Les voix autochtones du Pérou, de la Bolivie et du Canada : protéger le lac Titicaca
Des femmes autochtones supervisent un projet unique de conservation de l’eau sur les rives du lac Titicaca.
Les peuples autochtones du monde entier montrent la voie en matière d’efforts de conservation.
Leur relation spéciale avec les terres et territoires ancestraux leur a permis d’acquérir des connaissances importantes qui peuvent contribuer à la protection de la biodiversité planétaire, à la lutte contre les changements climatiques et au maintien des écosystèmes.
Ils font également partie des groupes les plus marginalisés et désavantagés du monde.
Même s’ils ont des cultures et mœurs uniques, ils sont confrontés à des défis similaires :
- Protection de leurs droits en tant que peuples distincts;
- Reconnaissance de leur identité et de leur mode de vie;
- Droit à leurs terres, territoires et ressources naturelles traditionnels.
Dans le cadre d’un projet unique de conservation de l’eau du lac Titicaca financé par le Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL), les cheffes de file autochtones de la Bolivie et du Pérou ont rencontré le Canadien Alex Wells, champion du monde de danse du cerceau de la Première Nation Lil’wat en Colombie-Britannique. Ils ont échangé à propos de leurs cultures et de leurs expériences, tout en discutant du rôle des peuples autochtones dans la protection de leurs terres ancestrales.
Le fléau de la pollution du lac Titicaca « sacré »
Situé en altitude dans les montagnes andines chevauchant le Pérou et la Bolivie, le lac Titicaca est le plus haut plan d’eau navigable au monde. Reconnu sacré par le peuple local Aymara, le soleil y serait né selon les Incas.
Toutefois, ce célèbre lac est très pollué.
Tous les jours, des déchets de touristes, des eaux usées non traitées et des sous-produits de l’exploitation des ressources naturelles y sont jetés. Les concentrations toxiques de mercure et de plomb causent des problèmes de santé aux êtres humains et aux animaux.
Les cheffes de file autochtones des communautés locales Aymara et Quechua passent désormais à l’action pour protéger leur réserve d’eau.
Des femmes autochtones surveillent la contamination de l’eau et se battent pour la survie du lac
Grâce au FCIL, l’ambassade du Canada au Pérou et en Bolivie s’est associée à Agua Sustentable, un organisme local sans but lucratif qui donne les moyens aux cheffes de file autochtones locales de mesurer et d’analyser la qualité de l’eau du lac. Cet organisme milite auprès des autorités locales et nationales.
Agua Sustentable a reçu 33 000 dollars canadiens pour créer le « Réseau des femmes unies pour l’eau du lac Titicaca » et offrir de la formation à ses membres. Ce groupe transfrontalier est formé de 86 femmes autochtones habitant autour du lac. Ce réseau amplifie leur rôle et leur visibilité dans la gouvernance et la gestion du lac.
Pour que les femmes puissent surveiller et sonder les niveaux de pollution, le FCLI met aussi à leur disposition des drones et des appareils de mesure du pH, en plus de leur offrir une formation technique.
Les femmes ont mené cinq campagnes de surveillance de l’eau dans quatre provinces du lac. À chaque emplacement, elles mesuraient le pH, la température, la conductivité électrique, les matières dissoutes et la concentration en oxygène dissous du lac.
L’information sur la qualité de l’eau, téléversée dans l’application Suma Uma, regroupe les données présentant l’étendue de la pollution de l’eau du lac Titicaca en un format simple et permet d’éclairer les décisions politiques et projets de conservation de l’eau.
Les voix et le leadership des femmes sont au premier plan des discussions sur la durabilité du lac
Le leadership des femmes dans les efforts de préservation du lac Titicaca contribue à abattre les obstacles dans les communautés des hautes terres isolées où les stéréotypes traditionnels de genre prospèrent.
Les cheffes de file des communautés sont maintenant suffisamment confiantes pour présenter leurs résultats aux partenaires péruviens et fonctionnaires.
Elles participent au dialogue avec les responsables politiques concernant l’avenir du Lac Titicaca.
