Conférence mondiale sur la liberté de la presse : Résumé des consultations régionales dans la région d’Afrique subsaharienne francophone
Introduction
- Le 8 octobre 2020, le Canada a organisé des consultations régionales sur la liberté de la presse pour la région d’Afrique subsaharienne francophone en préparation à la deuxième Conférence mondiale sur la liberté de la presse. Douze participants de 8 pays de la région ont pris part à la consultation. Les discussions ont eu lieu conformément à la règle de Chatham House.
- Les participants ont longuement débattu de la manière dont l’intelligence artificielle touche le journalisme en Afrique. Bien que les défis soient clairs, la plupart des participants ont convenu que les nouvelles technologies resteront et que les journalistes doivent s’adapter à la nouvelle réalité plutôt que de la combattre.
- Les participants se sont aussi attardés sur 2 autres menaces imminentes, de leur point de vue : la liberté de presse en Afrique (l’existence continue de restrictions imposées par les gouvernements) et la politisation du travail des journalistes, qui a mené à une perte de confiance des utilisateurs de l’information.
L’intelligence artificielle, la technologie numérique et la liberté de la presse
Les participants ont noté que l’intelligence artificielle (IA) est une réalité qui existe, bien que son arrivée en Afrique ne soit peut-être pas aussi avancée que dans d’autres marchés. Ils ont appelé les médias africains à s’y adapter. La création automatique de contenu peut renforcer les points de vue existants (et décourager la pensée critique) et, dans le pire des cas, peut aggraver les divisions au sein de la société (y compris les divisions religieuses et ethniques). Ce contenu soutient aussi l’engouement plutôt que l’information.
Dans ce contexte, les participants ont noté les limites de l’IA et le besoin continu de veiller à ce que les professionnels maintiennent une surveillance. Les participants ont appelé les journalistes et les organisations médiatiques à s’adapter aux technologies et à les utiliser efficacement, contribuant ainsi à leur utilisation responsable. On peut voir dans la croissance de l’IA les premiers signes de menaces à la liberté d’expression et aux droits de la personne. Par conséquent, il incombe aux gouvernements de réglementer l’innovation en matière d’IA dans une certaine mesure et d’adapter les cadres juridiques, notamment pour protéger les données personnelles et la vie privée.
Les questions internes concernant la liberté de la presse
Les participants ont noté les défis liés aux limites du professionnalisme des médias. Avec le retour du multipartisme en Afrique dans les années 1990, et le retour des lois régissant la liberté de la presse, on note une politisation des médias africains.
Les médias privés (et publics) ont été manipulés à des fins politiques et personnelles, et divers comités de rédaction ont imposé leurs propres restrictions internes à la liberté de la presse. Le modèle économique touche également l’Afrique, où le pouvoir d’achat des consommateurs est beaucoup plus limité, ce qui donne plus de pouvoir aux investisseurs privés et aux annonceurs. À cela s’ajoute un manque formation et de réglementation du journalisme professionnel, ce qui entraîne une baisse de qualité du contenu journalistique et un manque de confiance entre les utilisateurs et les créateurs d’information.
Les suggestions des participants
Les participants ont recommandé les mesures suivantes pour favoriser la liberté de la presse dans la région d’Afrique subsaharienne francophone :
- Les participants ont appelé les membres de la communauté internationale à intervenir auprès des gouvernements africains pour appuyer les journalistes qui sont pris pour cible par les autorités étatiques et pour encourager le développement et le renforcement de cadres de réglementation de la presse. En particulier, les lois doivent être mises à jour pour tenir compte des enjeux propres aux nouvelles technologies.
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