services de santé par les femmes et les filles, y compris à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.
- Il soutient l’amélioration des chaînes d’approvisionnement, l’amélioration des politiques en santé afin qu’elles tiennent mieux compte des genres et des droits, et l’amélioration des mécanismes de financement, de gouvernance et de responsabilisation. Le Canada pourrait aussi chercher à soutenir la recherche et l’amélioration des systèmes d’information sur la santé adaptés à l’âge et tenant compte des genres, en renforçant les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil.
- Le Canada lutte contre les maladies infectieuses, y compris le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme. Il améliore l’accès aux vaccins et médicaments essentiels pour tous. Les initiatives touchant l’eau, l’assainissement et l’hygiène, notamment la gestion de l’hygiène menstruelle, restent des enjeux importants et une priorité possible des initiatives canadiennes.
- Le Canada renforce la résilience des systèmes de santé aux chocs liés aux urgences, comme les épidémies, les conflits et les désastres naturels, en portant une attention particulière aux répercussions de ces événements sur les populations pauvres.
- Il travaille avec des entrepreneurs, investisseurs, innovateurs et experts de l’ensemble des secteurs, dans le monde entier, pour accélérer les innovations à haut potentiel, catalysant ainsi les investissements et augmentant la sensibilisation et le soutien aux idées transformatrices afin d’améliorer la santé et la nutrition et de sauver des vies. À cette fin, il utilisera notamment des approches financières novatrices.
2. Accroître l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs complets
Soutenir les systèmes nationaux dans le cadre de la prestation d’une approche complète et multisectorielle à la santé et aux droits sexuels et reproductifs permet d’éliminer les barrières à l’accès aux services et de combler les lacunes connexes à tous les niveaux au sein du système de santé, y compris dans les contextes humanitaires, fragiles ou de crises. Cela comprend l’amélioration de l’environnement juridique et politique, le renforcement du pouvoir des communautés afin qu’elles puissent connaître et revendiquer leurs droits sexuels et reproductifs, et demander réparation lorsque ces droits sont bafoués. Cela comprend aussi le renforcement de la capacité des parties prenantes au plaidoyer en faveur d’une approche féministe à la santé et aux droits sexuels et reproductifs ainsi qu’au soutien de cette approche.
Pour soutenir une approche complète et multisectorielle en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il préconise des approches en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs complets tenant compte des genres, adaptées à l’âge et basées sur les droits de la personne pour tous ses investissements. Il suscitera de nouvelles façons de travailler, notamment en amplifiant la voix et la participation des femmes et des filles, et il encouragera un dialogue constructif avec un large éventail de parties prenantes comme la société civile locale, les leaders communautaires et traditionnels, les populations indigènes, les groupes 2ELGBTQI+, ainsi que les hommes et les garçons, afin de promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs complets pour tous.
- Le Canada soutient et favorise des approches intégrées et multisectorielles visant à améliorer l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale et la contraception, ainsi que l’accès à l’avortement sécuritaire et légal et aux soins après avortement.
- Il préconise et appuie un accès amélioré à l’éducation sexuelle complète, qui aborde les normes sociales limitant le contrôle qu’ont les femmes et les filles sur leur corps et sur les prises de décisions liées à leur santé sexuelle et reproductive.
- Le Canada renforce la prévention, le traitement et la prise en charge des infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/SIDA et les infections de l’appareil génital. Il soutient également des initiatives qui renforcent la prévention de la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris les pratiques néfastes telles que les mariages d’enfants, précoces et forcés et les mutilations génitales féminines, ainsi que les interventions à cet égard.
- Il soutient aussi les efforts visant à éliminer les barrières judiciaires et légales à l’accomplissement de la santé et des droits sexuels et reproductifs.
3. Amélioration de la nutrition sensible au genre pour les plus pauvres et les plus marginalisés
Améliorer la nutrition sensible au genre des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées en améliorant l’accès à des aliments nutritifs, aux micronutriments et à des services nutritionnels complets permet de lutter contre la malnutrition aiguë et d’appuyer les systèmes de production alimentaire tenant compte de la nutrition tout le long du cycle de vie. Cela demande de mettre l’accent sur les femmes, les adolescents et les jeunes enfants afin de lutter avant tout contre la sous-nutrition et les carences en micronutriments.
Pour faire progresser la nutrition sensible au genre de ces groupes, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il soutient la participation accrue des femmes et des filles aux prises de décisions du ménage sur les questions de nutrition et de régime alimentaire. Il suscitera de nouvelles façons de travailler, y compris grâce à un engagement accru avec des partenaires non traditionnels comme le secteur privé, et envisagera de nouveaux mécanismes et modèles de financement afin de surmonter les enjeux complexes de nutrition.
- Le Canada contribue à améliorer la nutrition en intensifiant des interventions efficaces qui répondent aux besoins nutritionnels des femmes et des filles. Cela pourrait inclure un renforcement de la capacité des communautés à produire des aliments nutritionnels divers et à y avoir accès, ainsi que le soutien de plateformes de prestation multisectorielles novatrices qui répondent aux besoins nutritionnels des femmes, des adolescents et des jeunes enfants.
- Il encourage le développement de nouveaux produits et les transferts de technologie afin de surmonter les derniers obstacles à une nutrition adéquate. Des initiatives tenant compte de la nutrition sont également privilégiées, par exemple la fourniture d’eau potable et d’installations sanitaires, accompagnée d’un assainissement, afin d’améliorer la santé et la nutrition en général.
- Le Canada cherche à soutenir des investissements à effet de levier pour augmenter la fourniture de suppléments en micronutriments, y compris le fer et l’acide folique, pour réduire la prévalence de l’anémie chez les femmes et les adolescentes et améliorer l’issue des grossesses.
- Il soutient des activités liées à l’éducation nutritionnelle et à la promotion de la santé, dans les endroits où la sous-nutrition et les carences en micronutriments persistent, en se fondant sur le processus de décision national, notant le fait que les maladies non transmissibles liées au régime alimentaire sont en augmentation dans de nombreux pays à revenu faible ou moyen.
- Il demande qu’une attention accrue soit accordée à la santé et la nutrition des femmes et des filles dans des contextes de conflit et d’urgences, puisqu’elles sont les plus susceptibles de réduire leur apport alimentaire en faveur d’autres membres du ménage, aggravant ainsi leur propre situation nutritionnelle.
Sources sélectionnées pour la santé et la nutrition
Sources générales
- Affaires mondiales Canada. (2017). Health and Rights of Women and Children: Synthesis of Initial IAR Submissions and Consultations (Santé et droits des femmes et des enfants: Synthèse des premières soumissions et consultations de la RAI).
- Affaires mondiales Canada. (2015). Évaluation formative de la contribution du Canada à l’Initiative sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.
- Guttmacher Institute. (2017). Vue d’ensemble: Investir dans la contraception et la santé maternelle et néonatale, 2017.
- Guttmacher Institute. (2017). Besoins de santé sexuelle et reproductive des très jeunes adolescents dans les pays en développement (en anglais).
- Independent Accountability Panel. (2017). Transformative Accountability for Adolescents: Accountability for the Health and Human Rights of Women, Children and Adolescents in the 2030 Agenda (Responsabilisation transformatrice pour les adolescents: Responsabilité pour la santé et les droits humains des femmes, des enfants et des adolescents dans le programme 2030).
