Renouveler la SEI - documents sectoriels : Le secteur de l’enseignement des langues du Canada

Publié le 1er mars 2023

Aperçu

Le secteur de l’enseignement des langues est un élément clé de l’écosystème de l’éducation internationale au Canada. Les programmes d’enseignement des langues sont offerts par des établissements privés et publics à travers le Canada pour enseigner le français ou l’anglais comme langue seconde aux étudiants canadiens et internationaux. La durée des programmes varie en fonction des besoins des étudiants et peut aller de deux semaines à plus d’un an.

Il existe six principaux segments d’études linguistiques au Canada pour les étudiants internationaux :

  • anglais/français général;
  • anglais/français des affaires;
  • anglais/français à des fins précises;
  • anglais/français à des fins académiques;
  • programme de cheminement menant à un grade, un diplôme ou un certificat dans une université ou un collège;
  • camp d’été ou d’hiver pour les étudiants de niveau préuniversitaire (moins de 18 ans).

Bien qu’elles ne soient pas aussi populaires que l’anglais et le français, les langues étrangères et les langues autochtones sont également enseignées dans des établissements d’enseignement des langues canadiens.

En plus des étudiants en langues traditionnelles, les établissements linguistiques canadiens s’adressent également à d’autres groupes d’étudiants tels que les immigrants récents (souvent parrainés par des programmes d’établissement financés par le gouvernement), les fonctionnaires (programmes de langue seconde dans le secteur public) et les étudiants qui étudient dans le cadre d’un programme continu menant à un diplôme, un certificat ou un grade.

Langues Canada (LC) est la principale association du secteur de l’enseignement des langues. Langues Canada représente plus de 200 membres privés et publics offrant des programmes de formation accrédités en anglais et en français. Les tendances et les défis mis en évidence dans ce document sont basés sur son Rapport annuel sur l’enseignement des langues au Canada (2019-2021). Les données et l’analyse sont limitées, car Langues Canada ne compte pas de membres situés dans les territoires et à Terre-Neuve-et-Labrador.

Tendances actuelles

Selon les données d’enquête recueillies par Langues Canada en 2021, 53 686 étudiants internationaux suivaient un programme linguistique au Canada. Le segment anglophone a accueilli la grande majorité des étudiants internationaux, soit 96,4 %, contre 3,6 % pour le segment francophone. En comparaison, il y avait 145 684 étudiants internationaux en 2019, ce qui représente une diminution de 36,8 % du nombre d’étudiants de 2019 à 2021. Cette baisse peut être en partie attribuée aux restrictions de voyage liées à la COVID-19 et à l’augmentation de l’offre de programmes linguistiques proposés dans les pays d’origine des étudiants internationauxNote de bas de page 1.

Il est important de noter que ce nombre ne comprend pas tous les étudiants internationaux qui suivent un programme linguistique, car Langues Canada ne représente pas les établissements d’enseignement linguistique non accrédités au Canada. En outre, selon les données de l’IRCC, les étudiants qui

détiennent une autorisation de voyage électronique (AVE) ou un visa de résident temporaire (VRT) au Canada à des fins de formation linguistique pour une période de moins de six mois ne sont pas pris en compte dans la définition traditionnelle d’ « étudiants internationaux ».

