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Conférence mondiale sur la liberté de la presse : Sommaire des consultations régionales en Europe

Introduction

COVID-19 et liberté des médias

Tous s’entendent pour dire que la COVID-19 ne fait que renforcer et mettre en évidence les tendances négatives existant depuis longtemps dans le contexte médiatique. La COVID-19 a créé la plus grande demande d’information du public jamais vue et entraîné une grande perte de confiance du public.

La pandémie a aggravé les difficultés financières de médias déjà vulnérables. Les participants ont également souligné que certains gouvernements ont encouragé l’application généralisée de lois sur la désinformation ciblant volontairement ou par inadvertance les médias indépendants. Les gouvernements omettent de plus en plus de fournir de l’information ou, dans certains cas, la manipulent délibérément. Certains journalistes en quête d’information sur la COVID-19 ont fait face à des campagnes de harcèlement.

Compte tenu de ces circonstances, les médias de la région doivent jongler avec un équilibre précaire entre la présentation de l’information émanant de la fonction publique (afin notamment d’encourager le respect des mesures gouvernementales) et les rapports d’enquête (qui remettent en question l’efficacité du gouvernement). Dans des régions comme l’Europe de l’Est, le manque d’expertise des médias indépendants en matière de santé publique a parfois donné lieu à la communication involontaire de fausses informations. Ces incidents ont miné la crédibilité des médias et les ont exposés à des poursuites du gouvernement.

Intelligence artificielle, technologie numérique et liberté des médias

Les participants ont fait remarquer que les contenus générés par l’intelligence artificielle (IA) semblent de plus en plus authentiques et que ni les travailleurs des médias ni le public ne possèdent les compétences nécessaires pour reconnaître ce type de contenu. Ils ont insisté sur le fait que le flot de fausses nouvelles représente un réel danger pour les sociétés et qu’elles rendent la vérification de l’information essentielle. Les participants ont également fait remarquer que des problèmes se sont posés, parce que les géants des médias sociaux contrôlent l’information et que la réglementation des gouvernements n’est pas toujours équitable. La manipulation d’informations ne requiert pas de grandes capacités techniques pour la production de fausses nouvelles, ce qui pose un risque aussi grand que la capacité de l’IA à diffuser de l’information fausse ou dangereuse.

Plusieurs intervenants ont signalé que les entreprises de médias sociaux et les gouvernements autocratiques disposent des fonds et du savoir-faire nécessaires pour utiliser l’IA et les algorithmes pour promouvoir certaines informations et de réduire l’espace pour le journalisme critique et indépendant. Les gouvernements ont également eu recours au signalement de masse de certains articles afin de faire retirer du contenu des médias sociaux. En revanche, les journalistes indépendants n’ont souvent pas les compétences requises pour utiliser les algorithmes à leur avantage, ce qui les désavantage encore plus.

En outre, de nombreux journalistes sont incapables de reconnaître le contenu protégé par le droit d’auteur en raison de leur faible littératie numérique, ce qui les expose à des poursuites ciblées. La vie privée et l’anonymat des sources sont de plus en plus menacés. Les pressions financières combinées au manque de connaissances ont mené à l’utilisation de logiciels piratés, vulnérables au piratage. Le manque de connaissances en matière de chiffrement peut mettre les sources en danger si les ordinateurs des journalistes sont saisis. La criminalisation des technologies de chiffrement et de l’anonymat sur le Web a mis en péril le journalisme d’enquête et la protection des sources.

Manipulation politique et pressions financières

Les participants ont souligné que les mesures gouvernementales visant à miner l’indépendance des médias ne sont pas toutes délibérées. Les difficultés financières peuvent exposer les médias à l’influence d’acteurs externes. Certains gouvernements d’Europe de l’Est ont réussi à « re-nationaliser » les médias en investissant dans les médias en difficulté et en les consolidant, tout en empêchant la fusion et en bloquant le financement étranger pour les médias indépendants essentiels. Bien que l’Union européenne dispose de lois strictes qui protègent la liberté des médias, les journalistes des États d’Europe de l’Est ne comprennent souvent pas ces protections ni comment s’en servir.

Les géants des médias sociaux exercent aussi des pressions en monopolisant les revenus publicitaires. Les portails anonymes diffusant de la désinformation, y compris des campagnes financées par les gouvernements étrangers, attirent les revenus publicitaires au détriment des salles de presse sérieuses.

Dans certains cas, la radiodiffusion financée par l’État peut offrir une sécurité financière et une indépendance aux médias. Les participants ont souligné que la Société Radio-Canada est un exemple de diffuseur de confiance qui a su gérer le virage numérique avec un budget relativement modeste.

Violence et menaces contre les groupes vulnérables

Au-delà des menaces physiques, de nombreux journalistes, en particulier les femmes, les minorités et les journalistes LGTBQ2I, sont à risque dans le monde numérique. Les campagnes de salissage coordonnées sur les médias sociaux peuvent nuire à la réputation des journalistes et affaiblir leur crédibilité. Les attaques en ligne contre les femmes journalistes et membres de minorités peuvent entraîner de l’autocensure et une perte de diversité de voix. La cyberintimidation à l’égard des femmes journalistes est exacerbée par le manque de formation des journalistes en matière de sécurité et les interventions défaillantes du système de justice. Certains participants ont fait valoir que les discours haineux, en particulier contre la communauté LGBT2QI ou les groupes racialisés, doivent être redéfinis pour mieux s’attaquer aux activités qui ne sont pas couvertes par les lois existantes.

Recommandations des participants

Les participants ont recommandé plusieurs mesures pour accroître la liberté des médias en Europe :

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