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Partenariats productifs pour la transition : Note d’orientation sur l’innovation et l’efficacité

Objectif

Le présent document offre un aperçu de la manière dont le Canada fournit de l’aide internationale aux pays à revenu intermédiaire (PRI), les raisons pour lesquelles il le fait et la façon dont il établit son approche envers l’engagement pour les partenariats productifs pour la transition. La présente note d’orientation a été principalement conçue pour fournir des directives au personnel d’Affaires mondiales Canada sur la façon de renforcer de manière optimale l’efficacité de son engagement à fournir de l’aide internationale selon le contexte de chaque pays.

Introduction

En procédant au lancement de la Politique d’aide internationale féministe du Canada en 2017, le Canada a clairement énoncé la manière dont son aide internationale contribuera à éradiquer la pauvreté et à bâtir un monde plus serein, inclusif et prospère. La Politique décrit l’approche canadienne, « Où nous travaillons », à l’égard de l’engagement géographique. Cette nouvelle approche comprend quatre voies de partenariat réceptives, souples et adaptées au contexte :

  1. Des partenariats plus solides pour le développement durable – Le Canada fournit de l’aide au développement à plus long terme pour les pays à faible revenu qui permet de réduire la pauvreté et la vulnérabilité, et de créer les conditions nécessaires à une croissance plus inclusive.
  2. Des engagements plus efficaces dans les États fragiles et les pays en crise – Le Canada offre un soutien intégré qui aide les pays en développement qui traversent des situations de crise ou qui sont aux prises avec des défis humanitaires persistants.
  3. Des partenariats productifs pour la transition – Le Canada fournit une aide ciblée pour soutenir une gouvernance plus démocratique, inclusive et responsable ainsi que pour favoriser une croissance économique soutenue dans les pays à revenu intermédiaire (PRI) pour les aider à devenir des partenaires économiques à part entière et plus autonomes.
  4. Une aide ciblée et à plus courte courte durée – Le Canada préserve aussi sa capacité à fournir une aide ciblée et à plus courte durée.

Étant donné que les PRI constituent un regroupement de pays diversifiés, il faut donc employer différentes approches pour leur fournir de l’aide internationale et suivre les quatre voies de partenariat de l’approche « Où nous travaillons ».

En quoi consistent les PRI?

Selon la définition qu’en fait la Banque mondiale, les pays à revenu intermédiaire  sont des pays dont le revenu national brut par habitant se situe entre 1 006 $ et 12 235 $ (2018). Les PRI représentent environ 75 % de la population mondiale, un tiers du produit intérieur brut (PIB) et 62 % des pauvres du monde. On trouve les PRI dans chaque continent et toutes les régions. Certains PRI se trouvent dans des quartiers prospères dans lesquels les échanges commerciaux et des investissements interrégionaux offrent une base solide pour la croissance économique. Dans d’autres cas, les PRI sont confrontés aux contraintes économiques et sociales des flux de réfugiés et de l’instabilité régionale. Leurs systèmes de gouvernance reflètent tout un éventail de modèles politiques, de gouvernements autoritaires à démocratiques. Certains sont plus stables ou respectueux envers les droits et libertés de la personne que d’autres. Dans l’ensemble du spectre, la pauvreté existe tout comme divers degrés d’inégalité de genre et de discrimination et d’autres formes d’exclusion qui nuisent à la réussite.

Où vivent les 1,3 milliard de personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle?

Source : Oxford Poverty & Human Development Initiative (OPHI)

Deux tiers de toutes les personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle vivent dans des pays a revenu intermédiaire.

46% des personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle vivent dans des conditions d’extrême pauvreté, ce qui signifie qu’elles sont privées de l’accès à la moitié au moins des indicateurs pondérés relatifs à la santé, à l'éducation et au niveau de vie.

