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Conférence mondiale sur la liberté de la presse : Résumé des consultations régionales en Asie du Sud

Introduction

La COVID‑19 et la liberté des médias

La COVID‑19 a créé diverses contraintes sur la capacité des journalistes à accéder à l’information à un moment critique pour les démocraties régionales. De nombreux participants ont fait remarquer que les confinements ont restreint leur accès aux zones critiques, les empêchant de faire des reportages sur d’autres questions importantes. Les ministères gouvernementaux ont émis des directives décourageant la communication avec les journalistes, et certains participants ont décrit des cas où l’accès aux données et aux informations leur a été refusé. Dans d’autres cas, le détournement par le gouvernement de ressources publiques limitées pour répondre à la COVID‑19 a entraîné des retards importants dans les processus d’accès à l’information légalement protégés. Un participant a mentionné l’exemple d’autorités qui accusent des journalistes ou qui leur imposent des amendes pour ne pas avoir porté correctement leur masque ou pour avoir transgressé des protocoles relatifs à la COVID‑19.

Sur le plan politique, la COVID‑19 a dominé le discours, détournant l’attention d’autres questions politiques importantes. Il en résulte que les gouvernements continuent à prendre des décisions importantes avec une couverture et une analyse réduites. Un participant a fait remarquer que le soutien de la communauté internationale à la liberté des médias a diminué depuis la pandémie, car la communauté internationale a concentré ses ressources sur la réponse à la COVID‑19.

La technologie numérique et la liberté des médias

Les médias traditionnels – les journaux, la radio et la télévision – restent une source d’information importante dans toute l’Asie du Sud, plus que sur les marchés des médias nord-américains et européens. Cela dit, conformément aux grandes tendances mondiales, les médias numériques érodent rapidement la clientèle et les modèles de revenus de ces médias traditionnels. Les plateformes de médias sociaux qui offrent des contenus gratuits, dont une grande partie a été décrite comme piratée à partir de sources de médias traditionnels, le font sans aucune conséquence et détournent le flux de revenus connexes (tant les abonnés que les annonceurs) de ces sources. Facebook et Google ont été cités en particulier pour avoir reproduit le contenu de médias traditionnels, et pour avoir tiré des profits indus en empochant des revenus publicitaires, et aucun mécanisme n’est actuellement en place pour décourager ou pénaliser ces pratiques. Un participant a plaidé en faveur de lois et de réglementations visant à responsabiliser les entreprises de médias sociaux, mais il a mis en garde que ces lois ne devraient pas être utilisées pour réprimer davantage l’accès et la liberté des médias.

Les gouvernements se servent de la loi à leurs propres fins

Malgré les garanties juridiques de la liberté des médias, de nombreux participants ont décrit leur système juridique comme une source de menaces plutôt que de protection. Dans de nombreux pays de la région, les gouvernements et d’autres intervenants puissants se sont servis de nombreuses lois, souvent obscures et sans lien avec le journalisme, pour intimider et compromettre les journalistes et les organisations de médias. Ces lois comprennent non seulement la sédition et la sécurité nationale faisant l’objet d’une grande publicité, mais aussi des mécanismes juridiques apparemment inoffensifs. Les poursuites accrues contre des journalistes signifient qu’ils consacrent souvent du temps et des ressources à se battre contre les accusations devant les tribunaux au lieu d’accomplir leur travail. Les participants ont également décrit une hausse de la censure, qu’elle soit imposée par l’État ou par eux-mêmes.

Les effets néfastes d’un environnement numérique non réglementé et qui prolifère rapidement peuvent s’étendre aux organismes de médias traditionnels et à leur personnel et, de manière plus générale, au bon fonctionnement de la démocratie. Certains participants ont déploré que si les médias sociaux peuvent être un outil de démocratisation très utile, ils ont souvent été utilisés à la place pour le trollage et la diffusion de désinformation.

Le recul démocratique exacerbe les tendances

Les participants de certains pays ont exprimé leur préoccupation quant à l’érosion des institutions démocratiques et de la liberté d’expression résultant de la montée de dirigeants populistes très en vue et charismatiques. La marginalisation des corps législatifs en tant que contrôles de l’organe exécutif permet à ces dirigeants populistes de propager de puissants discours d’État sans véritable contestation politique, ce qui place les médias indépendants dans une position vulnérable où ils sont de plus en plus isolés lorsqu’il s’agit de faire contrepoids à la rhétorique gouvernementale.

Le rôle de la communauté internationale

Un journaliste a exprimé sa déception face à la réticence de la communauté internationale à exprimer son opinion sur la liberté des médias et à ce qu’il a décrit comme un « silence assourdissant » sur la répression des journalistes et la liberté d’expression. Il a fait valoir que les pays développés hésitent à mettre en péril les accords commerciaux et les relations économiques en prenant position sur les droits de la personne et en protégeant les minorités. Toutefois, un autre participant a fait remarquer que le rôle de la communauté internationale n’est pas nécessairement d’intervenir mais plutôt de créer des « espaces sécuritaires » pour que les journalistes puissent explorer et relever leurs défis.

Les recommandations des participants

Les participants ont recommandé plusieurs mesures pour accroître la liberté des médias dans la région de l’Asie du Sud :

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