- OMS. (2015). Sexual health, human rights and the law (Santé sexuelle, droits de l’homme et la loi – en anglais).
- OMS. (2017). World Health Statistics 2017: Monitoring Health for the SDGs (Statistiques sanitaires mondiales 2017: Suivi de la santé pour les ODD).
- OMS. (2017). Réaliser les droits de l’homme à la santé et par la santé : Rapport du Groupe de travail de haut niveau sur la santé et les droits de l’homme des femmes, des enfants et des adolescents.
- OMS, UNAIDS, UNESCO, UNFPA, UNICEF, ONU Femmes, Banque mondiale. (2017). Action mondiale accélérée en faveur de la santé des adolescents (AA-HA!) : Orientations à l’appui de la mise en œuvre dans les pays.
- Saewyc, E. (2017). Special Supplement: The Global Early Adolescent Study: An Exploration of the Factors that Shape Adolescence. Journal of Adolescent Health, vol. 61, no 4, supplément, S1-S54.
- Sheehan, Peter, et coll. (2017). Building the foundations for sustainable development: a case for global investment in the capabilities of adolescents, The Lancet.
- UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population). (2017). Des mondes à part : Santé et droits en matière de reproduction à une époque marquée par les inégalités.
- United Nations Inter-agency Group for Child Mortality Estimation. (2017). Levels and Trends in Child Mortality Report 2017 (Niveaux et tendances du taux de mortalité infantile 2017).
- Women Deliver. (2017) Policy Brief: Improve Maternal and Newborn Health and Nutrition- Facts, Solutions, Case Studies, and Policy Recommendations (Note d’orientation: Améliorer la santé et la nutrition des mères et des nouveau-nés - Faits, solutions, études de cas et recommandations de politique).
Engagements internationaux pertinents
- Chaque femme, chaque enfant. (2015). Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030).
- Nations Unies. (1995). Le Programme d’action de Beijing : inspirations d’hier et d’aujourd’hui.
- Nations Unies. (2014). Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement - Édition du vingtième anniversaire.
- Nations Unies. (2015). Objectifs de développement durable.
- Scaling Up Nutrition. (2016). SUN Movement Strategy and Roadmap (2016-2020) (Stratégie et feuille de route du Mouvement SUN (2016-2020).
Éducation
Contexte
Le droit à une éducation de qualité favorise l’amélioration de la dignité humaine et constitue un moyen grâce auquel tous les autres droits sont respectés. L’éducation est un outil puissant de renforcement du pouvoir des personnes, des familles et des pays, ainsi qu’une voie vers la réalisation de progrès économiques, politiques et sociaux. L’éducation est le mécanisme qui nous permet de connaître et d’exercer nos droits, de transformer les normes et les comportements sociaux néfastes et de nous attaquer aux rapports de pouvoir inégaux, y compris l’inégalité entre les genres. L’éducation permet aussi de développer la pensée critique, la tolérance et l’appréciation de la diversité, de favoriser la paix et la sécurité et d’accroître la sensibilisation à l’égard des changements climatiques et de la durabilité de l’environnement. Malgré les énormes progrès réalisés à l’échelle mondiale au chapitre de l’accès à l’éducation et de la réduction du nombre d’enfants non scolarisés, il reste toutefois des défis importants à relever à cet égard, notamment en matière d’accès, d’apprentissage, de qualité, d’équité, de gouvernance et de financement, surtout en ce qui a trait aux femmes et aux filles, en particulier dans les contextes fragiles et dans les régions touchées par des conflits ou des crises.
En s’appuyant sur des données mondiales, le Canada utilise une approche féministe et fondée sur les droits de la personne en matière d’éducation et d’apprentissage continu – une approche qui permet d’améliorer les résultats chez les filles, les femmes et les groupes marginalisés – dans toutes les initiatives qu’il appuie.
Afin de progresser vers des résultats durables en matière d’éducation pour les filles et les garçons, les femmes et les hommes, il faut relever un certain nombre de défis importants.
Les obstacles à l’accès à l’éducation persistent. Ces obstacles sont profondément ancrés dans les dynamiques de pouvoir et les inégalités, lesquelles sont encore renforcées en situation de crise, de fragilité et de conflit. Les filles, les adolescentes, les femmes et les groupes marginalisés se heurtent encore à des obstacles pour obtenir l’éducation et les compétences dont elles ont besoin pour réussir, dont les suivants : discrimination fondée sur le genre; violence sexuelle et fondée sur le genre; grossesse, mariage précoce et forcé, mutilation génitale féminine incluant l’excision; violence physique ou psychologique en milieu scolaire; bâtiments scolaires inaccessibles; manque d’accès à des installations sanitaires séparées et absence de gestion de l’hygiène menstruelle; éloignement de l’école; lacunes dans les services de santé et les droits en matière de reproduction; pénurie de femmes enseignantes. De nombreux enfants travaillent pour soutenir le revenu familial. La préférence culturelle à l’égard des fils et les préjugés sociaux en faveur des hommes et des garçons font que les garçons ont la priorité sur les filles lorsqu’il s’agit de fréquenter l’école.
La qualité de l’éducation reste médiocre. Parmi les facteurs qui contribuent grandement à la crise de l’apprentissage et à la piètre qualité des milieux d’apprentissage, mentionnons les suivants : des enseignants insuffisamment formés et non agréés; des programmes d’études, une pédagogie et du matériel d’apprentissage désuets; des écoles aux ressources insuffisantes; et des infrastructures scolaires qui ne sont pas sûres, sécuritaires, accessibles ou adaptées aux filles. Les enfants et les adolescents ne fréquentent pas tous l’école, et ceux qui la fréquentent ne réussissent pas à apprendre suffisamment ou à atteindre les niveaux minimums de compétence. Les programmes d’études ainsi que le matériel didactique et pédagogique sont souvent dépassés; par ailleurs, ils ne traitent pas adéquatement de l’éducation sexuelle globale, n’enseignent pas l’égalité entre les genres et présentent souvent des normes et des stéréotypes négatifs.
Les groupes marginalisés et vulnérables ne peuvent toujours pas exercer leur droit à l’éducation. Pour assurer le succès de « l’éducation pour tous », l’enseignement et l’apprentissage à tous les niveaux doivent adopter une approche intersectionnelle, dans laquelle le système d’éducation et les pratiques pédagogiques comprennent et abordent la multiplicité des obstacles ainsi que des identités et des vulnérabilités des élèves. Dans les pays en développement, notamment ceux touchés par les conflits ou les crises, les groupes les plus importants sont les suivants : les filles, les adolescentes et les femmes (en particulier celles qui ont vécu des grossesses précoces et ont subi des pratiques néfastes); les apprenants vivant dans des situations de crise, de fragilité ou de conflit et d’extrême pauvreté, ou dans des zones rurales; les apprenants handicapés; les personnes 2ELGBTQI+; les peuples autochtones et les minorités ethniques; les minorités linguistiques; les jeunes et les adolescents qui migrent seuls dans des centres urbains; les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur d’un pays; et les enfants qui travaillent.
