Renouveler la SEI - documents thématiques : Renforcer la numérisation

Publié le 1er mars 2023

Aperçu

La numérisation, définie comme le processus de conversion de systèmes, de processus et de tout autre élément sous forme numérique, généralement à l’aide d’ordinateurs ou d’Internet, est un sujet de discussion important dans la création de la nouvelle Stratégie en matière d’éducation internationale (SEI) du Canada. La numérisation est un vaste thème qui peut inclure les possibilités d’apprentissage en ligne ainsi que la mise en œuvre d’une série d’options de prestation de services numériques pour améliorer l’expérience des étudiants. La pandémie de COVID-19 a accéléré la transition vers la diffusion en ligne des programmes éducatifs, de la maternelle à la 12e année jusqu’aux niveaux postsecondaires des universités et des collèges.

Dans le cadre du renouvellement de la SEI, nous nous tournerons vers nos partenaires, les provinces, les territoires, les associations et les établissements de premier plan pour discuter de la manière dont le Canada peut tirer parti de la numérisation pour améliorer l’éducation à l’échelle internationale. 

Tendances actuelles de l’apprentissage en ligne

La pandémie de COVID-19 a entraîné un changement majeur dans l’offre de l’enseignement pour tous les étudiants, y compris les étudiants internationaux. Les mesures mises en œuvre pendant la pandémie ont facilité l’achèvement de l’ensemble des programmes en ligne depuis l’étranger sans avoir d’incidence sur l’admissibilité des étudiants internationaux au Programme de permis de travail postdiplôme (PPTPD) — une voie potentielle vers la résidence permanente. L’Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet indique que le pourcentage d’étudiants de niveau collégial âgés de 15 à 24 ans ayant suivi une formation formelle en ligne est passé de 25,7 % en 2018 à 54,6 % en 2020. Les répondants de niveau universitaire indiquant avoir participé à une formation en ligne formelle pour la même catégorie d’âge sont passés de 35,9 % à 53,7 % au cours de la même période. Ces chiffres indiquent une accélération d’un intérêt et d’un engagement déjà croissants pour l’apprentissage formel en ligneNote de bas de page 1.

Les dépenses en matière d’éducation numérique devraient croître pour représenter 4,3 % des investissements mondiaux en éducation en 2025, alors que cette proportion se fixait à 2,5 % avant la COVID.Note de bas de page 2

Les dépenses numériques ne représentent qu’une petite fraction des budgets de l’éducation. Toutefois, le capital-risque et les investissements privés ont été multipliés par 14 depuis 2010. L’activité d’investissement est actuellement concentrée en Chine et aux États-Unis, qui attirent respectivement 52 % et 33 % des investissements en éducation numérique.

L’apprentissage international collaboratif en ligne représente une part croissante, à l’initiative du corps enseignant, des activités d’internationalisation à domicile, en plus d’offrir aux étudiants des possibilités d’apprentissage et d’engagement à l’échelle mondiale. L’intérêt pour l’expansion de l’internationalisation des programmes d’études par le biais de l’apprentissage en ligne et des partenariats internationaux offre la possibilité à un plus grand nombre d’étudiants canadiens d’apprendre aux côtés d’autres personnes dans le monde. L’apprentissage international collaboratif en ligne offre également un accès et des possibilités de collaboration à l’échelle mondiale, au-delà des programmes traditionnels de mobilité et d’échange d’étudiants.

De nombreux établissements d’enseignement canadiens exportent des services tels que l’octroi de licences de programmes d’études et la formation technique et professionnelle, souvent avec l’aide du Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada. L’apprentissage en ligne offre de nouveaux marchés pour la croissance des exportations canadiennes en matière d’éducation, tout en rendant le domaine de l’éducation internationale plus inclusif. Les personnes qui souhaiteraient étudier dans des établissements canadiens, mais qui, en raison de contraintes financières, d’obligations familiales ou d’autres facteurs, ne peuvent pas se rendre au Canada, constituent un segment qui pourrait être ciblé par les options en ligne.

