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Approfondir les partenariats du Canada avec l’ANASE

Cette opinion a été publiée dans le Vancouver Sun en ligne le 11 octobre 2013.

Lorsque les Canadiens pensent aux relations prioritaires qu’entretient leur pays en Asie, ils pensent d’abord aux économies régionales dominantes, comme le Japon, l’Inde et la Chine. Ces pays sont incontestablement d’un grand intérêt pour nous, mais il ne faut pas ignorer pour autant les débouchés immenses qui existent en Asie du Sud-Est, ainsi que nos liens croissants avec cette région dynamique et extrêmement diversifiée. Mon atterrissage à Vientiane, au Laos, marquera non seulement le début de la première visite bilatérale d’un ministre canadien des Affaires étrangères dans ce pays, mais aussi la dernière d’une série de visites qui m’a mené dans chacun des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). Il y a là un aspect symbolique qui ne saurait passer inaperçu aux yeux de nos partenaires de l’ANASE. Il est essentiel que les Canadiens comprennent le rôle vital que joue cette région dans notre prospérité future et nos intérêts généraux.

Les dix pays qui forment l’ANASE (Brunéi, la Birmanie, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam) abritent collectivement une population de plus de 600 millions d’habitants. Les pays de l’ANASE sont en voie de former un marché intégré et une base de production unifiée d’ici 2015. Ces pays, considérés dans leur ensemble, deviendraient le septième partenaire commercial en importance du Canada. L’investissement étranger canadien connu dans cette région atteignait 6,7 milliards de dollars à la fin de 2012, surpassant nos investissements combinés en Chine et en Inde. De plus, notre commerce bilatéral a connu une croissance moyenne d’environ 5 p. 100 au cours des cinq dernières années, en dépit du ralentissement de l’économie mondiale de 2009. La vigueur de nos relations économiques a été mutuellement avantageuse et a contribué à sortir de la pauvreté de nombreux habitants des pays de l’ANASE, ainsi qu’à créer un nombre considérable d’emplois au Canada.

Nos intérêts économiques en Asie sont inextricablement liés aux questions de sécurité, de gouvernance, de droits de la personne et de développement. Il est dans l’intérêt direct du Canada de veiller à ce que cette région d’importance croissante poursuive l’intégration de son marché en tant que groupe, mais également à ce qu’elle approfondisse ses liens de façon plus générale avec l’économie mondiale. La prospérité de l’ANASE aura un effet d’entraînement sur celle du Canada. Ce dernier s’emploie donc à contribuer au renforcement des capacités institutionnelles des pays de l’ANASE à faire face aux problèmes liés à la sécurité et à se développer sur les plans de la santé et de l’économie, tout en contribuant à réduire leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles. De même, il appuie les politiques et processus de ces pays visant à consolider la démocratie et à approfondir leurs engagements à l’égard des droits de la personne.

Le Canada est un partenaire du dialogue de l’ANASE depuis 1977, mais récemment les deux parties ont pris des mesures pour donner à leurs relations une ampleur nouvelle. Le Canada a nommé son premier ambassadeur auprès de l’ANASE en 2009. Une année plus tard, il a signé le Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est, le traité de paix de l’ANASE. Les deux parties ont par ailleurs formalisé l’élargissement de leurs relations. La Déclaration conjointe sur le partenariat renforcé Canada-ANASE, de juillet 2009, est venue renforcer la coopération au chapitre des politiques, de la sécurité et des relations économiques, ainsi que sur le plan socioculturel. Cette coopération était également au cœur du Plan d’action ANASE-Canada, un plan détaillé et tourné vers l’avenir, adopté en 2010. L’année suivante, le Canada signait un cadre de coopération en matière de commerce et d’investissement. Le resserrement de nos relations ne tient pas du hasard.

L’Asie du Sud-Est est une région connaissant une croissance extraordinaire qui offre des débouchés exceptionnels, mais elle présente également des défis de taille. La mer de Chine méridionale, qui relie les membres de l’ANASE entre eux, est essentielle à la prospérité et à la sécurité présentes et futures de l’Association. En tant que seconde voie de transport maritime en importance à l’échelle mondiale, cette mer joue un rôle de premier plan dans l’économie du Canada et l’économie mondiale dans son ensemble. Il est préoccupant de constater que les revendications territoriales dans la mer de Chine méridionale se sont intensifiées au cours des dernières années. Ces disputes sont notamment liées à la grande richesse des fonds marins de la région, dont la propriété est contestée par plusieurs pays de l’ANASE, ainsi que par la Chine. Bien que ne prenant pas part à ces disputes territoriales, le Canada continue d’exercer des pressions pour demander que soit élaboré un code de conduite relatif à la mer de Chine méridionale auquel tous les pays de la région pourraient adhérer. Le soutien qu’apporte le Canada au renforcement des institutions de l’ANASE et son encouragement continu quant à l’unification de l’ANASE sont des facteurs importants qui aideront à maintenir la stabilité régionale et à prévenir les conflits.

J’ai indiqué auparavant que nos relations avec l’Asie revêtent une grande importance, peut-être plus grande que toutes nos autres relations, et qu’il en est de même pour ce qui est de la constance de notre engagement. C’est là un fait qui n’échappe pas au premier ministre Stephen Harper, d’où l’importance de sa visite en Malaisie cette semaine. Les visites que nous ont rendues les ministres des Affaires étrangères de l’Indonésie et de Singapour, ce dernier mois, reflètent de la même manière la grande considération qu’accordent les pays de l’ANASE au Canada.

Les Canadiens jouent eux aussi un rôle croissant. L’an dernier, le ministre du Commerce international Ed Fast a annoncé la création du Conseil des gens d’affaires Canada-ANASE, un conseil visant à renforcer les liens entre notre pays et cette région. Il s’agit d’une initiative menée par le secteur privé dans laquelle des partenariats sont établis avec des représentants des universités, de la société civile, des entreprises et des gouvernements.

L’Asie du Sud-Est compte pour le Canada, tout comme le Canada compte pour cette région. Nos dirigeants parlent souvent de la nécessité de diversifier nos marchés, ce qui est le cas dans nos engagements avec l’ANASE. Mais il faut aussi voir à diversifier nos intérêts politiques. Bien que nos relations économiques et sociales avec la Chine demeurent importantes pour notre gouvernement, il faut veiller à ce que nos relations avec l’ANASE le soient tout autant. Il y va de la sécurité et de la prospérité futures du Canada.

John Baird
Ministre des Affaires étrangères du Canada