  • Amérique latine et Caraïbes (32 millions)
  • États arabes (66 millions)
  • Afrique subsaharienne (560 millions)
  • Europe et Asie centrale (4 millions)
  • Asie de l'Est et Pacifique (118 millions)
  • Asie du Sud (546 millions)

Les PRI en transition sont des pays à revenu intermédiaire dotés de systèmes de gouvernance relativement stables et d’institutions légitimes qui ont manifesté une volonté à maintenir les progrès en matière d’économie et de développement durable et à devenir des partenaires économiques à part entière et plus autonomes. Ils sont souvent confrontés à des défis lorsqu’ils s’attaquent à des enjeux liés à l’économie et à l’inégalité de genre, en plus des divisions de longue date profondément enracinées dans des différences ethniques, religieuses ou des préjugés raciaux. Ils sont vulnérables aux perturbations externes, comme les répercussions liées à la COVID-19, la migration forcée, les catastrophes naturelles et les changements climatiques. Les PRI en transition dépendent souvent moins de l’aide internationale et cherchent à accroître des relations diplomatiques en matière de commerce et d’investissement.

L’engagement actuel du Canada envers les pays à revenu intermédiaire (PRI)

Le Canada appuie les PRI par l’entremise de toute une gamme de partenariats et de programmes selon le contexte local et sa relation historique avec le pays. En général, dans ces circonstances, l’engagement vise à favoriser une approche cohérente à ses efforts diplomatiques en matière de commerce et de développement auprès des pays partenaires.

En fournissant de l’aide internationale aux PRI, le Canada s’assure que sa politique étrangère féministe et sa Politique d’aide internationale féministe soient cohérentes. L’engagement du Canada envers certains PRI vise à répondre aux défis de développement durable à long terme dans des pays où une grande partie de la population reste pauvre et marginalisée. Le Canada a aussi conclu des partenariats fructueux avec des PRI fragiles et touchés par des conflits comprenant, dans le cadre d’une approche intégrée, du soutien à l’égard des initiatives relatives à l’aide humanitaire, au développement, à la paix et à la sécurité. Dans certaines circonstances, le Canada a fourni de l’aide technique à plus court terme et ciblée à tout un éventail de PRI et de régions. Dans toutes ces situations, le Canada fournit de l’aide internationale par l’entremise d’une variété de canaux, y compris le financement bilatéral, les organismes multilatéraux, comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et des organismes régionaux, et à l’aide de tout un éventail de partenaires canadiens.

Des partenariats plus solides pour le développement durable

Exemple, Kenya :

Bien que le Kenya soit un PRI et qu’il possède l’économie la plus prospère et la plus développée de l’Afrique orientale et centrale, le taux de pauvreté de sa population demeure à environ 36 %.

L’aide internationale du Canada s’harmonise très bien avec la stratégie globale de Vision 2030 du Kenya, et ce soutien vient en aide à sa population en :

L’aide qu’apporte le Canada au Kenya comprend aussi de l’aide humanitaire, des programmes régionaux et des initiatives de la société civile canadienne.

Des engagements plus efficaces dans les États fragiles et les pays en crise

Exemple, le Moyen-Orient :

Bien que des PRI affichant des revenus moyens par habitant relativement élevés et connaissant une forte croissance économique, comme le Liban, la Jordanie et l’Irak soit  la pauvreté au Moyen-Orient est caractérisée par une inégalité persistante.

Au cours de cinq ans, soit entre 2016 et 2021, le Canada investit plus de 3,5 milliards de dollars pour répondre aux répercussions des crises ayant lieu en Irak et en Syrie (un pays à faible revenu), et au Liban, en Jordanie et dans la région avoisinante. L’approche régionale intégrée du Canada vise à :

Une aide ciblée et à plus courte courte durée

Exemple, Thaïlande :

Le Canada a été un partenaire actif pour aider à favoriser le développement économique, social et démocratique de la Thaïlande depuis l’établissement de leurs relations bilatérales en 1961. En 2002, le Canada, en partenariat avec le gouvernement de la Thaïlande, s’est éloigné d’un partenariat fondé sur l’aide pour en créer un davantage axé sur une coopération accrue.

Cette évolution à l’échelle du Ministère a fait en sorte que le gouvernement de la Thaïlande doive cofinancer des projets auprès d’organisations locales de la société civile (OSC) et travailler par l’entremise d’institutions régionales sur la sécurité, la gouvernance, l’intégration économique et l’environnement.