L’Australie a mis en place, dans le cadre de sa stratégie en matière d’éducation internationale, une voie d’accès à la résidence permanente pour les étudiants qui étudient dans des établissements australiens depuis l’étranger dans des domaines connaissant des pénuries de main-d’œuvre qualifiée. Ce système pourrait éventuellement être adopté au Canada pour répondre aux besoins en main-d’œuvre examinés dans l’étude du marché du travail d’Affaires mondiales Canada.

L’impact des technologies nouvelles et émergentes est un facteur important dans l’évolution permanente de la conception et de la prestation de l’apprentissage, en particulier pour les établissements d’enseignement supérieur. Les technologies avancées, y compris l’intelligence artificielle (IA), seront présentes dans les futurs services en ligne et en personne. L’investissement dans la technologie, la formation professionnelle et la conception de nouveaux programmes d’études sont perçus comme des exigences clés dans la nouvelle prestation d’apprentissage en ligne.Note de bas de page 3

Les programmes de microcertification et les cours de courte durée peuvent avoir un impact sur les futurs modèles d’enseignement en ligne. Les formats traditionnels des attestations d’études sont reconsidérés avec l’expansion de la délivrance de microcertifications. On s’intéresse de plus en plus à la nécessité de dégrouper le contenu des compétences d’apprentissage et le diplôme qui y est associé. Le rôle et l’engagement du gouvernement varient selon les territoires, et les prestataires d’enseignement supérieur des secteurs public et privé travaillent souvent dans le cadre de divers modèles de consortiums. Cet espace est dynamique et les établissements canadiens y participent activement, bien que l’impact qu’il aura sur les services d’éducation à l’étranger ne soit pas clair.Note de bas de page 4

Depuis 2020, d’importants investissements et améliorations ont été réalisés dans la prestation de programmes en ligne dans le monde entier. Les établissements ont maintenu ou élargi leurs offres en ligne et hybrides alors même que l’enseignement en personne a repris et qu’une proportion croissante d’agents recrutent désormais pour des programmes en ligne.Note de bas de page 5

Tendances relatives à la numérisation des services

Des initiatives de numérisation sont en cours au sein du gouvernement du Canada, y compris au sein d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Le gouvernement du Canada se classe actuellement au 28e rang du classement de l’ONU en matière d’administration électronique. Le budget 2021 décrit une prochaine phase ambitieuse pour la transformation numérique du Canada, avec plus de 2,5 milliards de dollars d’investissements proposés, y compris dans l’immigration. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) est en train de revoir ses programmes afin d’accroître l’efficience par l’utilisation de la technologie, y compris l’IA, et de rationaliser le processus de demande par l’utilisation de portails en ligne.

L’adoption et la transformation numériques restent le plus grand défi des régions et des établissements au niveau mondial. La proportion de dirigeants de l’enseignement supérieur citant la transformation numérique comme l’un de leurs principaux enjeux a connu une forte augmentation de 19 % en 2023 par rapport à l’année précédente. En 2022, 50 % des dirigeants avaient indiqué la transformation numérique comme un enjeu clé, augmentant à 69 % en 2023. La transition à long terme de l’enseignement supérieur vers le numérique, à partir des systèmes, des politiques et des infrastructures, de la conception de l’apprentissage et de l’enseignement, et de leur prestation continue de gagner en importance.Note de bas de page 6

La numérisation continuera à jouer un rôle plus important dans le recrutement et le marketing en ligne des étudiants internationaux. Le recrutement des étudiants internationaux a également été impacté par l’adoption d’une série de stratégies numériques, avec une utilisation croissante des canaux sociaux, des applications de messagerie et de l’intelligence artificielle.Note de bas de page 7