Les lacunes dans la gouvernance et la responsabilisation des systèmes d’éducation nécessitent une intervention. Les ministères de l’Éducation et les autres intervenants en matière d’éducation – en particulier dans les situations de crise, de fragilité et de conflit – se heurtent à des problèmes de capacité lorsqu’il s’agit d’élaborer des plans, des budgets et des politiques, des programmes d’éducation et des systèmes de formation des enseignants qui tiennent compte du genre. Les femmes sont sous-représentées dans la profession enseignante, dans les directions d’écoles et dans les postes décisionnels. Pour améliorer la gouvernance et surveiller les progrès, il est essentiel de mettre sur pied des systèmes de gestion de l’information comportant des données qui tiennent compte du genre et qui sont ventilées selon le sexe. De même, une gestion efficace de l’infrastructure scolaire est cruciale pour assurer la responsabilisation.
Les solutions innovatrices prometteuses en matière d’éducation doivent être mises en œuvre. Il faut renforcer le pouvoir des femmes, des filles et des groupes marginalisés en tant qu’innovateurs et innovatrices. Les approches et les partenariats novateurs doivent mobiliser du nouveau financement pour l’éducation, par exemple le financement fondé sur les résultats et les obligations liées à l’impact sur le développement. Il faut aussi renforcer les réponses multisectorielles systématiques, en partenariat avec les secteurs de la protection, de la santé, de la nutrition et de la croissance.
Les priorités du Canada
En se fondant sur la Déclaration de Charlevoix sur l’éducation de qualité pour les filles, les adolescentes et les femmes dans les pays en développement et la Déclaration de Whistler sur le renforcement du pouvoir des adolescentes pour favoriser le développement durable, le Canada appuiera une éducation de qualité tenant compte du genre et un développement des compétences qui fournit la base de l’apprentissage continu, tout en adoptant une approche complète et fondée sur le cycle de vie. L’approche du Canada en matière d’éducation contribue à la vision d’un monde où toutes les filles et tous les garçons peuvent, quelles que soient les circonstances et peu importe leur identité, aller à l’école et terminer leurs études primaires et secondaires dans un environnement sûr, sécuritaire et respectueux, et un monde où les jeunes et les adultes peuvent acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans la vie.
Le Canada concentre ses efforts sur trois objectifs clés :
- Améliorer la qualité de l’éducation en tenant compte du genre
- Élargir l’accès à l’acquisition de compétences de qualité, sensible à la demande et tenant compte du genre
- Améliorer la qualité de l’éducation et le développement des compétences en tenant compte du genre dans les situations de conflit, de crise et de fragilité
Le Canada intègre l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des filles et des femmes dans toutes les initiatives d’éducation qu’il appuie, en plus de cibler spécifiquement les filles, les adolescentes et les femmes. Le Canada encourage également les hommes ainsi que les garçons de tous les niveaux scolaires à remettre en question les normes, attitudes et pratiques néfastes, et à faire cesser les inégalités entre les genres ainsi que les rapports de pouvoir inégaux. Le Canada s’attaque aux obstacles et aux lacunes qui empêchent les groupes marginalisés, en particulier les filles, les adolescentes et les femmes, d’avoir accès à des programmes de qualité en matière d’éducation et de développement des compétences et de mener à terme ces programmes. Le Canada met l’accent sur la prise en main des systèmes d’éducation par les pays et travaille en partenariat avec les gouvernements des pays en développement, les organismes non gouvernementaux, la société civile et les organisations de femmes, ainsi qu’avec les principaux interlocuteurs en matière d’éducation, notamment les jeunes, les parents et les groupes communautaires, afin d’appuyer la mise en œuvre des plans du secteur de l’éducation. Le Canada appuie les approches participatives, faisant appel à des solutions et à des connaissances locales.
1. Améliorer la qualité de l’éducation en tenant compte du genre
L’accès de tous à une éducation et à un apprentissage de qualité tenant compte du genre, depuis la petite enfance jusqu’à la fin du secondaire, repose sur les pratiques exemplaires suivantes : renforcer les capacités des ministères de l’Éducation, des directeurs et directrices d’écoles, des enseignants et enseignantes et des membres des collectivités; viser l’amélioration stratégique de l’accès des filles et des groupes marginalisés à une éducation inclusive de qualité, dans des espaces sûrs, sécuritaires et accueillants qui répondent à leurs besoins spécifiques; et supprimer les obstacles particuliers auxquels se heurtent les filles et les femmes.
Afin d’aider à éliminer les obstacles à une éducation de qualité, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il exige que toutes les initiatives qu’il appuie intègrent l’égalité des genres dans leur conception, leur mise en œuvre, leur surveillance et leur évaluation, à l’aide d’une approche intersectionnelle comprenant des facteurs comme le genre, l’âge, le handicap, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, l’appartenance autochtone, ethnique ou religieuse, éclairée par une analyse comparative entre les sexes qui met l’accent sur les droits de la personne (ACS+).
- Le Canada soutient les efforts ciblés qui permettent la participation des filles et des adolescentes, par exemple l’installation de toilettes séparées, les transferts en espèces, les repas scolaires, les codes qui régissent la violence sexiste à l’école, la gestion de l’hygiène menstruelle, ainsi que les programmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène.
- Il soutient les programmes d’éducation qui s’adressent aux filles, aux adolescentes et aux femmes en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs en assurant l’accès à de l’information, des services et des produits de santé et de nutrition appropriés, et en favorisant une éducation sexuelle complète.
- Le Canada appuie l’accès des femmes et des filles aux écoles et aux parcours d’apprentissage, y compris les femmes et les filles qui sont particulièrement vulnérables et souvent exclues de l’école comme les filles enceintes ou handicapées.
- Il favorise l’accès à des salles de classe et à des établissements d’enseignement tenant compte du genre, inclusifs et respectueux de l’environnement, qui sont sûrs, accueillants et exempts de violence et qui intègrent des systèmes de protection de l’enfance.
- Le Canada favorise la participation de tous les apprenants à leur éducation à l’aide d’approches axées sur les enfants et fondées sur les droits de la personne, et il renforce le leadership des filles, des adolescentes, des femmes et des personnes les plus marginalisées quant aux décisions concernant leur éducation.
- Il préconise, pour s’attaquer aux normes et pratiques néfastes telles que les mariages d’enfants, précoces et forcés ainsi que les mutilations génitales féminines, des approches communautaires qui font participer les parents, les dirigeants communautaires et les filles, et qui mobilisent les garçons et les hommes.
- Le Canada encourage l’apprentissage tout au long de la vie grâce à d’autres formes d’études et de scolarisation, telles que les écoles communautaires et « l’éducation de la seconde chance », pour faire en sorte que les filles et les apprenants marginalisés puissent terminer leurs études malgré les obstacles culturels, sociaux ou économiques.
- Il appuie les organisations de femmes qui préconisent et encouragent l’élimination des obstacles à une éducation de qualité pour tous, y compris les femmes et les filles dans toute leur diversité.