Bagages autochtones partagés, de la Colombie-Britannique au Lac Titicaca
Alex Wells, de la Première Nation Lil’wat en Colombie-Britannique, a aussi été impressionné par les femmes autochtones du Lac Titicaca.
Dans le cadre des célébrations du 40e anniversaire de la coopération en matière de développement international entre le Canada et la Bolivie et du 75e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et le Pérou, l’ambassade a invité le triple champion du monde à rencontrer les peuples autochtones péruviens et boliviens.
Les membres de la communauté autochtone locale ont ressenti un lien fort avec Wells qui venait de loin. Leurs expériences communes en tant que peuples autochtones les ont rapprochés. « Les participants ont été impressionnés de voir et d’entendre quelqu’un qui leur ressemblait, même s’ils parlaient des langues différentes », mentionne Ana Maria Millares, présidente du Réseau des femmes unies pour l’eau du lac Titicaca.
Wells, inspiré par le leadership et le courage des femmes autochtones, a exécuté spontanément sa danse traditionnelle « Création ». Les figures symboliques, comme les animaux et les plantes, qu’il représente avec ses cerceaux durant sa danse racontent les histoires de son peuple sur la création de la vie. Un lien s’est alors créé entre les communautés autochtones.
« On ne voit ça que dans les films.»
« J’ai ressenti une connexion immédiate, une attirance culturelle avec les membres de la communauté autochtone que j’ai rencontrés », explique Alex. « En parcourant le monde pour faire découvrir les traditions et les danses de mon peuple, j’ai le sentiment de participer de plus en plus à une mondialisation des cultures autochtones avec les liens spirituels qui se rejoignent dans cette génération », ajoute-t-il.
Agir contre la pollution, au Canada, au Pérou et en Bolivie
Dans la langue autochtone des Lillooet, Lil’wat signifie « où les deux rivières se rencontrent ». Alex décrit les expériences de son peuple en matière de protection et de gestion de leurs terres et cours d’eau. Les femmes participantes ont reconnu leurs valeurs autochtones communes, notamment un profond respect envers la nature et les préoccupations environnementales.
Le Canada compte plus de lacs d’eau douce que tout autre pays au monde. En effet, les Grands Lacs représentent près de 20 % de l’eau douce de surface mondiale. Le Canada participe activement à la protection de ces ressources naturelles. L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs et l’Accord Canada-Ontario concernant la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème des Grands Lacs cernent les priorités et mesures requises pour restaurer et protéger l’intégrité chimique, physique et biologique des Grands Lacs. Ces ententes ont été transmises au Pérou et à la Bolivie en 2015 comme modèles possibles de conservation de l’eau.
Juste après la performance de Wells, les 60 femmes présentes et le personnel de l’ambassade ont ramassé les déchets sur les rives du lac.
Après l’événement, les cheffes de file ont expliqué qu’elles se sentaient capables d’assurer la sûreté du lac Titicaca et de la rivière Desguadero. Elles comprennent que la protection de leur environnement est utile et possible.
Les femmes autochtones montrent la voie
On planifie déjà l’expansion du projet, notamment :
- des projets de sensibilisation du public dans douze écoles publiques locales pour sensibiliser les jeunes aux enjeux et techniques de la conservation;
- l’ajout de 50 cheffes de file de la région du lac au réseau actuel;
- des contributions à l’élaboration de politiques;
- une sensibilisation et une formation accrues dans les communautés;
- le lancement d’une chaîne YouTube pour promouvoir le travail du Réseau des femmes et assurer une formation sur les nouvelles approches de conservation de l’eau.
Le Canada s’engage à réduire les problèmes des peuples autochtones d’ici et d’ailleurs, notamment en restaurant et protégeant leurs terres et cours d’eau traditionnels et en donnant aux cheffes de file autochtones les moyens d’agir dans leurs communautés.
L’ambassade du Canada au Pérou et en Bolivie s’engage à créer un vrai changement avec les communautés autochtones, basé sur une relation de respect, de partenariat et de reconnaissance des droits.
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