Aujourd’hui le Canada continue de promouvoir les droits de la personne et une gouvernance inclusive, notamment par l’entremise du Fonds canadien d’initiatives locales. L’ambassade en Thaïlande travaille également pour faire avancer les priorités en matière de politiques étrangères mondiales et régionales du Canada.

Bien qu’au départ la relation qui unissait la Thaïlande et le Canada était fondée sur l’aide internationale canadienne, ces deux pays entretiennent désormais des liens dynamiques et coopératifs, à la fois dans leurs relations bilatérales et multilatérales, qui continuent de s’élargir. La Thaïlande, par l’entremise de la relation en matière de politique et de commerce du Canada avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), peut actuellement recevoir de l’aide technique par le Mécanisme de déploiement d’experts pour le commerce et le développement (MDE). Parmi les pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), la Thaïlande est le deuxième partenaire commercial en importance du Canada.

La nécessité d’agir : Pourquoi le Canada investit-il dans l’aide internationale aux PRI en transition?

Par l’entremise de la voie « Des partenariats productifs pour la transition », le Canada adapte son approche aux besoins et aux occasions des PRI en transition. Cette voie permet de souligner les relations poussées que le Canada entretient avec ces pays et la diversité de leurs besoins en évolution.

Grâce à un revenu par habitant plus élevé, à des progrès importants réalisés dans le développement social et économique ainsi qu’à un plus grand potentiel en matière de relations dans le secteur privé, les pays en transition sont plus aptes à assurer d’effectuer leur propre progrès en matière de développement continu sans avoir recours à de l’aide internationale. Les PRI en transition sont souvent enclins à recevoir du soutien des donateurs sous forme d’aide technique, de financement innovant ainsi que d’investissement direct étranger et commercial.

Lorsqu’un partenariat en transition est conclu, cela ne signifie pas nécessairement que l'aide internationale fournie dans certains pay s’arrête immédiatement. Le Canada a établi, et continuera d’établir, des partenariats fructueux avec les PRI en transition de façon à s’attaquer aux défis clés en matière de développement liés aux priorités nationales des Objectifs de développement durable (ODD).

Soutenir les progrès

L’une des raisons importantes sous-tendant la mobilisation des PRI en transition consiste à s’assurer que les gains en matière de développement à long terme obtenus jusqu’à maintenant grâce à l’aide du Canada sont protégés. Conscient des défis que les PRI en transition doivent confronter, le Canada est en mesure de les soutenir pour éviter qu’ils ne tombent dans le prétendu piège du revenu intermédiaire et pour renforcer les efforts locaux déployés pour atteindre les ODD.

Le piège du revenu intermédiaire

Lorsque des pays font de grands progrès pour réduire la pauvreté extrême, ils découvrent ensuite qu’il s’avère difficile d’effectuer la transition d’un pays à revenu intermédiaire à un pays à revenu élevé.

Il est particulièrement important de déployer des efforts pour soutenir l’égalité de genre, une gouvernance inclusive et une croissance qui fonctionnent pour tout le monde puisque les pays à revenu intermédiaire sont enclins à tomber dans le piège du revenu intermédiaire étant donné qu’un déclin du flux d’aide publique au développement (APD) contribue à la réduction de l’investissement public. Au fur et à mesure qu’augmente le coût du financement relatif au développement, les PRI en transition peuvent éprouver des difficultés à maintenir la marge de manœuvre budgétaire requise pour protéger la prestation de services sociaux essentiels. La corruption présente dans ces contextes peut aussi miner les conditions de mobilisation du secteur privé du pays et réduire les avantages en matière de commerce et de développement pour les plus pauvres.

L’engagement du Canada envers les PRI en transition a aussi le potentiel de bâtir et d’approfondir les relations bilatérales et les alliances établies dans des pays où le Canada a souvent des intérêts en matière de commerce, de sécurité, de politique et d’aide internationale de longue date. Tenant compte de la compétition géostratégique connexe aux modèles de développement et de gouvernance qui ne cesse d’augmenter dans le monde, lorsqu’il est temps d’élaborer  des objectifs stratégiques portant sur l’aide internationale que fournit le Canada aux PRI en transition, il est essentiel de prendre dûment en considération les priorités actuelles et futures en matière de politique étrangère et de commerce du Canada.