Pour renforcer la capacité du système d’éducation et améliorer la qualité de l’éducation en tenant compte le genre, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il favorise le renforcement des systèmes qui tiennent compte du genre, et il renforce les capacités des ministères de l’Éducation et des autres intervenants en matière d’éducation, notamment en soutenant les plans du secteur de l’éducation tenant compte du genre ainsi que les systèmes basés sur des données ventilées de suivi, d’évaluation et de responsabilisation à l’échelle nationale, régionale et locale, depuis la prématernelle jusqu’à la fin du secondaire.
- Le Canada soutient l’égalité des genres dans les systèmes d’éducation, en partie grâce au renforcement des capacités dans l’ensemble du secteur de l’éducation, et particulièrement par l’entremise de la formation des enseignants ainsi que du recrutement et du maintien en poste d’enseignants et enseignantes qualifiés recevant un salaire décent.
- Il soutient la formation initiale et continue des enseignants, la certification et l’apprentissage professionnel continu qui sont de qualité et tiennent compte du genre, ce qui comprend les méthodes d’enseignement de l’éducation inclusive, y compris l’appui à l’éducation d’urgence, non formelle et à distance ainsi que l’appui à des pratiques pédagogiques psychosociales sensibles aux conflits.
- Le Canada soutient l’utilisation de matériel d’enseignement et d’apprentissage pertinents, globaux et adaptés à la langue, à l’âge et à la culture des apprenants, qui reflètent les besoins, les valeurs et les langues de la collectivité.
- Il appuie l’intégration de mesures particulières pour l’éducation des filles dans l’ensemble des plans du secteur de l’éducation de ses partenaires au développement, y compris en prévision des situations de crise ou de conflit.
- Le Canada favorise la sensibilisation aux avantages qu’offre l’éducation des femmes et des filles à chaque occasion, ainsi que la sensibilisation au besoin d’avoir un programme de cours exempt de stéréotypes sexistes, notamment dans le cadre des forums internationaux, des discussions bilatérales et des réunions informelles.
- Il plaide en faveur de documents qui remettent en question les normes, les pratiques et les rapports de force discriminatoires entre les genres et qui font la promotion de masculinités positives et saines.
- Le Canada favorise et utilise des approches novatrices et de nouvelles technologies dans les salles de classe en vue de mieux préparer tous les apprenants.
- Il travaille en collaboration avec des partenaires chargés de l’établissement des statistiques liées aux ODD nos 4, 5 et 8 afin d’améliorer la collecte, le suivi, l’analyse, la publication et la communication des progrès réalisés à l’égard de la participation des filles et des femmes sur le plan de l’éducation et de l’achèvement des études, de l’apprentissage, de la formation et de l’emploi des jeunes.
2. Élargir l’accès à l’acquisition de compétences de qualité, sensible à la demande et tenant compte du genre
Afin d’élargir les possibilités des gens et d’améliorer leur bien-être, il faut appuyer une éducation et une formation certifiées, qui sont fondées sur les compétences et axées sur la demande, et qui mettent l’accent sur l’importance de développer des capacités productives au moyen de voies multiples, dans le but de soutenir la progression professionnelle et scolaire et de réduire les écarts de compétences et les écarts entre les genres. Le développement des compétences ainsi que l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) tenant compte du genre − ce qui comprend les compétences nécessaires à la vie courante et l’enseignement supérieur − doivent déboucher sur des possibilités de travail décent. Pour ce faire, il faut miser sur le renforcement des capacités, la prise en compte du genre et la professionnalisation des systèmes de formation et de développement des compétences, et ce, avec la participation des gouvernements, des établissements de formation, du secteur privé et des stagiaires, en particulier les femmes.
Pour s’assurer que les jeunes et les adultes, en particulier les femmes et les adolescentes, des pays en développement acquièrent les compétences requises pour les emplois de l’avenir, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il appuie des initiatives de développement des compétences qui sont ciblées et tiennent compte du genre – y compris les allocations, la formation en cours d’emploi, les horaires flexibles et d’alternance travail-études, l’enseignement à distance et la garde d’enfants sur place – qui réduisent les obstacles et rendent les centres de formation et les collèges accueillants et sécuritaires.
- Le Canada appuie un accès accru à une éducation postsecondaire de qualité, favorise les mécanismes de prestation novateurs et encourage les possibilités d’apprentissage continu.
- Il appuie divers outils d’apprentissage, y compris la formation professionnelle et l’enseignement et la formation techniques et professionnels qui sont accessibles et fondés sur les besoins du marché.
- Le Canada appuie des programmes et partenaires qui fournissent des compétences essentielles ainsi que l’enseignement et la formation techniques et professionnels, en mettant l’accent sur l’aide offerte aux femmes et aux jeunes marginalisés pour trouver un emploi, y compris dans des domaines non traditionnels et mieux rémunérés.
- Il encourage les possibilités d’éducation et d’apprentissage fondé sur les compétences pour les femmes et les adolescentes, ce qui les préparera à occuper des emplois autres que ceux peu qualifiés, y compris dans les domaines à forte croissance et mieux rémunérés où les femmes sont sous-représentées au sein de la population active et dans les emplois en demande, notamment dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie, des mathématiques et de la médecine (STIMM).
- Le Canada encourage les efforts déployés pour surmonter le fossé numérique lié au genre en appuyant les programmes d’apprentissage accéléré et les approches d’apprentissage qui utilisent des technologies numériques mixtes permettant aux stagiaires d’acquérir des compétences de base en littératie et en calcul, en pensée critique, en littératie numérique et financière, en travail autonome et en entrepreneuriat et d’avoir accès à du mentorat professionnel ainsi qu’à des possibilités de formation à titre d’apprenti.
- À l’aide d’une approche tenant compte du genre, le Canada renforce et développe les capacités des instructeurs, des établissements de formation et des collèges, notamment en actualisant et en modernisant les programmes d’études.
- Il appuie le renforcement des capacités des organismes gouvernementaux, du secteur privé et des instituts et collèges de formation professionnelle en ce qui a trait à l’élaboration de programmes, de diplômes et de certificats tenant compte du genre et adaptés au marché pour pouvoir travailler dans une économie mondiale, y compris les systèmes de certification des compétences.
- Le Canada préconise des systèmes de coordination et de surveillance tenant compte du genre au sein des gouvernements, des établissements de formation, des associations de travailleurs qualifiés et du secteur privé.
Pour faciliter la transition entre l’école et le marché du travail, en particulier chez les femmes et les jeunes, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il suscite le dialogue entre les employeurs, les établissements de formation et les stagiaires au sujet de la recherche d’emploi et des mécanismes de jumelage des compétences.
- Le Canada favorise les activités de sensibilisation, surtout en ce qui concerne la participation des femmes et les perspectives d’emploi qui leur sont offertes.
- Il appuie les centres d’acquisition de compétences et de recherche d’emploi qui ciblent les groupes marginalisés et qui donnent accès à de l’information sur les emplois disponibles, à du counseling, à des ordinateurs et à des technologies numériques.
- Le Canada aide les femmes entrepreneures, une fois leurs études terminées, à avoir accès à du capital de démarrage et à du crédit abordable.