Occasions et défis

Il y a un manque de données globales sur l’apprentissage en ligne et les tendances de la numérisation de l’enseignement supérieur au Canada, ce qui rend difficile la prise de décisions éclairée par des données. Il ne s’agit pas d’un problème exclusif au Canada, mais d’autres pays, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, disposent de certains mécanismes de collecte de données qui font actuellement défaut au Canada. Par exemple, l’Integrated Post-Secondary Education Data System (IPEDS) des États-Unis comprend des données sur les inscriptions, les taux d’achèvement et les caractéristiques institutionnelles des offres d’enseignement à distance et met ces données agrégées à la disposition du public.Note de bas de page 8 L’agence britannique de statistiques sur l’enseignement supérieur (Higher Education Statistics Agency) produit un dossier de données étrangères agrégées, qui inclut l’enseignement à distance dispensé aux étudiants en dehors du Royaume-Uni.Note de bas de page 9

À partir du 1er septembre 2023, le temps passé à étudier en ligne à l’extérieur du Canada sera déduit du permis de travail post-diplôme de l’étudiant. Cette mesure vise à dissuader les étudiants d’étudier en ligne.

Le maintien de l’assurance qualité dans les offres de programmes en ligne doit être pris en considération en vue de préserver l’image de marque du Canada en matière d’éducation de qualité.

L’accès restera un problème à mesure que l’apprentissage en ligne se développe. Citons par exemple la garantie d’une connectivité stable et d’un accès à la technologie pour les étudiants, ainsi que l’accès des étudiants internationaux aux ressources d’apprentissage canadiennes. On s’inquiète par ailleurs de plus en plus de la censure des ressources Web par les fournisseurs et les pays, en particulier des sites étrangers. Selon une étude de Comparitech, environ 25 % des détenteurs actuels de permis d’études au Canada proviennent de pays ayant des pratiques agressives de censure en ligne, ce qui constitue une menace pour l’avenir.Note de bas de page 10

L’augmentation de la demande d’étudiants internationaux exerce une pression accrue sur la capacité d’offre de programmes, le soutien des services aux étudiants et les logements étudiants abordables. Les possibilités d’apprentissage en ligne peuvent faciliter l’accès des étudiants internationaux à l’éducation canadienne au-delà des limites de capacité des établissements et des communautés.

Enfin, auparavant, il a été décidé que les établissements exclusivement en ligne n`étaient pas éligibles pour utiliser la marque ÉduCanada et par conséquent, le Service des Délégués Commerciaux (SDC) n’a pas fait la promotion de ces établissements de manière proactive. Cependant, cela exclut exclusivement les établissements en ligne des avantages de l’éligibilité à la marque, dont bénéficient les établissements proposant à la fois des programmes en ligne et en personne.

Avec les récentes tendances en faveur de l’enseignement en ligne, c’est une question qui pourrait être réexaminée.

Questions

  • Après la pandémie, les établissements vont-ils se retirer des programmes d’apprentissage en ligne, conserver les offres ou les modes de prestation existants ou augmenter leurs offres ?
  • Pensez-vous qu’il serait utile d’étendre l’enseignement aux étudiants qui étudient en ligne au début de leur programme depuis leur pays d’origine avant de venir au Canada pour terminer leur programme ici ?
  • À l’instar de l’Australie, le Canada devrait-il explorer les moyens d’offrir des programmes de permis de travail qui pourraient mener à l’obtention de la résidence permanente pour les étudiants inscrits exclusivement à des programmes en ligne dans les régions où le marché du travail connaît des pénuries de main-d’œuvre ?
  • Quels avantages ou inconvénients voyez-vous à proposer des programmes en ligne aux étudiants internationaux ?
  • Les établissements exclusivement en ligne devraient-ils être admissibles à l’image de marque ÉduCanada ?
  • Y a-t-il des services numériques que le gouvernement du Canada pourrait mettre en place pour mieux servir les étudiants internationaux ?
  • Sachant que l’accessibilité aux technologies numériques est inégale dans le monde, et dans certains cas au sein des communautés universitaires, comment éviter de créer de nouveaux problèmes d’inclusion dans l’éducation internationale résultant de cette fracture numérique et sociale ?

Autres ressources :