Pour compléter les priorités, les objectifs et les engagements thématiques de la Politique d’aide internationale féministe du Canada, les priorités locales des ODD doivent permettre d’orienter les programmes d’aide internationale, les activités commerciales ainsi que l’engagement politique et diplomatique. Bien que bon nombre de PRI en transition sont fortement susceptibles de devenir des partenaires commerciaux et d’investissement du Canada, il est important de se rappeler qu’il se pourrait que ces pays ne parviennent pas à réaliser de progrès sur le plan du développement ou que ces progrès ne soient pas constants. 

L’égalité de genre

L’inégalité de genre est omniprésente dans de nombreux PRI en transition et touche beaucoup d’enjeux, notamment, à ce qui a trait à l’éducation, à l’emploi et aux salaires, à la participation et à la représentation sociale, culturelle et politique ainsi qu’à la violence sexuelle et fondée sur le genre. L’inégalité de genre est entrecroisée d’autres dimensions de l’exclusion, dont la discrimination fondée sur l’ascendance, l’ethnie, la religion, la croyance, les compétences, le statut social, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, en plus d’aggraver ces dimensions.

Il est nécessaire d’offrir des occasions pour faire des gains en matière de développement à long terme en expliquant qu’il a été prouvé que l’égalité de genre est essentielle pour assurer la prospérité économique et qu’elle doit impérativement être atteinte au nom de la justice sociale. Comme dans le contexte d’autres pays, le Canada est en bonne position pour aider à renforcer la capacité des intervenants et leurs obligations en faire progresser l’inclusion, la diversité et une approche intersectionnelle à l’égalité de genre et à l’autonomisation des femmes et des enfants.

La gouvernance inclusive

De nombreux PRI en transition se heurtent à des défis communs au fur et à mesure qu’ils souhaitent devenir économiquement plus autonomes. La corruption endémique de certains pays peut miner les conditions de mobilisation du secteur privé et réduire les avantages du commerce et du développement pour les plus pauvres. Des institutions publiques responsables, inclusives et efficaces ainsi qu’un environnement favorable pour le secteur privé et la société civile permettent d’aider à créer les conditions requises pour assurer un développement durable.

L’établissement de partenariats avec des pays en transition permet d’offrir au Canada une occasion de partager des expériences pour résoudre des problèmes fondamentaux en matière d’exclusion. Le Canada a fait en sorte que la promotion de l’inclusion ainsi que du respect de la diversité devienne une priorité politique. Les approches de l’après-guerre du Canada en matière d’inclusion, de pluralisme et de diversité ont mené à des innovations politiques sociales, comme le bilinguisme, le multiculturalisme et l’antiracisme officiels ainsi qu’un engagement envers la vérité et la réconciliation avec les peuples autochtones. Bien que l’histoire du Canada ne soit pas très glorieuse en termes d’inclusion, cet engagement est aussi très respecté à l’échelle internationale.

L’aide du Canada fourni aux PRI en transition peut permettre de bâtir une capacité réglementaire et politique plus solide, d’améliorer l’accès à la justice, de promouvoir l’égalité de genre, d’inclure l’autonomisation économique et politique des femmes et d’offrir des services publics plus efficaces qui sont inclusifs et qui tiennent compte du genre.

Une croissance qui fonctionne pour tous et un commerce inclusif

Les pays à revenu intermédiaire en transition éprouvent souvent de la difficulté à créer les conditions politiques et sociales nécessaires afin de procéder à une distribution juste des avantages et des occasions de croissance économique. L’aide internationale canadienne peut être déployée efficacement pour aider à bâtir des économies locales et stimuler le secteur privé local, y compris en soutenant les aptitudes au développement des affaires des femmes et d’autres entrepreneurs sous-représentés. Les approches novatrices portant sur le développement et le commerce inclusifs peuvent comprendre des partenariats commerciaux qui permettent d’habiliter les pauvres, particulièrement les femmes et les Autochtones.