3. Améliorer la qualité de l’éducation et le développement des compétences en tenant compte du genre dans les situations de conflit, de crise et de fragilité
Dans les situations de conflit, de crise et de fragilité, les apprenants touchés, en particulier les filles, les adolescentes et les femmes, risquent d’éprouver des difficultés plus importantes pour accéder à une éducation de qualité. Il arrive souvent aussi que les réfugiés soient marginalisés dans les systèmes d’éducation des pays qui les accueillent. En situation de crise, de fragilité et de conflit, il est possible de procurer à tous, et en particulier aux filles, aux femmes et aux groupes marginalisés, un meilleur accès à une éducation de qualité et un développement des compétences tenant compte du genre. Pour ce faire, il faut soutenir une éducation formelle inclusive combinée à un enseignement temporaire, notamment une éducation communautaire, ainsi qu’une meilleure coordination pour assurer la continuité en situation de crise et une orientation stratégique visant à réduire les obstacles qui entravent l’accès à l’éducation pour les personnes déplacées ou touchées par les crises et pour les personnes les plus difficiles à atteindre.
Afin d’assurer le renforcement du système d’éducation en situation de crise, de fragilité ou de conflit, le Canada prend les mesures suivantes :
- Il appuie des possibilités d’éducation et des résultats d’apprentissage pour les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur d’un pays, y compris dans les communautés hôtes et sources.
- Le Canada favorise un accès amélioré des femmes et des filles à l’éducation lors des premières étapes de l’intervention humanitaire et des efforts de consolidation de la paix, tout en appuyant les écoles en tant qu’espaces sécuritaires pour les enfants.
- Il soutient des services éducatifs mieux coordonnés et tenant compte du genre, assure la continuité de l’éducation avant, pendant et après les crises, et favorise une éducation de qualité pour tous grâce à des normes, à des outils et à des programmes d’études ayant fait l’objet d’un consensus.
- Le Canada plaide, notamment auprès des gouvernements hôtes et des ONG, pour l’élaboration de plans du secteur de l’éducation tenant compte du genre et des situations de crise ainsi que de plans de préparation aux catastrophes, qui comprennent des données, un suivi, une évaluation et une responsabilisation, et ce, d’une manière coordonnée et harmonisée.
- Il soutient l’accès des enseignants à une formation et à une éducation de qualité qui tiennent compte du genre, notamment par le recours aux mécanismes suivants : des méthodes d’éducation inclusive et d’enseignement sensibles aux conflits comme l’égalité des genres, la cohésion sociale, l’éducation pour la paix, la prévention de l’extrémisme violent et les pratiques pédagogiques psychosociales; la formation adéquate des enseignants aux langues minoritaires et aux langues maternelles; l’appui, dans la mesure du possible, à des programmes et à une réforme politique qui s’attaquent aux causes premières de la violence et qui favorisent la cohésion sociale ainsi qu’un accès équitable à l’éducation.
- Le Canada soutient l’accès à une éducation communautaire inclusive et au développement des compétences à tous les niveaux, par des moyens comme les espaces adaptés aux enfants, les « écoles dans une boîte », l’enseignement à distance et les technologies de l’information et des communications (TIC), et plus précisément les moyens qui ciblent les enfants non scolarisés et les apprenants les plus difficiles à atteindre, comme les personnes handicapées.
- Il fait la promotion de l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP), de programmes d’études collégiales et universitaires et de bourses d’études dans des domaines tels que les STIMM et la formation des enseignants, à l’intention des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur d’un pays qui ont peu ou pas accès à l’enseignement supérieur, de manière à former du personnel qualifié qui sera en mesure de contribuer aux efforts de consolidation de la paix et de reconstruction.
- Le Canada soutient les principes de « reconstruire en mieux » et de « réduire les risques de catastrophe » dans les efforts de construction et de reconstruction des écoles.
- Il améliore la coordination entre les intervenants dans les domaines du développement, de la paix et sécurité et de l’aide humanitaire.
Sources sélectionnées pour l’éducation
Sources générales
- UNESCO. (2018). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Résumé sur l’égalité des genres : Tenir nos engagements en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation.
- Save the Children. (2018). Les nombreux visages de l’exclusion : Rapport 2018 sur la privation de l’enfance – Résumé.
- UNESCO. (2018). Achieving Gender Equality in Education: Don’t Forget the Boys (Réaliser l’égalité des sexes dans l’éducation : N’oubliez pas les garçons). Document de politique générale 35, avril 2018.
- Institut de statistique de l’UNESCO. (2017). Counting the Number of Children Not Learning: Methodology for a Global Composite Indicator for Education (Compter le nombre d’enfants qui n’apprennent pas : Méthodologie pour un indicateur composite mondial de l’éducation).
- UNESCO. (2017). Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2017/8. Rendre des comptes en matière d’éducation : Tenir nos engagements.
- UNESCO. (2016). Éducation 2030, Déclaration d’Incheon et Cadre d’action : Assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
- UNGEI et Overseas Development Initiative. (2017). Evidence Review: Mitigating Threats to Girls’ Education in Conflict-affected Contexts: Current Practice (Examen des données probantes : Atténuer les menaces qui pèsent sur l’éducation des filles dans les situations de conflit : Pratique actuelle).
- Comité permanent interorganisations. (2017). Le guide des genres pour les actions humanitaires.
- UNESCO. (2016). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Rapport sur l’égalité des genres : Créer des avenirs durables pour tous.
- UNESCO. (2016). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. L’éducation pour les peuples et la planète : Créer des avenirs durables pour tous.
- UNESCO. (2016). Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous. Comment apprendre, quand on ne comprend pas?, Document de référence 24.
- Partenariat mondial pour l’éducation. (2015). Rapport sur les résultats du GPE 2015 / 2016.
- UNESCO et Commonwealth of Learning. (2017). Using ICTs and blended learning in transforming technical and vocational education and training (Utiliser les TIC et l’apprentissage mixte pour transformer l’enseignement et la formation techniques et professionnels).
- Réseau Inter-Agences pour l’Éducation en Situations d’Urgence. (2012). Normes minimales pour l’éducation : Préparation, interventions, relèvement.
- UNESCO. (2015). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Éducation pour Tous 2000-2015 : Progrès et Enjeux.
- UNESCO. (2014). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Enseigner et apprendre : Atteindre la qualité pour tous.
- UNESCO. (2012). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Jeunes et compétences : l’éducation au travail.
- UNESCO. (2011). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. La crise cachée : les conflits armés et l’éducation.
- UNESCO. (2010). Rapport mondial de suivi sur l’éducation. Atteindre les marginalisés.
- UNESCO. (2015). Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous. L’aide humanitaire pour l’éducation : les raisons de son importance, pourquoi il faut l’intensifier, Document de référence no 21, juin 2015.
- Forum économique mondial. (2017). Skills Children Need for Work: This is the One Skill Your Child Needs for the jobs of the Future (Compétences dont les enfants ont besoin pour le travail : Voici la seule compétence dont votre enfant a besoin pour les emplois de l’avenir).
- Plan international. (2009). Because I am a Girl: The State of the World’s Girls in 2009. Girls in the Global Economy: Adding it All Up (Parce que je suis une fille : la situation des filles dans le monde en 2009. Les filles dans l’économie mondiale : l’heure des comptes).
Engagements internationaux pertinents
- UNESCO. (2016). Éducation 2030, Déclaration d’Incheon et Cadre d’action : Assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
- ONU. (2015). Objectifs de développement durable.