Principaux points

  • Le Canada reste une destination populaire pour les séjours linguistiques offerts aux étudiants internationaux. En 2019, le Canada était la quatrième destination en importance en matière de séjour linguistique en anglais, après le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie. Le Canada a été la première destination à ouvrir ses frontières aux étudiants internationaux en 2020, bénéficiant ainsi de la demande comprimée en matière de formation linguistique conduisant à une augmentation de la part de marché mondial du Canada de 12 % en 2019 à 17 % en 2020. L’augmentation de la part de marché est largement attribuée aux politiques frontalières bien gérées du Canada pendant la pandémie de COVID-19.
  • Les établissements privés et publics voient le nombre d’étudiants et de semaines diminuer. En 2019, l’accueil des étudiants dans les programmes publics et privés a diminué, ce qui a eu pour effet de diminuer le volume de semaines d’étude en raison de séjours plus courts. En 2020, les programmes du secteur privé ont été plus touchés que les programmes publics. Cette tendance s’est inversée en 2021, entraînant une baisse significative du nombre d’étudiants et de semaines d’études dans le secteur public, tandis que le secteur privé a légèrement perdu en nombre d’étudiants, mais gagné en semaines d’études. Ce courant peut être en partie attribué à la diminution de la demande, car les formations linguistiques sont proposées dans le pays d’origine des étudiants, ainsi que la prolifération des outils informatiques et des applications d'apprentissage des langues.
  • Les principaux pays sources sont plus diversifiés dans le secteur des langues. Contrairement à d’autres secteurs, comme les collèges et les universités, où l’Inde et la Chine représentent plus de 50 % de tous les titulaires de permis d’études, les 5 premiers pays sources en 2021 étaient le Japon, la Colombie, la Chine, le Mexique et le Brésil. L’Asie et l’Amérique latine étaient les régions sources les plus importantes de tous les étudiants en langues au Canada.
  • On constate une augmentation du nombre de permis d’études détenus par les étudiants en langues. En 2019, les titulaires de permis d’études représentaient 29 % des étudiants internationaux suivant un programme linguistique. En revanche, de 2020 à 2021, le ratio d’étudiants bénéficiant d’un permis d’études a continué d’augmenter, passant de 44 % en 2020 à 56 % en 2021. Cette augmentation significative depuis 2019 est en grande partie due aux restrictions frontalières pendant la pandémie de COVID-19, car seuls les étudiants ayant un permis d’études valide pouvaient entrer au Canada. Après la levée des mesures frontalières, deux raisons principales ont conduit à une augmentation des permis d’études : les étudiants souhaitant poursuivre leurs études au Canada et la possibilité de travailler hors campus s’ils sont inscrits en tant qu’étudiants à temps plein dans un établissement d’enseignement désigné (EED).
  • L'un des défis auxquels est confronté le secteur canadien des études de langues est que les étudiants en langues qui viennent au Canada pour moins de 6 mois ne peuvent pas travailler pendant leurs études. Les politiques de l'IRCC ont permis aux étudiants en langues qui étudient au Canada pendant moins de 6 mois d'avoir accès à des permis d'études en raison des restrictions frontalières liées à la COVID-19, mais ces permis d'études ne sont pas accompagnés d'une autorisation de travail. L'autorisation de travail pour les titulaires de permis d'études est limitée aux étudiants qui suivent un programme d'études postsecondaires à temps plein qui leur permettra d'obtenir un diplôme. Les étudiants internationaux en langues n'ont pas accès à des autorisations de travail même s'ils ont un permis d'études, ayant ainsi un impact négatif sur le secteur.
  • Le cours le plus populaire reste l’anglais ou le français général. En 2021, ce type de cours représente un pourcentage encore plus important d’étudiants (69 %), contre 60 % en 2020. L’anglais ou le français à des fins académiques était le deuxième type de cours en importance (16 % des étudiants en langues), suivi par les programmes de cheminement menant à un grade, un diplôme ou un certificat dans une université ou un collège (12 %). Le segment français a accueilli 1 914 étudiants internationaux, ce qui représente 41 % des étudiants en langue française.
  • La durée des cours les plus populaires est restée relativement inchangée depuis 2019. La plupart des étudiants en langues (46 % en 2021 et 45 % en 2019) ont opté pour des programmes de 4 à 12 semaines. La deuxième durée de cours en importance était de 13 à 24 semaines, représentant 25 % des étudiants en 2021, contre 20 % en 2019.
  • L’Ontario est resté la première destination provinciale pour les étudiants en langues au Canada. Alors qu’en 2020, elle représentait plus de la moitié des étudiants, en 2021, elle a gagné des parts de marché au détriment des autres provinces. La deuxième destination en importance quant au nombre d’étudiants était la Colombie-Britannique (21 %), suivie du Québec (10 %). Les établissements situés au Québec ont enseigné à la grande majorité des étudiants en langue française (80 %), suivis du Nouveau-Brunswick (17 %).

Considérations actuelles et futures

Les établissements proposant des programmes linguistiques aux étudiants internationaux sont divers, et les expériences et les défis varient en conséquence.

Si les fermetures de frontières et les restrictions de voyage ont été les principaux défis à relever en 2020, les délais de traitement des visas et les difficultés rencontrées par les étudiants lors de la demande de visa constitueront un problème permanent. Les étudiants Canadiens devront également composer avec des sujets de préoccupation dans le futur. Ceux-ci comprennent :

  • l’inflation ;
  • les pénuries de personnel, comme les employés administratifs et les enseignants ;
  • le manque de logements pour les étudiants et, par conséquent, l’augmentation du prix des logements disponibles.

Recommandations des membres de Langues Canada (Rapport d’enquête de 2021 sur l’état du secteur de l’enseignement des langues au Canada)

  • Optimiser le traitement des visas pour refléter les conditions du marché.
  • Offrir des possibilités de développement commercial, comme des programmes de soutien à la technologie et des formations pour adapter leurs entreprises.
  • Fournir des ressources pour la santé mentale des étudiants.

Questions

  • Au-delà des effets de la pandémie, quelles sont les raisons de la diminution du nombre d’étudiants dans le secteur des langues depuis 2019 ?
  • Que peut-on faire pour améliorer la compétitivité du Canada dans le secteur ?
  • Quel a été l’effet de l’itération actuelle de la Stratégie en matière d’éducation internationale (SEI) (2019-2024) sur le secteur des langues ?
  • Comment la nouvelle SEI peut-elle mieux soutenir le secteur langagier ? Quelles idées que vous aimeriez-vous explorer dans la prochaine version de la SEI ?