Puisque le Canada est une nation commerçante, sa puissance économique dépend de la diversification des échanges commerciaux et de l’accès aux biens et services de nouveaux marchés. Les PRI en transition offrent des occasions potentielles de former de nouveaux accords commerciaux inclusifs et mutuellement avantageux. Dans le cadre de sa Stratégie de diversification des exportations, l’approche commerciale inclusive du Canada vise à s’assurer que les avantages et les occasions découlant des échanges sont partagés à plus grande échelle, y compris avec les groupes sous-représentés comme les femmes et les Autochtones. La diversification commerciale permettra aussi de contribuer à améliorer la résilience économique du Canada lors de périodes d’incertitudes économiques.

Il s’avère particulièrement très stratégique pour le Canada d’améliorer l’intégration de ses objectifs en matière de développement et de commerce pour créer des retombées économiques positives pour les pays en développement et pour le Canada. En aidant les PRI en transition à multiplier des occasions commerciales à l’échelle internationale, le Canada peut ouvrir la voie à d’autres occasions d’exportations pour divers groupes canadiens et d’aider à promouvoir et à renforcer un système commercial international ouvert, juste et inclusif.

Les programmes internationaux en matière d’éducation des PRI en transition constituent un autre exemple clair des résultats mutuellement avantageux qui peuvent en découler et qui dépassent la relation d’aide. Un autre exemple est celui du Programme canadien de l’innovation à l’international qui vise à travailler avec les PRI en transition pour favoriser et soutenir la recherche industrielle collaborative et des projets à haut potentiel en matière de commercialisation entre le Canada et des pays partenaires. Tandis que les économies des PRI en transition se renforcent et qu’elles se stabilisent, le Canada a l’occasion d’améliorer ou de former de nouveaux partenariats mutuellement avantageux sur le plan de l’éducation, l’innovation, l’investissement et du commerce.

Sûreté et sécurité

Dans un monde interdépendant, les intérêts du Canada préconisent la stabilité démocratique et la prospérité économique des PRI. L’une des priorités fondamentales du Canada en matière de politique étrangère est d’assurer la sécurité du pays et de sa population dans un monde où les relations internationales sont de plus en plus instables. Alors que les institutions, les alliances et les pratiques établies sont mises au défi par un déséquilibre au niveau des pouvoirs, des nouvelles puissances sociales, économiques et technologiques ainsi que de la compétition idéologique, le développement durable de nombreux pays à revenu intermédiaire est menacé. À l’heure actuelle, dans toutes les régions du monde, les progrès réalisés par les PRI sont menacés et les gains en matière de développement sont minés par la xénophobie, le populisme, l’isolationnisme, des discours haineux, des incitations à la violence, des conflits, les changements climatiques et la cyberinsécurité. Tous ces éléments ont le potentiel d’affecter la prospérité et la sécurité du Canada. Le Canada reconnait qu’il doit adapter ses outils et ses approches, y compris en forgeant de nouveaux partenariats et en renforçant les alliances existantes avec différents intervenants pour prospérer dans le contexte mondial actuel.

En raison des répercussions économiques de la pandémie de COVID-19, de véritables risques pourraient faire en sorte que de nombreux PRI retrouvent leur statut de pays à faible revenu et connaissent une augmentation du taux de pauvreté. Le Canada a un intérêt à l’égard de la réussite de ses partenaires. Le fait de continuer à fournir de l’aide internationale constitue l’un des éléments lui permettant de maintenir de solides partenariats de soutien avec les PRI en transition. L’expérience du Canada en matière de prestation et d’adaptation de mesures et de programmes de protection sociaux, inclusifs et universels peut s’avérer être la pierre angulaire pour renforcer la résilience.

Approche du Canada à l’égard des partenariats productifs pour la transition

Le Canada mobilise les PRI en transition au moyen de divers outils de politique étrangère, notamment les efforts diplomatiques, la promotion du commerce et les accords commerciaux, la coopération en matière de sécurité et son aide internationale. Comme les niveaux d’aide bilatérale aux PRI en transition diminuent tôt ou tard (idéalement selon des échéanciers bien définis, par étapes et adaptables), il est possible de nous concentrer davantage collectivement à soutenir une plus grande autonomie locale par de nouvelles approches novatrices et des partenariats. On ne saurait trop souligner l’importance d’une approche structurée à l’égard de cette transition, guidée par des principes, des éléments de preuve et des objectifs.