- ONU. (2015). Objectifs du millénaire pour le développement et l’après-2015.
- UNICEF. (2007). Convention relative aux droits de l’enfant : Manuel pour l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant.
- ONU. (1948). Déclaration universelle des droits de l’homme.
Une approche féministe : l’égalité des genres dans l’action humanitaire
La présente politique de champ d’action fournit une orientation additionnelle sur ce que le Canada vise à accomplir par l’entremise de son action humanitaire, tel que souligné dans la Politique d’aide internationale féministe. Cette politique de champ d’action guide les efforts du Canada en matière de programmation, plaidoyer et de politiques stratégiques, par l’entremise d’approches ciblées et transversales.
Contexte
Le Canada a adopté une Politique d’aide internationale féministe en vue d’éliminer la pauvreté et de bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère. Le Canada sait que promouvoir l’égalité des genres et renforcer le pouvoir des femmes et des filles constituent le moyen le plus efficace pour atteindre cet objectif. L’approche féministe du Canada est fondée sur les droits de la personne et sur l’inclusion. Elle est stratégique et ciblée, elle se veut transformatrice et militante, et elle est fondée sur des faits et la responsabilisation.
En matière d’aide humanitaire, cela veut dire que le Canada appuie une action humanitaire tenant compte des genres, qui est nécessaire pour répondre aux besoins et aux priorités spécifiques des personnes en situation de vulnérabilité, particulièrement les femmes et les filles, pour soutenir le renforcement de leur pouvoir et pour s’assurer que notre aide ait un impact plus fort et durable. En adoptant une approche féministe, le Canada est donc déterminé à respecter les principes humanitaires lorsqu’il fournit son aide humanitaire, en s’assurant de répondre adéquatement aux besoins spécifiques des personnes touchées par une crise. Le Canada sait qu’en adoptant une approche qui tient compte des genres pour notre aide humanitaire, nous renforçons aussi l’ensemble de notre réponse humanitaire.
Lorsque les questions d’égalité des genres ne sont pas suffisamment prises en compte dans la mise en œuvre des interventions humanitaires, l’efficacité et l’impact de cette aide humanitaire s’en trouvent diminuées. Cela peut même nuire aux populations que l’on essaie d’aider. Lorsque les vulnérabilités préexistantes ne sont pas suffisamment prises en compte, les interventions humanitaires ne répondent pas systématiquement et adéquatement aux besoins spécifiques des femmes et des filles. Par exemple, lorsque les mesures d’intervention ne prennent pas en compte les besoins spécifiques et les droits des femmes et des filles dans les camps de personnes déplacées, comme des espaces sûrs pour se laver et aller aux toilettes, les femmes subissent plus de violence sexuelle et fondée sur le genre, ce qui mine encore plus leur sécurité, leur dignité et leur bien-être. Or les femmes jouent un rôle primordial dans leur famille et de leur communauté. Quand elles ne peuvent répondre à leurs besoins fondamentaux, c’est l’ensemble de leur communauté qui en souffre. Par exemple, lorsque les interventions humanitaires prennent des mesures précises pour faciliter l’accès des femmes aux produits alimentaires, la prévalence de la faim dans les foyers diminue.
Bien qu’elles soient disproportionnellement touchées par les conflits et les catastrophes naturelles, les femmes et les filles ont la capacité de contribuer aux efforts humanitaires et de diminuer les souffrances et, au-delà de l’intervention humanitaire, de faciliter la réconciliation, de participer aux processus de paix et de reconstruire leur communauté. Elles sont néanmoins trop souvent exclues des processus décisionnels, et leur potentiel en tant qu’agentes de changement est négligé. Pourtant, par les bouleversements sociaux qu’elles provoquent, les crises offrent aussi des occasions de changer les normes sociales discriminatoires et les rapports de force inégaux. Les acteurs humanitaires doivent reconnaître et saisir ces occasions de contribuer à changer les rapports de force inégaux et éviter de renforcer les normes sociales discriminatoires. L’appui aux groupes de défense des droits des femmes dans le cadre des interventions humanitaires permet aux femmes d’avoir une voix collective plus forte et de faire pression en faveur de leurs propres priorités et d’une participation égale à la prise de décisions. Les hommes et les garçons peuvent également s’avérer de solides alliés pour promouvoir et appuyer les droits des femmes, et ils doivent être mobilisés pour atteindre une égalité des genres durable.
Les acteurs humanitaires, notamment le Canada, ont la responsabilité d’améliorer les pratiques humanitaires afin de mieux cerner les besoins particuliers des personnes vulnérables et marginalisées et de mieux y répondre. Cependant, la mise en place de politiques et de stratégies en matière d’égalité des genres n’est pas suffisamment intégrée à la façon dont l’aide humanitaire est acheminée. Les acteurs humanitaires doivent éliminer les obstacles et les contraintes systémiques à tous les niveaux, et ils doivent investir les ressources nécessaires pour assurer une prise en considération complète et systématique de l’égalité des genres dans toutes les interventions humanitaires.
Priorités du Canada
À titre de chef de file reconnu en matière d’aide humanitaire, le Canada collabore avec les autres acteurs du système humanitaire mondial afin de sauver des vies, d’alléger la souffrance et de préserver la dignité des populations touchées par les crises. Dans le cadre de son aide humanitaire internationale, le Canada répond aux besoins des personnes touchées par des catastrophes naturelles ou par des crises résultant d’une action humaine en appuyant des interventions humanitaires rapides et coordonnées, qui sont fondées sur les principes humanitaires et les besoins.
L’augmentation du nombre et de l’intensité des conflits armés, ainsi que l’ampleur et la fréquence des catastrophes naturelles, exacerbées par les effets des changements climatiques, ont engendré des besoins humanitaires sans précédent. Face à l’écart croissant entre les besoins humanitaires et les ressources disponibles, et compte tenu de l’écart entre les besoins spécifiques des femmes et des filles et les fonds alloués, le Canada et les autres membres de la communauté internationale maintiennent des efforts continus afin d’améliorer l’efficacité du système humanitaire international, comme en témoignent les engagements pris dans le cadre du Programme d’action pour l’humanité et de la Grande Négociation. En encourageant un financement plus transparent, plus prévisible et plus flexible, ainsi qu’une aide mieux ciblée, assortie d’une plus grande responsabilisation à l’égard des populations touchées, le système humanitaire vise à mieux répondre aux besoins différenciés de toutes les personnes touchées par les crises. Des approches globales associant les efforts de développement, de consolidation de la paix et humanitaires sont également nécessaires afin de mettre en place des solutions à long terme pour les personnes touchées par les crises et, au bout du compte, bâtir un monde plus inclusif, pacifique et prospère.
Des progrès supplémentaires doivent être accomplis afin de modifier la façon dont l’aide humanitaire est fournie. Grâce à sa Politique d’aide internationale féministe et à la Déclaration de Whistler sur l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles dans l’action humanitaire, le Canada a amélioré l’intégration des considérations liées à l’égalité des genres dans l’ensemble de ses activités d’aide humanitaire afin que celle-ci réponde mieux aux besoins particuliers des personnes touchées par les crises. Le Canada a également accru la part de son aide humanitaire qui répond à des besoins particuliers, comme les besoins en matière de santé sexuelle et reproductive et ceux liés à la violence sexuelle et fondée sur le genre.