Il est également important de tenir compte de la façon dont l’aide dans les PRI en transition est fournie. Le soutien technique du Canada dont l’objet est d’améliorer les règlements et d’élaborer les politiques appropriées, ainsi que de renforcer la gouvernance inclusive peut avoir une vaste incidence. Il peut, entre autres, freiner la pollution, accroître l’assiette fiscale, réduire les conflits liés aux ressources, appuyer une plus grande intégration dans l’économie mondiale, faciliter la prestation de services vitaux tels que l’eau et l’électricité, et améliorer l’application de la loi et l’accès à la justice. L’aide canadienne aux organisations locales de la société civile, aux petites et moyennes entreprises (PME) locales et aux autres intervenants locaux, qui vise à orienter les avantages de la croissance économique vers les plus pauvres et les plus marginalisés de la société, est un complément à l’aide technique de gouvernement à gouvernement. 

Les PRI en transition peuvent être plus ouverts à l’application d’approches novatrices à la prestation de services avec leurs propres ressources et en avoir la capacité. L’expérience du Canada montre que son aide internationale peut donner d’importants résultats dans les PRI en transition à l’aide d’investissements assez modestes. L’aide internationale du Canada peut catalyser l’investissement privé et soutenir les institutions nécessaires au bon fonctionnement des marchés. Cela peut comprendre des initiatives qui renforcent les cadres stratégiques et réglementaires, et qui appuient des approches financières mixtes. Dans certains cas, le soutien catalytique peut élargir la portée d’innovations locales ou mener à des initiatives novatrices dans l’intérêt mutuel, par exemple, tirer parti des investissements canadiens dans les fonds de pension pour répondre aux besoins des plus pauvres et des plus marginalisés.

Grands Défis Canada : Avec le financement d’Affaires mondiales Canada, Grands Défis Canada : (GDC) a investi 1,1 M$ dans MomConnect, une plateforme de soins de santé mobile conçue conjointement par la fondation Praekelt, un organisme sans but lucratif sud-africain, et le ministère national de la Santé de l’Afrique du Sud. Une somme supplémentaire de 4,5 M$ provenant de sources tierces y a également été investie. MomConnect utilise les technologies mobiles pour fournir des renseignements en matière de santé aux femmes enceintes et aux nouvelles mères par messagerie texte et WhatsApp. Par ailleurs, la plateforme permet aux femmes de poser des questions et établit une boucle de rétroaction afin d’améliorer les services de soins de santé. MomConnect est utilisée dans 95 % des établissements de soins de santé en Afrique du Sud, et plus de 2,7 millions de mères s’y sont inscrites. Le succès de MomConnect en Afrique du Sud a donné naissance à des programmes similaires au Nigeria et en Ouganda.

© Cuso International

Écosystème des investissements à impact social en Colombie : Le gouvernement du Canada adopte pour l’application de ses programmes politiques, commerciaux et en matière de développement, de paix et de sécurité une approche pangouvernementale à l’égard des relations bilatérales avec la Colombie.

En élaborant la vision et la stratégie générales pour le programme de la Colombie, le Canada s’est donné pour cible l’année 2030 pour transformer son rôle de donateur à celui de partenaire productif. L’engagement du Canada en Colombie catalyse les investissements durables et inclusifs et renforce la capacité nécessaire à la lutte contre les inégalités et la pauvreté.

En combinant l’aide internationale, dont les sommes sont assez petites, à son pouvoir rassembleur, le Canada investit dans le renforcement de l’écosystème des investissements à impact social en Colombie. Cet engagement pourrait permettre de débloquer des millions de dollars en capitaux du secteur privé pour soutenir la transition de la Colombie, en plus de laisser un héritage important reposant sur l’expérience du Canada représentée dans le travail de MaRS SVX dans le District de la découverte de Toronto, par exemple.