La présente politique décrit la façon dont le Canada déploie ses efforts pour accroître la prise en compte des questions d’égalité des genres dans les interventions humanitaires au moyen d’approches ciblées et transversales dans quatre domaines clés :
- Principes humanitaires et droit international humanitaire
- Violence sexuelle et fondée sur le genre pendant les crises humanitaires
- Santé sexuelle et reproductive pendant les interventions humanitaires
- Renforcement du pouvoir des femmes et des filles
Les actions menées dans ces quatre domaines s’inscrivent dans l’approche globale du Canada en matière d’action humanitaire afin d’améliorer l’aide offerte aux personnes qui en ont besoin pendant les crises humanitaires.
Cette politique soutient le principe fondamental du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (Programme 2030) qui consiste à ne laisser personne de côté, et elle contribue à la réalisation des engagements pris par le Canada, en vertu du Programme d’action pour l’humanité et de la Grande Négociation, de répondre aux besoins humanitaires ainsi qu’aux risques et aux vulnérabilités connexes, et de les réduire. La mise en œuvre de cette politique fait partie de l’approche féministe du Canada visant à apporter un changement transformateur à ceux qui en ont le plus besoin.
1. Principes humanitaires et droit international humanitaire
Les principes humanitaires prônent une approche guidée par les besoins humanitaires, ce qui exige une action humanitaire répondant pleinement aux besoins différenciés des femmes, des hommes, des filles et des garçons touchés par les crises. Or, le système humanitaire ne prend pas systématiquement en compte la pauvreté et les vulnérabilités préexistantes liées à des facteurs identitaires. De plus, les violations généralisées du droit international humanitaire, notamment l’augmentation des attaques contre les acteurs humanitaires et le personnel médical, ainsi que les obstacles à l’acheminement de l’aide, compromettent de plus en plus l’accès humanitaire et empêchent l’aide humanitaire d’atteindre les personnes qui en ont le plus besoin.
Afin de s’attaquer à ces enjeux liés à l’égalité des genres, le Canada :
- exige que toutes les initiatives humanitaires qu’il appuie intègrent, dans leur conceptualisation, leur mise en œuvre, leur surveillance et leur évaluation, des considérations liées à l’égalité des genres grâce à une approche intersectionnelle comprenant des facteurs tels que le genre, l’âge, le handicap, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, l’identité autochtone et l’appartenance ethnique ou religieuse – une approche informée par une analyse comparative entre les sexes axée sur les droits de la personne (ACS+Note de bas de page 1);
- mobilise les acteurs humanitaires afin d’accroître la responsabilisation du système en matière d’action humanitaire tenant compte des genres, y compris les efforts du Canada en faveur d’une réforme du système;
- favorise l’intégration d’une analyse comparative entre les sexes dans l’évaluation des besoins et dans les plans d’intervention humanitaire, et appuie la collecte et l’analyse de données ventilées selon le sexe, l’âge et d’autres facteurs de diversité;
- appuie la mise en œuvre de politiques en matière d’égalité des genres dans les opérations sur le terrain, notamment en renforçant les capacités, la coordination, les connaissances et les données et en soutenant la recherche, l’innovation et la prise de décision fondée sur des données probantes.
Pour aider à préserver l’espace humanitaire, le Canada :
- se porte à la défense, à tous les niveaux, du respect des principes humanitaires, du droit international humanitaire, du droit international en matière de droits de la personne et du droit international des personnes réfugiées;
- encourage et soutient une plus grande imputabilité à l’égard des violations;
- défend et soutient un accès sûr et sans entrave pour les travailleurs humanitaires, y compris le personnel médical;
- collabore avec les intervenants humanitaires et les autres acteurs pour défendre les droits des personnes les plus vulnérables et marginalisées en temps de crise, y compris leur droit d’avoir accès à une aide humanitaire essentielle à leur survie.
2. Violence sexuelle et fondée sur le genre pendant les crises humanitaires
Pendant les crises humanitaires, l’effondrement des structures sociales et le mépris des lois, auxquels s’ajoutent les inégalités des genres préexistantes, augmentent le risque d’exposition à la violence sexuelle et fondée sur le genre. En outre, les droits de la personne sont bafoués, et les femmes et les filles sont particulièrement exposées aux viols, aux mariages d’enfants, précoces et forcés, à l’infanticide et à l’exploitation sexuelle. Dans de nombreux conflits armés, les hommes et les garçons, et particulièrement les adolescents, sont également les cibles de violence sexuelle. Ces actes de violence, qui vont à l’encontre du droit international humanitaire, ont souvent des conséquences mortelles; lorsque les personnes survivent, les séquelles physiques et psychologiques entravent leur accès à une aide essentielle et immédiate en plus de nuire à leur capacité, et à celle de leur communauté, de se rétablir à long terme.
Afin d’assurer une action humanitaire globale qui intègre ou appuie des stratégies de prévention, d’atténuation et d’intervention en matière de violence sexuelle et fondée sur le genre, le Canada :
- appuie la fourniture d’aide médicale aux survivants, y compris des services de santé sexuelle et reproductive et d’aide psychosociale et économique, ainsi que la mise en place d’espaces sûrs;
- soutient des activités de sensibilisation, y compris celles qui mobilisent les hommes et les garçons;
- renforce les capacités humaines et techniques en matière de prévention, d’atténuation et d’intervention face à la violence sexuelle et fondée sur le genre;
- poursuit ses efforts pour renforcer la mise en œuvre sur le terrain de stratégies de prévention et d’intervention en matière de violence sexuelle et fondée sur le genre grâce à son leadership, notamment dans le cadre de l’Appel à l’action pour la protection contre la violence fondée sur le genre dans les situations d’urgenceNote de bas de page 2;
- favorise la complémentarité et la coordination avec les efforts de développement et de consolidation de la paix pour renforcer la protection contre la violence fondée sur le genre ainsi que l’imputabilité des auteurs de ces actes, notamment en appuyant la tenue d’enquêtes indépendantes et impartiales et la collecte de preuves;
- défend les droits et la dignité des femmes et des filles dans les forums humanitaires mondiaux en faisant le plaidoyer pour une intégration des mesures de prévention et d’intervention en matière de violence sexuelle et fondée sur le genre à toutes les étapes de l’intervention humanitaire;
- collabore avec les autres acteurs humanitaires afin de renforcer la protection contre l’exploitation et les abus sexuels, et tout particulièrement afin d’augmenter la responsabilisation du système.
3. Santé sexuelle et reproductive pendant les interventions humanitaires
Dans les situations de crise humanitaire, l’accès des femmes et des filles aux services de santé reproductive est souvent interrompu, ce qui les expose à des grossesses non désirées dans des conditions difficiles et augmente le risque d’avortements dangereux ainsi que la mortalité maternelle. Les femmes touchées par des crises courent de plus hauts risques de fausse couche, d’accouchement prématuré, de complications liées à l’accouchement et d’infertilité. La fourniture de services de santé sexuelle et reproductive dans le cadre des interventions humanitaires permet de sauver des vies en s’attaquant aux problèmes liés aux grossesses non désirées, aux complications obstétriques, à la violence sexuelle et fondée sur le genre, aux infections transmises sexuellement et à une vaste gamme de problèmes en matière de santé reproductive.
Afin d’assurer une action humanitaire globale qui intègre ou fournit toute la gamme de services de santé sexuelle et reproductive et de droits connexes, le Canada :
- s’emploie à améliorer l’accès à des services complets de santé sexuelle et reproductive en situation d’urgence, en particulier pour les femmes et les adolescentes;
- renforce les capacités techniques et les connaissances, notamment en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive, les services obstétriques d’urgence et la santé néo-natale, la contraception, l’avortement et les soins post-avortement, ainsi que la prise en charge des infections transmissibles sexuellement;
- préconise l’intégration systématique, dans les interventions humanitaires, de services complets de santé sexuelle et reproductive.
4. Renforcement du pouvoir des femmes et des filles
Les femmes et les filles sont de puissantes agentes de changements dans leurs communautés et sont les mieux placées pour déterminer leurs besoins et les meilleurs moyens d’y répondre. Cependant, dans les situations d’urgence, leur participation aux processus décisionnels de l’intervention humanitaire est souvent négligée. De plus, les pratiques actuelles en matière d’aide humanitaire ne prennent pas systématiquement en compte le contexte et les obstacles socioculturels auxquels les femmes sont confrontées en temps de crise, comme l’accès restreint à l’éducation. Ces pratiques ne peuvent donc pas assurer la participation pleine et entière des femmes aux processus humanitaires. La voix et le leadership des femmes et des filles touchées par les crises demeurent sous-évalués et sous-utilisés lors des interventions humanitaires.
Afin de faire en sorte que l’action humanitaire tienne compte de la voix et du potentiel des femmes et des filles, le Canada :
- appuie et favorise des initiatives humanitaires qui encouragent et appuient systématiquement le leadership, la participation et la prise de décision des femmes et des filles dans l’action humanitaire, y compris en mobilisant les hommes et les garçons;
- renforce le leadership des femmes dans l’action humanitaire et soutient l’expertise et les capacités des femmes leaders et celles des organisations locales de femmes;
- appuie des approches novatrices qui renforcent le pouvoir des femmes et des filles et font progresser l’égalité des genres par l’intermédiaire de l’action humanitaire, notamment en éliminant les obstacles à une éducation de qualité;
- influence le système humanitaire à tous les niveaux pour qu’il assure systématiquement la participation, le leadership et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles dans le cadre des processus humanitaires;
- favorise la complémentarité et la coordination avec les efforts de développement et de consolidation de la paix pour assurer la participation active des femmes et des filles et le renforcement de leur pouvoir.
Sources sélectionnées pour l’action humanitaire tenant compte des genres
Sources générales
- Bureau de la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA). (2012). Coordination to Saves Lives: History and Emerging Challenges (La coordination pour sauver des vies: histoire et défis émergents).
- Bureau de la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA). (2017). Global Humanitarian Overview 2017 (Panorama humanitaire mondial 2017).
- CHS Alliance. (2015). Humanitarian Accountability Report (Rapport de responsabilité humanitaire).
- Development initiatives. (2017). Global Humanitarian Assistance Report 2017 (Rapport mondial d’assistance humanitaire 2017).
- Cubie, D. (2017). The International Legal Protection of Persons in Humanitarian Crises, Exploring the Acquis Humanitaire (Protection juridique des personnes en situation de crise humanitaire, exploration de l’acquis humanitaire). Oxford, Royaume-Uni: Hart Publishing.
- Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC). (2015). Unseen, unheard: Gender-based violence in disasters (La violence sexiste dans les situations de catastrophe : on ne la voit pas, on n’en parle pas).
- Ferris, Elizabeth. (2010). Natural Disasters, Conflict, and Human Rights: Tracing the Connections (Catastrophes naturelles, conflits et Droits humains: retracer les liens). Presentation given at St-Mary’s University, San Antonio, Texas.
- Groupe d’experts sur les phénomènes urbains du Sommet mondial humanitaire (WHS). (2015). The Urbanisation of Emergencies – Adapting Humanitarian Action to a Changing World (L’urbanisation des situations d’urgence – Adapter l’action humanitaire à un monde en mutation). Paper prepared for ALNAP/USAID Global Forum for Improving Humanitarian Action.
- Handicap International. (2015). Disability in humanitarian contexts, Views from affected people and field organisations (Le handicap dans les contextes humanitaires, opinions des personnes affectées et des organisations de terrain). Sommet mondial humanitaire.
- Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). (2016). Global Trends Report 2016 (Rapport sur les tendances mondiales 2016).
- Humanitarian Outcomes. (2017). Aid Worker Security Report 2017, Behind the attacks: A look at the perpetrators of violence against aid workers (Rapport de sécurité des travailleurs humanitaires 2017, regard sur les auteurs de la violence contre les travailleurs humanitaires).
- Internal Displacement Monitoring Centre. (2016). Global Report on Internal Displacement (Rapport mondial sur les déplacements internes).
- Inter-Agency Standing Committee (IASC). (2018). The Gender Handbook for Humanitarian Action (Manuel sur l’égalité des sexes pour l’action humanitaire).
- Organisation mondiale de la santé (WHO). (2014). Gender, Climate Change and Health (Genres, changements climatiques et santé).
- Oxfam. (2013). Gender Issues in Conflict and Humanitarian Action (Les questions de genre dans les conflits et l’action humanitaire).
- Peace Research Institute Oslo (PRIO). (2016). Trends in Armed Conflict, 1946–2014 (Tendances dans les conflits armés 1946-2014).
- Price, P. (2011). Education in Emergencies: Benefits, Best Practices, and Partnerships (L’éducation dans les situations d’urgence: avantages, meilleures pratiques et partenariats). Document d’information, Université de Denver.
- Talbot, C. (2013). Education in conflict emergencies in light of the post-2015 MDGs and EFA agendas. Network for International Policies and Cooperation in Education and Training (NORRAG) (L’éducation en situation de conflit à la lumière des programmes post-2015 des objectifs du Millénaire pour le développement et de l’EPT. Réseau pour les politiques internationales et la coopération en matière d’éducation et de formation (NORRAG)). Document de travail #3, 17 pages.
Engagements internationaux pertinents
- Assemblée générale des Nations-Unies. (2016). Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2000). Résolution 1325.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2008). Résolution 1820.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2009). Résolution 1888.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2009). Résolution 1889.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2010). Résolution 1960.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2013). Résolution 2106.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2013). Résolution 2122.
- Conseil de Sécurité de l’ONU. (2015). Résolution 2242.
- Directorate-General for European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations (ECHO – titulaire actuel de la chaire). (2017). Call to Action on Protection from Gender-Based Violence in Emergencies (Appel à l’action pour la protection contre la violence basée sur le genre dans les situations d’urgence).
- Inter-Agency Standing Committee (IASC). (2016). Grand Bargain (La Grande entente).
- Nations Unies. (2016). Agenda for Humanity (Agenda pour l’humanité).
- ONU Femmes. (2018). Les femmes, la paix et la Sécurité.
Liens connexes
- Fiche conseil de l'évaluation environnementale stratégique :
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