© SURGe Project

Gouvernance inclusive en Ukraine : Dans les PRI en transition, les défis en matière de développement découlent souvent de la capacité insuffisante du gouvernement de gérer les ressources disponibles de façon équitable, efficace et efficiente. En même temps, les organisations locales de la société civile n’ont souvent pas la capacité et les ressources suffisantes pour tenir leurs gouvernements responsables.

De ce fait, le Canada aide le gouvernement de l’Ukraine à exécuter des réformes en matière de gouvernance et d’économie qui répondent mieux aux besoins de ses citoyens, par l’intermédiaire du projet quinquennal de soutien aux réformes de la gouvernance en Ukraine. Les experts locaux appuient et renforcent la capacité du gouvernement à planifier et à analyser, y compris appliquer l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), afin de concevoir et de mettre en œuvre des programmes de réforme inclusifs.

Par exemple, le projet a contribué à réformer les 15 principaux services administratifs de l’Ukraine en utilisant l’approche axée sur les citoyens du Canada afin d’améliorer la prestation des services. Il a permis d’améliorer le modèle de prestation des soins de santé par la création et la mise en œuvre d’un système informatique de santé en ligne exhaustif, qui est plus transparent et efficace.

Les voies de l’innovation et de l'efficacité

Qu'est-ce qu’un partenariat productif pour la transition? Les principes d'efficacité du développement reconnus à l’échelle internationale orientent l’approche du Canada à l'égard de toutes ses voies de partenariats, y compris les partenariats productifs pour la transition. Ces principes comprennent la prise en main des projets par les pays bénéficiaires, l’orientation vers les résultats, les partenariats inclusifs, ainsi que la transparence et la responsabilisation mutuelle.

Parmi les principes d’efficacité propres aux partenariats productifs pour la transition, mentionnons les suivants :

Faisant fond sur les principes énoncés ci-dessus, et conformément à l’approche féministe du Canada, les six voies suivantes vers l’innovation et l'efficacité fournissent une orientation fondée sur l’expérience et les pratiques exemplaires mondiales actuelles en ce qui touche l’aide internationale aux PRI en transition.

1) À la recherche de la réussite

Le Canada s’est engagé à examiner régulièrement les indicateurs de réussite et à analyser

l’engagement et la capacité des gouvernements partenaires. Parmi les indices importants, mentionnons

l’indice de la pauvreté multidimensionnelle et l’indice d’inégalité de genre. Les questions suivantes peuvent aider à orienter les programmes en déterminant comment les programmes des PRI en transition devaient évoluer :

2) Planifier la transition vers la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) ciblés au moyen d’une approche féministe

© SVX Mexico

Dans les PRI en transition, le fait de cibler l’aide internationale pour appuyer des ODD précis peut être un facteur particulièrement important du renforcement des relations bilatérales. Il est important de protéger les gains en matière de développement. Les programmes de transition exigent une collaboration étroite avec les gouvernements partenaires (p. ex., les représentants du ministère des Finances, les ministères responsables) et d'autres intervenants, tout en élargissant les partenariats avec les intervenants non traditionnels. Le Canada s'est engagé à adopter une approche à l’échelle d’Affaires globales Canada et avec d’autres ministères, suivant les besoins. Au moment de planifier les programmes à exécuter dans un pays en transition, le Canada fera ce qui suit :

  • Employer invariablement une approche féministe intersectionnelle axée sur la participation et l’autonomisation des intervenants touchés par la transition, et qui tient compte de toute la diversité des femmes et des filles et des autres personnes qui connaissent l'exclusion, la discrimination et la marginalisation. Cette approche comprend l’analyse de l’égalité des sexes et des droits de la personne en vue de cerner et d’aborder les causes sous-jacentes de toutes les formes de discrimination et d’inégalité. 
  • Établir des buts clairs en vue de cibler des ODD clés avec le gouvernement du pays au moyen d’une approche de transition pluriannuelle à l'échelle du Ministère. D'autres ministères devraient également être mis à contribution, au besoin. Le but général consiste à établir un consensus quant aux intérêts et aux objectifs.
  • Imaginer une vision de la réussite et la présenter aux partenaires au moyen d’une analyse intersectionnelle et en tenant compte de l’avantage comparatif du Canada. En particulier, concentrer l’aide internationale là où le Canada a déjà établi des relations solides et contribué à l’établissement de cadres stratégiques ou réglementaires efficaces, et là où il a des intérêts commerciaux.
  • Harmoniser les plans avec les champs d’action de la Politique d’aide internationale féministe qui tiennent le mieux compte des priorités relatives aux ODD du pays.
  • Envisager de confier des projets ou des programmes à d’autres partenaires de développement ou au système multilatéral, s’il y a lieu et en étroite collaboration avec le gouvernement du pays, tout en évitant les « comportements moutonniers » où de nombreux bailleurs de fonds quittent une région en même temps.
  • Renforcer la promotion de la politique et les efforts de mobilisation, en facilitant le dialogue avec divers groupes de populations touchées, en particulier les femmes et les filles et les personnes les plus marginalisées.

3) Mobiliser au moyen d’un ensemble d’instruments élargis et d’approches novatrices

Les PRI en transition offrent au Canada des occasions d’investir dans des programmes novateurs assez peu coûteux, avec la possibilité d’accroître l’incidence sur la réduction de la pauvreté et la mise en œuvre des ODD. Voici diverses possibilités offertes pour les programmes des pays :

4) Écouter, investir dans les mesures coordonnées entre les intervenants et soutenir ces mesures

Le Canada est résolu à coordonner les décisions et les mesures. Avant que le Canada ne cherche à changer d’orientation dans un pays partenaire, il fera de la transition un processus participatif. Les efforts seront guidés par les questions suivantes :

5) Communiquer les plans

Le Canada est résolu à communiquer clairement et à reconnaître l’évolution des programmes dans les pays en transition. Souvent exposés aux chocs externes sans disposer d’apports d’aide publique au développement (APD) réguliers et constants, de nombreux pays en transition ont besoin d’un soutien souple et adapté. Le Canada est souvent perçu comme un partenaire fiable. La communication régulière avec les partenaires gouvernementaux aide à assurer la réussite d’un partenariat à long terme.

En communiquant, le Canada : 

Le Canada est également résolu à communiquer avec les Canadiens au sujet de notre travail dans les PRI afin d’accroître la sensibilisation à l’ampleur et à la portée de la coopération internationale du pays, ainsi que de mettre en valeur les programmes novateurs. Ces efforts de communication seront harmonisés avec l’approche de communication générale « Où nous travaillons ».

6) Atténuer les risques du piège du revenu intermédiaire

Le Canada est résolu à dresser régulièrement un bilan afin de prévoir et d'atténuer les risques en matière de développement associés au piège du revenu intermédiaire. D’après certains exemples où les PRI en transition ont été confrontés aux défis du piège du revenu intermédiaire, les initiatives de politique et de programmes suivantes peuvent contribuer à garantir des investissements et des résultats futurs :

Mise en œuvre et surveillance

Affaires mondiales Canada met à la disposition du personnel et des partenaires des outils d’orientation pratiques en matière de mise en œuvre, de surveillance et d’évaluation centrés sur la gestion axée sur les résultats. Le Ministère, dans l’ensemble de l’organisation et en collaboration avec les professionnels des affaires étrangères et du commerce, suivra, mesurera et communiquera systématiquement les résultats de la prestation de l’aide internationale aux PRI en transition.

Conclusion

À l’aide d’efforts interministériels coordonnés, Affaires mondiales Canada cherchera à créer des partenariats productifs pour la transition des PRI, afin d’aborder les défis complexes que pose l’établissement de fondements institutionnels, sociaux et économiques pour le développement inclusif et durable. Le fondement de notre Politique d’aide internationale féministe consiste à relever les défis et à surmonter les barrières à la réalisation des ODD pour les plus pauvres et les plus marginalisés. La mobilisation dans les PRI en transition est une façon clé pour le Canada de s’assurer que nous ne laissons personne de côté et rejoignons tous les gens marginalisés, de même que ceux qui vivent dans la pauvreté et se trouvent dans une situation de vulnérabilité, peu importe où ils se trouvent. Affaires mondiales Canada continuera d’encourager ses partenaires à chercher des solutions inclusives et novatrices afin de bâtir un monde plus pacifique, juste, inclusif et prospère.

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